CARTE. Occitanie, Aveyron : pourquoi certains services hospitaliers sont-ils menacés de fermeture ?
Les médecins remplaçants assurent une grande partie du fonctionnement de certains services de santé dans les hôpitaux. Le plafonnement de leur rémunération est entré en vigueur le 3 avril et déjà, des services hospitaliers ont fermé partout en France. D'autres sont menacés de fermeture, en Occitanie et en Aveyron aussi. On explique.
L'intérim médical, ce sont des médecins remplaçants qui viennent assurer des gardes dans les hôpitaux. c'est une pratique si répandue que partout en France, certains services hospitaliers (Smur, urgences, maternités, services spécialisés...) ne pourraient fonctionner convenablement sans eux.
Des "mercenaires" stigmatisés
Mais le ministre de la Santé François Braun a qualifié ces médecins remplaçants de "mercenaires" pratiquant un "intérim cannibale", relate France 3. En cause, leur rémunération, pouvant aller de 3 000 à 5 000 € pour une garde de 24 heures chez certains médecins spécialistes. Depuis le lundi 3 avril, cette rémunération a été plafonné à 1 390 euros brut ces mêmes 24 heures, ce qui provoque le courroux chez ces médecins remplaçants, dont certains ont déjà déserté les hôpitaux en se mettant en grève ou en refusant les missions.
#IntérimMédical | \u26a0 À partir d'aujourd'hui, un contrôle systématique des contrats d'intérim médical sera mis en place.
— Ministère de la Santé et de la Prévention (@Sante_Gouv) April 3, 2023
Quels objectifs ? \u2935
\ud83d\udcf2 : https://t.co/XCcQprrZXT pic.twitter.com/crKfFJeJpf
"En pleine inflation, on nous stigmatise parce qu'on gagne 40 ou 50 euros de l'heure", s'insurge à France Info le médecin urgentiste Eric Riboli, porte-parole du Syndicat national des médecins hospitaliers remplaçants (SNMHR). "Le gouvernement a sorti une fois l'exemple d'un médecin qui gagnait 6 000 euros en 24 heures et il s'en sert pour stigmatiser une profession, plus de 10 000 salariés en France. C'est inadmissible."
Selon lui, depuis la mise en application de ce tarif plafonné de l'intérim médical, "les Français ne seront plus soignés correctement (...) Il va y avoir des décès, des souffrances. Des services de maternité, de cardiologie, d'urgences, de gériatrie vont fermer. On en a recensé au moins 200 sur tout le territoire".
Le mercredi 5 avril, soit 2 jours après la mise en place de ce tarif plafonné, le SNMHR avait déjà recensé la fermeture totale ou temporaire d'au moins 25 structures hospitalières partout en France, dont une en Occitanie, une ligne Smur à Perpignan. Avec une dizaine d'autres en grande difficulté.
“Pas de fermetures sèches” affirmait M. le Ministre @FrcsBraun le 3 Avril.
— SNMRH (@cdmrehp) April 5, 2023
Ci-joint la liste non exhaustive des FERMETURES constatées sur le terrain le 5 Avril. @LePoint @TF1 @BFMTV @humanite_fr @apollineWakeUp @Marcpayet75 #patientsendanger #la_loi_rist_tue #santé #hopital pic.twitter.com/k92Z0M62hT
Le bloc opératoire à Rodez, la maternité à Millau...
Et selon le syndicat des médecins remplaçants, d'autres services employant un pourcentage important pourraient très rapidement suivre, partout en France, et notamment en Occitanie, où le SNMHR en recense 15 dans 9 hôpitaux :
- le bloc opératoire de Rodez (Aveyron)
- la maternité et le service pédiatrique de Millau (Aveyron)
- le bloc opératoire et le service orthopédie de Cahors (Lot)
- la réanimation d'Albi (Tarn)
- le bloc opératoire de Montauban (Tarn-et-Garonne)
- le bloc opératoire de Castres (Tarn)
- les soins de suite et de réadaptation (SSR) et l'unité de soins de longue durée du CH de Sète (Hérault)
- les services de pédiatrie, de cardiologie, de médecine polyvalente et les SSR de Mende
- les urgences de Perpignan.
France 3 prend l'exemple de l'hôpital de Cahors, où les médecins remplaçants représentent 40 % des anesthésistes, 10 % des urgentistes et jusqu'à 60 % du service de chirurgie orthopédique.
Du côté de l'hôpital Jacques-Puel de Rodez, pour éviter la fermeture du bloc opératoire, "60% des opérations sont déprogrammées", assure Pascal Mazet, de la CGT Santé de l'Aveyron, en s'organisant pour éviter le manque d'anesthésistes.
Le 28 avril, une grève... des internes
Mais il n'y a pas que les médecins remplaçants qui soient en colère. Chez les internes aussi, qui, se disant servir de "variable d'ajustement " pour pallier au manque d'intérimaires médicaux, se mettent en grève le jeudi 28 avril pour réclamer des hausses de salaires et dénoncer les conditions de travail dans les hôpitaux.
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