Une éducation parentale trop stricte pourrait nuire à la santé mentale des enfants

  • Les enfants soumis à une discipline dite "hostile" auraient davantage de risques de développer des troubles de la santé mentale.
    Les enfants soumis à une discipline dite "hostile" auraient davantage de risques de développer des troubles de la santé mentale. skynesher / Getty Images
Publié le
ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - Les enfants soumis à une discipline sévère dès leur plus jeune âge présenteraient un risque plus élevé de développer des troubles mentaux, et ce sur long terme. C'est ce que révèle une nouvelle étude britannique, qui convie professionnels de santé et enseignants à se montrer attentifs à l'influence de l'éducation parentale sur un enfant présentant des signes de mauvaise santé mentale.

Le parent parfait n'existe pas, mais il y a aujourd'hui débat sur les différents styles d'éducation soumis aux enfants, entre autoritarisme parental, centré sur les besoins du ou des parents, et éducation dite positive, au contraire adaptée aux besoins de l'enfant. Deux styles aux antipodes, entre lesquels s'immisce une éducation à mi-chemin entre autorité et bienveillance. Une équipe de chercheurs de l'université de Cambridge et de l'University College Dublin a souhaité se pencher sur les conséquences d'une discipline stricte, voire particulièrement sévère, sur la santé mentale des enfants, et ce dès le plus jeune âge.

Menés auprès de 7.507 enfants irlandais issus de l'étude longitudinale 'Growing up in Ireland', ces travaux ont recoupé deux types de données : celles relatives à la santé mentale des enfants à l'âge de 3, 5 et 9 ans, et celles concernant le style d'éducation parentale donnée aux enfants à l'âge de 3 ans : parentalité chaleureuse, parentalité cohérente, ou parentalité dite hostile. D'après les chercheurs, ce dernier style d'éducation "implique un traitement et une discipline sévères et fréquents, qui peuvent être physiques ou psychologiques". A titre d'exemple, dans ce cas, les enfants peuvent être soumis à des cris fréquents, des châtiments physiques réguliers, un isolement en cas de mauvais comportement, voire à une atteinte à leur estime de soi.

Un risque multiplié par 1,5

Publiés dans la revue Epidemiology and Psychiatric Sciences, les résultats établissent un lien entre discipline sévère ou hostile et troubles de la santé mentale sur long terme. Il en ressort plus exactement que les enfants soumis à ce type d'éducation à l'âge de 3 ans avaient 1,5 fois plus de risques de développer des symptômes de santé mentale que les chercheurs qualifient "à haut risque" à l'âge de 9 ans. Les scientifiques précisent avoir étudié deux types de symptômes : intériorisés, qui peuvent se traduire par des troubles de l'anxiété ou un isolement social, et extériorisés, qui peuvent prendre la forme d'un comportement agressif ou d'une hyperactivité.

"Nos résultats soulignent l'importance de faire tout ce qui est possible pour s'assurer que les parents sont soutenus pour donner à leurs enfants une éducation chaleureuse et positive, en particulier si d'autres circonstances exposent ces enfants à un risque de mauvais résultats en matière de santé mentale. Eviter un climat émotionnel hostile à la maison n'empêchera pas nécessairement l'apparition de problèmes de santé mentale, mais cela y contribuera probablement", explique Jennifer Symonds, professeure associée à l'University College Dublin, et co-auteure de l'étude.

Chaleureuse mais pas sans limites

Face à ce constat, les chercheurs estiment qu'il est important que les professionnels de santé et les enseignants veillent à l'influence de l'éducation parentale sur un enfant qui pourrait présenter des troubles de la santé mentale, tout comme il pourrait être nécessaire que les parents soient soutenus dans ce cas de figure précis. Toutefois, les scientifiques n'entendent pas remettre en cause une éducation fixant des règles et limites aux enfants. "Nous ne suggérons pas un instant que les parents ne doivent pas fixer des limites strictes au comportement de leurs enfants, mais il est difficile de justifier une discipline sévère fréquente, compte tenu des implications pour la santé mentale", précise Ioannis Katsantonis, chercheur doctorant affilié à l'université de Cambridge.

A ce titre, les chercheurs ont également observé que la parentalité chaleureuse n'était pas forcément associée à une plus grande probabilité que les enfants se retrouvent dans la catégorie 'risque faible' en matière de problèmes de santé mentale. Chose qui, selon les chercheurs, pourrait être liée au fait que l'éducation n'est pas l'unique facteur à prendre en compte dans le développement de tels troubles. Le sexe, la santé physique, et le statut socio-économique étant également des critères importants.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?