Crèches : enfants attachés, douchés à l'eau froide... le rapport sur l'accueil des tout-petits qui alerte

  • L’Igas dénonce des dérives et formule une série de recommandations.
    L’Igas dénonce des dérives et formule une série de recommandations. Illustration Pixabay
Publié le , mis à jour
Élise Do Marcolino

Le constat dressé par l’Inspection générale des affaires sociales pointe une grande disparité sur les conditions d'accueil des tout-petits. 

Toutes les crèches sont-elles sûres pour les enfants ? Si de nombreux établissements sont "de grande qualité, portés par une réflexion pédagogique approfondie", le rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) publié mardi signale aussi des situations d’abus, de négligences, ou de maltraitances sur des enfants pris en charge dans certains établissements.

Tout a commencé par le décès de la petite Lisa, 11 mois, empoisonnée le 22 juin 2022 par une employée de la crèche lyonnaise “People & baby”, depuis définitivement fermée. Saisie par le gouvernement, l’Igas a lancé une vaste enquête, avec plus de 300 auditions, la visite de 36 crèches et un questionnaire auquel ont répondu 5 275 directeurs, 12 545 salariés de crèches et 27 671 parents.

Un récit édifiant

Bébés forcés à manger, laissés dans des couches sales pendant des heures, insultés, secoués… Le constat dressé par l’Igas dans certaines crèches interroge. "Enfant attaché sur une chaise pour être puni, enfant forcé à manger de façon violente", énumère le rapport qui évoque aussi le cas de bébés "poussés avec les pieds", douchés à l’eau froide pour qu’ils cessent de pleurer, ou encore attachés à des radiateurs.

Certains comportements maltraitants ont d’ailleurs été observés par les experts missionnés sur ce rapport. Des témoignages font aussi état de mots déplacés lancés aux enfants : "Tu chouines pour rien", "tu sens mauvais", "tes parents sont trop riches".

45 berceaux pour 51 enfants

L’institut a constaté, parallèlement, des cas de sous-effectif entraînant une baisse de la qualité de la prise en charge des enfants. Il a récolté les témoignages d’accompagnants à bout, dépassés. Les locaux posent parfois aussi problème : une crèche qui contient 45 berceaux pour 51 enfants, de l’humidité dans l’air entraînant des problèmes respiratoires chez les bébés, des portes non sécurisées, l’absence d’eau chaude… Ces situations ont été observées par l’Igas lors de sa longue enquête.

Par ailleurs, des encadrants doivent souvent renoncer à leurs pauses déjeuner, ou les écourter, prendre davantage de responsabilités qu’incombe leur poste telles qu’assurer seuls la fermeture des établissements.

La mission formule donc une série de recommandations. Elle demande que les connaissances sur le développement de l’enfant soient connues de tous les encadrants et que le personnel soit formé en conséquence.

Le financement doit suivre également afin, d’une part, de pallier les manques de personnel et d’autre part, rénover des bâtiments qui sont parfois dans des états insalubres (plomb, humidité, moisissure…). Le circuit d’alerte, de signalement des dysfonctionnements et de réclamation doit, par ailleurs, être perfectionné afin de faire remonter au plus tôt les cas de négligences ou de maltraitances.

"Agir rapidement"

L’évaluation et l’inspection de contrôle doivent suivre pour apporter une réelle plus-value au secteur en matière de bonnes pratiques et de conditions de travail. Enfin, une présence sécurisante et effective auprès de l’enfant doit être garantie. Le rapport de l’Igas observe néanmoins que "les dernières décennies ont permis de faire émerger un modèle d’éveil et d’éducation centré sur la singularité de l’enfant, et sur les besoins affectifs, linguistiques et moteurs".

Mais des variations dans la mise en pratique de ce modèle né d’une meilleure connaissance de la petite enfance sont constatées, là aussi, d’un établissement à l’autre, souvent en fonction des moyens dont il dispose.

"L’ensemble des recommandations" du rapport de l’Igas seront prises en compte, a réagi mardi le ministre des Solidarités, Jean-Christophe Combe, qui dit vouloir "agir rapidement". Charlotte Caubel, la secrétaire d’État chargée de l’Enfance, promet, elle, d’être "vigilante à la mise en œuvre des recommandations et des contrôles" .

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Les commentaires (1)
Anonyme16531 Il y a 1 année Le 12/04/2023 à 10:53

Il devrait exister un salaire (descend) pour un des parents pour pouvoir rester a la maison s'occuper de son enfant.
Les "gens" au pouvoir n'ont pas de problème pour trouver ou payer leur nounou ou les très haut placé n'ont pas d'enfants.
Tout comme la cantine et les loisirs devraient être gratuit au lieu de jeter l'argent par les fenêtres ou de le donner a d'autres pays.