Originaire de Gramond, le cinéaste Nicolas Gayraud filme la vie et crève l'écran

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  • Pour son dernier film, intitulé "Inertie", Nicolas Gayraud (à gauche) a retrouvé son pote d’enfance François Dumeaux. Quand ils étaient adolescents, le premier tournait des travellings, installé dans un chariot de supermarché à Baraqueville, tandis que le deuxième, passionné de rap notamment, s’occupait de la musique.
    Pour son dernier film, intitulé "Inertie", Nicolas Gayraud (à gauche) a retrouvé son pote d’enfance François Dumeaux. Quand ils étaient adolescents, le premier tournait des travellings, installé dans un chariot de supermarché à Baraqueville, tandis que le deuxième, passionné de rap notamment, s’occupait de la musique. - Reproduction L'Aveyronnais
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Né à Rodez, en 1976, mais ayant grandi près de Baraqueville, où sont toujours installés ses parents, demeurant dans l’Essonne, ce passionné de l'image depuis son adolescence a choisi le documentaire.

C’était la caméra de son père, un modèle VHS, qui demande un biceps en forme et une épaule solide... Celle achetée pour la première communion du petit. Quelques semaines plus tard, l’adolescent en question l’a adoptée pour tourner des films d’horreur, avec sa sœur Virginie et ses cousins pour nourrir le casting. C’était la fin des années 80, il avait 13-14 ans. Il n’a pas oublié ses premiers pas dans l’univers du 7e art. Comme il se souvient très bien de sa scolarité un peu chaotique. Qu’il n’hésite pas à qualifier de "à la limite du catastrophique".

Ses parents ne savaient pas bien quoi faire de lui. Les enseignants du lycée ont, quant à eux, "probablement involontairement", donné du sens à sa vocation. Il en dit davantage : "Ils trouvaient que j’étais un élément perturbateur. Du coup, ils m’envoyaient filmer les réunions des professeurs et, surtout, la kermesse". Ils venaient de lui mettre le pied à l’étrier... Ou plutôt la caméra au poignet ! Nicolas Gayraud est né à Rodez, en 1976, de parents 100% aveyronnais, "issus plutôt d’un milieu paysan". Il a grandi à Gramond, près de Baraqueville. Pensionnaire à Saint-Joseph, dans le chef-lieu, il a quitté l’école à l’âge de 17 ans.

Autodidacte, il ne cache pas que son père, artisan électricien, "a joué un rôle important" dans la suite de sa vie professionnelle. Il développe : "Il était abonné à Canal +, lancé quelques années plus tôt, et j’ai dévoré des dizaines de films américains. Je passais du temps avec Arnold Schwarzenegger, Sylvester Stallone et Jean-Claude Van Damme, je regardais aussi tous les Indiana Jones et j’aimais beaucoup Sigourney Weaver dans Alien". Il s’est donc équipé de la fameuse caméra VHS : "J’étais plein de naïveté car je voulais faire comme à la télé. J’étais abonné au magazine SFX et je me suis vite rendu compte que ça ne rendait pas pareil que sur le petit ou le grand écran".

"Un métier qui n’est pas tangible"

"Je cherchais du sens et je n’en trouvais pas à l’école, insiste Nicolas Gayraud. J’étais obsédé par l’image et, à l’époque, il n’y avait pas d’options à tour de bras comme aujourd’hui". Et puis, il fallait convaincre la famille car ce métier n’avait rien de concret. Lui dit : "Pas tangible". Après avoir fait ses classes au club vidéo de la MJC (maison des jeunes et de la culture) de Rodez, où il est passé de la VHS au Super 8 (un pas de géant !), une question l’a taraudé : "Sois tu restes ici, sois tu mets les voiles !".

Il décortique sa réflexion : "C’était certes plus confortable de rester, mais je le voyais comme "une petite mort". J’allais ainsi m’enterrer, m’ennuyer". Il a donc fait le choix de monter à la capitale pour se lancer dans la photogravure chez un ami en région parisienne. Mais l’image lui manque rapidement, d’autant que son quotidien est beaucoup tourné vers la publicité. "Ça ne m’intéressait pas", glisse-t-il.

Après deux ans, il (re)met le cap au sud pour suivre, à Montpellier, une formation de projectionniste dans le cinéma d’art et d’essai. Il reconnaît "découvrir tout un pan du cinéma", dont, par exemple, David Lynch. Il valide ce cursus et rentre en Aveyron. Enchaînant les petits boulots, un événement va alors changer sa vie, en 1998. Charles Némès tourne à Sauveterre-de-Rouergue.

L’équipe machinerie de cette mini-série en six épisodes est logée dans... le gîte de ses parents. Nicolas Gayraud est embauché comme stagiaire. Le contrat était pour trois... jours, l’expérience a duré trois mois. Il en garde "un souvenir très fort" : "J’ai sympathisé avec le cadreur, l’opérateur. C’était des “vieux de la vieille” de la SFP. J’ai appris le cadre".

Neuf films réalisés depuis 2006

Il était à bonne école et il a ainsi poursuivi cet apprentissage durant cinq ans, participant, entre autres, à la série "Highlander". "J’ai vécu cette période avec de grands yeux, comme un émerveillement, souligne-t-il, avec du recul. Petit à petit, je me suis habitué. J’avais envie de faire". Tout en tournant ses premiers films, il a senti qu’il devait "aller ailleurs".
Il confirme : "J’avais besoin de passer un cap, de grandir encore".

Il a ainsi "sauté dans le vide", avec une centaine de curriculum vitæ envoyés ("Notamment aux chaînes de télé pour être cadreur") et... aucune réponse ! Il est donc reparti dans une nouvelle formation en 2005, celle de scénariste. C’est là qu’il a découvert les documentaires : "Une révélation ! C’était comme une évidence. J’ai aimé ce côté immédiateté".

L’année suivante, il a tourné "La sortie d’école". "Une autre ère a commencé pour moi", insiste Nicolas Gayraud. Sa carte de visite s’est enrichie depuis de huit réalisations : "Le temps de quelques jours" (25000 entrées), "Racines", "Michel Dallaire, la balade des êtres libres", "Aimer", "Passages", "Passage", "Inertie" (il était ces jours-ci en Aveyron pour des soirées-débats à Decazeville, Rodez et Espalion), tandis que le dernier, "En bout de piste" est monté depuis une semaine.

Papa d’une fille de 16 ans, demeurant en vallée de Chevreuse, dans l’Essonne, près de Paris, il se dit "cinéaste" : "J’apprécie le côté artisan de cette appellation. Et puis, je me sens aussi auteur et réalisateur". "De plus en plus (re)connu", il avoue : "Quand je serai grand, je ferai des films !".

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