Santé : Les nouvelles technologies sont-elles là pour prévenir ou guérir ?

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    Santé : Les nouvelles technologies sont-elles là pour prévenir ou guérir ?
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BPI France

Comment les nouvelles technologies améliorent-elles notre "santé du quotidien" ? Eléments de réponse avec Thomas Serval, co-fondateur et CEO, Baracoda Group, une startup proposant des objets connectés pour améliorer la santé.  

Pourquoi ne pas adopter une routine de santé capable de nous maintenir en forme, plutôt que d’attendre d’être malade pour nous préoccuper de notre état ? La prévention doit-elle être le fer de lance de la soutenabilité des modèles de santé occidentaux ? C’est en tout cas la vision portée par Baracoda Group, une entreprise qui réinvente la logique d’hygiène et de "santé du quotidien" à l’aide des nouvelles technologies. À sa tête, Thomas Serval, co-fondateur et CEO, mais aussi auteur d’un premier ouvrage qui interroge notre façon de répondre aux enjeux de santé publique ouvrant des perspectives qui vont au-delà de la médecine stricto sensu.

Big média : Dans un monde éprouvé par trois années de pandémie, votre livre " Soignons les gens en bonne santé — Vers une médecine longitudinale ", semble être une proposition à contre-courant, non ?

Thomas Serval : Au début du XXe siècle, l’hygiène était indissociable de la santé publique. Cette notion, nous l’avons perdue de vue au fil du temps et des progrès de la médecine. En 2020, la pandémie nous a rappelé à l’ordre : nous ne sommes pas maîtres de notre environnement. Il faut donc mettre l’accent sur la prévention pour limiter les risques de tomber malade et agir le plus tôt possible et à moindre coût lorsqu’une pathologie est détectée. C’est cela, soigner les gens en bonne santé.

BM : Vous y abordez la notion de "médecine longitudinale". Pouvez-vous nous expliquer ce concept ?

TS : C’est en quelque sorte l’antithèse de la visite "obligatoire" chez le médecin, lorsqu’il est déjà trop tard. La médecine longitudinale n’est plus basée sur un bilan de santé à un instant T, mais sur un suivi précis de l’état d’un individu, grâce à des outils qui collectent quotidiennement ses données biométriques. De cette façon, il est possible de détecter des signaux faibles – comme une variation anormale du poids ou une évolution de la forme d’un grain de beauté – qui seront transmis à un praticien, et d’intervenir à temps. Une telle démarche replace les bonnes habitudes de santé et d’hygiène au centre de notre quotidien et diminue certains facteurs de risques. À titre d’exemple, si chacun d’entre nous se lavait les mains sept fois par jour, 90 % des maladies disparaîtraient.

BM : Les nouvelles technologies sont-elles là pour prévenir ou guérir ?

TS : En santé, les technologies sont là pour mesurer et analyser des données biométriques sans lesquelles rien ne serait possible. Les nouvelles technologies permettent, elles, de réaliser ce travail de mesure sans friction et sans efforts supplémentaires pour les individus, et de poser un diagnostic. Autre point non négligeable : celles-ci engagent les patients à suivre scrupuleusement leur traitement, c’est un facteur de motivation. Autant d’aspects qui ne sont pas d’ordre médical par nature, mais participent pourtant à améliorer notre santé.

BM : Concrètement, comment améliorent-elles notre "santé du quotidien" ?

TS : Chez Baracoda Group, nous avons décidé d’utiliser les nouvelles technologies pour transformer la salle de bain en premier lieu de soin. Pourquoi la salle de bain ? Parce-que c’est un lieu d’hygiène clé dans lequel on passe en moyenne une heure par jour, c’est idéal pour capter les bonnes informations biométriques. Nous avons donc mis au point un système d’exploitation basé sur les objets connectés (IoTs) et l’intelligence artificielle (IA), avec, comme point d’orgue, le "miroir intelligent". Cet outil observe les individus sous toutes les coutures et identifie d’éventuels problèmes de peau, analyse le rythme cardiaque ou prodigue des conseils en matière d’hygiène, entre autres. L’environnement sur lequel il repose est conçu pour comprendre les intentions de l’utilisateur, connaître son état d’esprit, ses émotions, et lui envoyer les conseils de santé adéquats.

Nous avons également développé une brosse à dents, un thermomètre, un bracelet et un tapis de bain connectés qui viennent compléter l’arsenal technologique. Et parce qu’ils sont capables d’interagir entre eux, ces objets fournissent un maximum d’informations sur notre corps et notre état de santé sans pour autant être invasifs. Ils nous aident à modifier nos habitudes dans le bon sens.

" Si les nouvelles technologies sont un outil puissant, notamment dans le cas du traitement de maladies graves, elles ne se substituent en aucun cas à la médecine "

BM : Les nouvelles technologies sont-elles applicables à tous les domaines de la médecine ?

TS : Disons que si l’on considère la santé comme une science holistique, les nouvelles technologies sont applicables à un très grand nombre de domaines. Mais je crois qu’il faut néanmoins nuancer les choses : si les nouvelles technologies sont un outil puissant, notamment dans le cas du traitement de maladies graves, elles ne se substituent en aucun cas à la médecine. Chez Baracoda Group, nous les envisageons d’abord comme un moyen efficace de maintenir les gens en bonne santé, chez eux.

BM : Vous décririez-vous comme un entrepreneur de la "santé connectée" ?

TS : Absolument. Je ne prétends pas être médecin et je n’ai aucune compétence médicale, mais j’appartiens à cette "collision" entre le monde du numérique et le monde de la santé. Ces écosystèmes ne se côtoyaient pas auparavant, alors que désormais, nous assistons à une véritable dynamique de collaboration entre ces deux mondes. De nombreux projets mêlant santé et numérique voient le jour, une tendance vertueuse à laquelle Baracoda Group prend pleinement part.

BM : Cette notion monte en flèche depuis la pandémie. Quelles sont les raisons d’un tel "succès" ?

TS : La pandémie a été le catalyseur de la rencontre entre numérique et santé. Il y a encore quelques années, il était inconcevable d’imaginer un praticien se servir de données issues d’un miroir ou d’une brosse à dents connectés. Aujourd’hui, c’est tout le contraire. Précisons d’ailleurs que ce n’est pas la santé connectée en tant que telle qui est intéressante, mais bien toutes les données que nous sommes capables de collecter grâce à ces objets connectés. En outre, le succès de cette approche varie selon les pays. En Chine ou au Japon, cela fonctionne très bien car il y a une vraie nécessité de recourir aux nouvelles technologies pour pallier le vieillissement de la population ou compenser un système de santé très onéreux. Ce succès est moins flagrant en France, car ici la santé est un luxe qu’on ignore… D’où l’importance, là encore, de revoir notre copie pour tendre vers un modèle de soins basé sur la prévention.

Cet article a été publié initialement sur Big Média Santé : Les nouvelles technologies sont-elles là pour prévenir ou guérir ?
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