Bipolarité : un diagnostic trop tardif

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    Bipolarité : un diagnostic trop tardif
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Destination Santé

Le diagnostic de la bipolarité peut prendre 5, 10, 15 ans voire plus entre les premiers symptômes et la confirmation de cette maladie chronique psychiatrique. Faisons le point à l’occasion de la journée mondiale dédiée organisée ce 30 mars.

Dans le domaine de la santé mentale, le repérage de points de vulnérabilités peut prendre du temps. C’est le cas de la bipolarité. Ainsi, selon un sondage* mené par l’Association Bipolarité France**, la moitié des patients a attendu entre 2 et 5 ans pour connaître le nom de sa maladie, 18% ont patienté pendant 5 à 10 ans entre la survenue de leurs premiers symptômes et le diagnostic de bipolarité. Pour 11%, l’errance diagnostique a duré 10 à 15 ans, et plus de 15 ans pour 20% des répondants.

Une réalité mise en lumière ce 30 mars, marqué par la journée mondiale des troubles bipolaires. Et un sujet de santé publique étant donné les conséquences de ce retard de diagnostic et donc de traitement sur la vie des patients : 69% des répondants déclarent un impact sur leur santé mentale, 61% rapportent des pensées suicidaire…

Entre 15 et 25 ans

Cette pathologie survient en très grande majorité entre 15 et 25 ans. Dans le détail, toujours selon les réponses des participants au sondage, "19 % évoquent une apparition des premiers symptômes avant 15 ans, 32 % entre 15 et 20 ans, et 17 % entre 21 et 25 ans". Et comment s’exprime cette maladie psychiatrique chronique ? Le symptôme maître : des troubles récurrents de l’humeur. Puis, dans le temps, les patients "alternent avec des épisodes maniaques, hypomaniaques, dépressifs ou mixtes".

Génétique, psychologie, environnement

La bipolarité peut trouver son origine dans "des facteurs génétiques, biologiques, psychologiques et socio-environnementaux", souligne Bipolarité France. La prédisposition héréditaire compte pour beaucoup : "le risque de développer un trouble bipolaire est 10 fois supérieur à celui de la population générale lorsqu’un parent du premier degré est atteint."

Prendre en compte les changements de l’humeur

En creusant un peu plus le vécu des patients, ce trouble peut survenir à la suite d’un traumatisme. C’est le cas pour 39% des patients. "D’autres répondants évoquent l’arrivée d’un enfant (9 %), de mauvaises conditions de travail (19 %), une période d’examen (13 %), un départ du domicile familial pour les études (11 %), ou même encore un déménagement (10 %)."

Sans compter que l’intensité d’un traumatisme n’a pas forcément de valeur, et relève beaucoup du subjectif. "Un événement qui peut sembler au premier abord assez "classique" dans une vie, peut en réalité provoquer des conséquences dramatiques et être potentiellement déclencheur d’un trouble mental, ici le trouble bipolaire", confirme Bipolarité France. Pour cette raison, les changements de vie ne sont pas "à prendre à la légère (…) Le moindre dérèglement de l’humeur doit alerter et être pris en charge".

Des recommandations pour repérer plus tôt

Pour repérer plus précocement cette maladie psychiatrique, Bipolarité France propose 10 recommandations. Entre autres :

• "Sensibiliser le grand public au trouble bipolaire" ;

• "Soutenir l’innovation au service des patients" ;

• "Augmenter le nombre d’heures de formation dédiées à la santé mentale et au diagnostic des pathologies mentales dans le cadre des formations initiale et continue obligatoires des professionnels de santé" : à ce jour, il n’existe pas d’outil d’évaluation pour poser objectivement le diagnostic de la bipolarité. Ce dernier repose exclusivement sur un examen clinique psychiatrique ;

"Sensibiliser les médecins généralistes aux enjeux de la symptomatologie du trouble bipolaire difficile à différencier de la dépression, ainsi qu’à l’enjeu du diagnostic précoce pour la santé mentale et physique de leurs patients." La bipolarité reste en effet largement confondue avec la dépression, parce que la majorité des patients consultent en phase dépressive, sans même qu’il n’y ait d’accès maniaque spécifique à ce stade de la maladie. Elle peut aussi être confondue avec la schizophrénie, la consommation de substances psychoactives et addictives qui peuvent générer un état dépressif (alcool, cannabis, drogues dures…) ou les variations de l’humeur très facilement associées à la période de l’adolescence.

* Enquête menée en ligne du 20 décembre 2022 au 19 février 2023 sur le site de l’association Bipolarité France. 1204 personnes diagnostiquées pour un trouble bipolaire ont répondu aux 20 questions.
**en partenariat avec l’Unafam, Fondation Pierre Deniker et Bipolar UK

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