Edouard Philippe : "Renouer le fil avec les syndicats malgré les désaccords, une nécessité"

  • Édouard Philippe au sujet d'Elisabeth Borne : "J’ai du respect pour les gens qui tiennent la barre et donc je la soutiens."
    Édouard Philippe au sujet d'Elisabeth Borne : "J’ai du respect pour les gens qui tiennent la barre et donc je la soutiens." MaxPPP
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Propos recueillis par Eric Berger

L’ancien Premier ministre se déplace en Occitanie : ce mardi à Toulouse et mercredi dans le Gers. À cette occasion, le président d’Horizons évoque l’avenir de son parti, la réforme des retraites et la situation d’Élisabeth Borne.

Quelle est l’implantation d’Horizons en Occitanie ?

Nous sommes une petite formation qui monte. Au niveau national, Horizons, c’est un peu plus de 20 000 militants, plus de 800 comités dans des communes et près de 450 maires. On en est à plus de 50 comités, plus d’une vingtaine de maires en Occitanie.

Comment voyez-vous l’avenir d’Horizons dans la majorité présidentielle ?

Comme je le dis depuis le début, nous sommes membres de la majorité. Nous essayons de structurer une formation politique pour peser et préparer les échéances électorales. Il y a chez Horizons l’ambition de créer un parti politique dans lequel les choses sont assez fluides. On n’est pas dans les contestations et les querelles d’ego permanentes.

La rencontre entre la Première ministre et les syndicats ne semble pas avoir porté ses fruits. Comment renouer le dialogue ?

Il faut accepter l’idée que dans une démocratie, le consensus n’est pas permanent. Une démocratie, c’est un système politique dans lequel il y a des désaccords qui doivent être tranchés par les élections ou par la mécanique des institutions. Le désaccord n’est pas par lui-même un problème. L’important, c’est qu’il doit laisser la place au respect. Cela vaut à tous les niveaux : dans une réunion de quartier, dans un conseil municipal, entre une majorité et des oppositions, entre un gouvernement et des syndicats. Et cette règle vaut dans les deux sens. Ce qui a été formulé avec cette rencontre entre la Première ministre et les syndicats, c’est la nécessité de renouer le fil et de conserver un respect entre des acteurs qui sont en désaccord et ont vocation à continuer à travailler ensemble. Le président de la République a demandé à la Première ministre d’y veiller. C’est un exercice difficile mais indispensable parce que la vie imposera que nous puissions retravailler ensemble et renouer le fil de discussions confiantes.

Quel regard portez-vous sur l’action d’Élisabeth Borne, sa manière de gérer la réforme des retraites ?

J’ai occupé la fonction à Matignon et je suis bien placé pour savoir que chercher à améliorer le dispositif des retraites est un exercice difficile. J’en parle donc avec une certaine humilité. J’ai pour Élisabeth Borne beaucoup d’estime. Elle exerce la fonction avec une solidité et un sérieux qui lui font honneur. C’est difficile mais elle tient la barre. J’ai du respect pour les gens qui tiennent la barre et donc je la soutiens.

Comment analysez-vous l’attitude des Républicains ? Un accord entre la majorité et les LR est-il possible ?

Je n’ai pas changé de discours. J’ai dit dès après la législative de 2022, que dans un régime parlementaire, quand on n’obtient pas la majorité, il faut composer avec d’autres partis pour former un bloc qui permette au pays d’avancer. Je pense donc qu’il est nécessaire de discuter avec les partis politiques et notamment les LR qui sont la formation la plus proche car il n’y a plus de formation à gauche indépendante de LFI. Il ne faut pas organiser un système dans lequel les LR deviendraient membres de la majorité. Il faut s’installer autour d’une table pour savoir quelles sont les directions vers lesquelles nous pouvons avancer. Ça ne veut pas dire qu’on s’entend sur tout mais il faut au moins pouvoir faire ce sur quoi nous nous entendons. Est-ce que ce sera possible ? Je ne sais pas. Est-ce que c’est souhaitable ? Je le crois.

Selon un sondage, vous apparaissez comme le mieux placé dans la majorité pour aller au second tour de la présidentielle. Qu’en avez-vous pensé ?

Rien… J’ai dans ma vie politique suivi deux personnes auprès desquelles j’ai beaucoup appris. La première, c’est Antoine Rufenacht, maire du Havre avant moi. La deuxième, c’est Alain Juppé avec qui j’ai travaillé pendant 17 ans. Je sais qu’Antoine Rufenacht a gagné la mairie du Havre en 1995 alors que tous les sondages disaient qu’il la perdrait. Je sais qu’Alain Juppé a perdu la primaire en 2016 alors que tous les sondages disaient qu’il la gagnerait. J’ai depuis une certaine distance avec les sondages.