Aveyron : les sports nature au défi du manque d’eau et de la sécheresse

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  • Le tourisme de pleine nature est l’un des atouts de Millau et du Sud-Aveyron.
    Le tourisme de pleine nature est l’un des atouts de Millau et du Sud-Aveyron. Reproduction Centre Presse Aveyron
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Alexis Roux

Après un été difficile, les professionnels du secteur cherchent des alternatives. Avec le spectre d’une nouvelle sécheresse qui se profile.

Cela nous est tombé dessus comme un couperet", déplore encore aujourd’hui Yvan Sorro, directeur général d’Antipodes. Pour les professionnels du tourisme des sports de pleine nature, de nombreux mois plus tard, la pilule n’est toujours pas passée.

Août 2022, la nouvelle prend les loueurs de court. En raison du manque d’eau, des mesures de restrictions sont promulguées pour la navigation dans les eaux sud-aveyronnaises. La pratique du canoë-kayak est régulée sur le Tarn, interdite sur certains secteurs. Idem pour la pratique du canyoning, comme à Tayrac, près de Saint-Jean-de-Bruel. "En réalité nous n’avons que trois canyons à proximité, explique Thierry Martin, cogérant d’Horizon. Lorsque l’un d’eux est fermé, tout le monde se retrouve au même endroit, cela fait un effet de masse et c’est plus difficile."

- 40 % pour le canyoning

"On a été surpris, car on n’a pas été concertés en amont", regrette Romain Lagarrigue, l’un des quatre associés de Roc et canyon.

Alors au moment de tirer le bilan de la saison 2022, c’est la soupe à la grimace pour les entreprises. Les pertes s’évaluent à 40 % sur le canyoning, 30 % pour le canoë et plus de 50 % pour la randonnée aquatique par rapport à une année classique. Vient le temps de l’adaptation.

"Cette année, on essaie de se rapprocher des autorités, pour se faire connaître et se faire entendre. Nous sommes des professionnels, on veut également montrer qu’on sait ce qu’on fait et qu’on est concernés par les problématiques de manque d’eau", se défend Yvan Sorro.

Car cet hiver n’est pas réjouissant pour la suite. Avec une pluviométrie en forte baisse, la menace d’arrêtés préfectoraux visant à préserver la ressource en eau plane. Et cela pourrait intervenir plus tôt que prévu, comme l’indiquait le préfet au début du mois de mars. "Ma main ne tremblera pas si nécessaire. On refait un point début avril et c’est-là qu’on pourra, le cas échéant, définir d’éventuelles mesures de restrictions qui toucheront davantage à des usages domestiques."

Innover et s’adapter

Les professionnels savent à quoi s’attendre. "On procède à un travail d’avertissement auprès des clients, indique Romain Lagarrigue. On insère notamment des clauses dans nos devis car on sait qu’à ce jour, on ne peut garantir à 100 % ces pratiques pour l’été." L’adaptation se fait également dans le programme proposé aux touristes.

Bien que les sports aquatiques soient préférés lors des fortes chaleurs, du côté d’Antipodes, "on s’attend au pire. Alors on compte sur les activités pédestres."

Et la solution est peut-être toute trouvée par Thierry Martin. "La spéléo est un bon intermédiaire. Les clients peuvent profiter de la fraîcheur des grottes, sans que la question de l’eau n’entre en compte." En cette période de flou, chacun y va de son innovation, pour essayer d’anticiper la crise, et se préparer aux défis proposés par le changement climatique. Pour cela, Roc et canyon cherche à innover. "Ce sera une activité terrestre et aérienne qui pourrait apporter beaucoup à nos clients", promet Romain Lagarrigue qui préfère encore garder le secret. En attendant, le secteur reste dans l’expectative.

Quel impact sur les milieux aquatiques ?

Souvent accusés de causer du tort dans les milieux aquatiques, les professionnels se défendent."On joue un véritable rôle dans la pédagogie, veut faire valoir Yvan Sorro. Lorsque des touristes construisent des barrages on leur explique que c’est très grave." "Notre génération est concernée par les problématiques du changement climatique, on sait que ça fait partie de notre métier", complète Romain Lagarrigue. Selon eux, les encadrants expliquent faire preuve de bon sens. "On sait que c’est néfaste de patauger dans un cours d’eau. En réalité quand le niveau d’eau est trop bas on fait sortir tout le monde de l’eau et on passe sur le bord", termine le directeur d’Antipodes.
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