Tentative de meurtre à Saint-Affrique : "On n’était pas partis pour essayer de les tuer"

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  • Depuis hier, les faits sont jugés par la cour d’assises de l’Aveyron. Après auditions des témoins et experts, le délibéré est attendu le 18 avril.
    Depuis hier, les faits sont jugés par la cour d’assises de l’Aveyron. Après auditions des témoins et experts, le délibéré est attendu le 18 avril. Midi Libre - A. D.
Publié le
Aurélien Delbouis

Cinq hommes comparaissent depuis hier devant la cour d’assises de l’Aveyron pour tentative de meurtre et violence aggravée sur deux hommes domiciliés à Saint-Affrique.

Entendus devant la cour d’assises de l’Aveyron, cinq hommes "dans la trentaine" comparaissent depuis hier pour tentative de meurtre et violence aggravée sur deux hommes domiciliés à Saint-Affrique victimes d’un "véritable déchaînement de violence". Le plus sévèrement atteint des deux souffrant de multiples blessures, de lésions et ecchymoses tout aussi nombreuses, d’une plaie ouverte à la tête, d’un hémothorax, d’une contusion pulmonaire, de lacérations hépatiques peu profondes, d’une fracture des os du nez et de la mandibule inférieure…

Les faits datent du 3 mars 2020. Ce soir-là, les cinq protagonistes s’introduisent au domicile des deux victimes, rue Pasteur à Saint-Affrique. Deux vivent déjà dans la petite cité du Sud-Aveyron, trois autres arrivent de Marseille où ils résident toujours. Il est un peu plus de 23 heures. Les cinq hommes pénètrent dans le logement des deux occupants en fracturant la porte. Les coups pleuvent. Il est fait usage d’un poing américain. Un couteau et un pistolet de type airsoft – qu’un particulier retrouvera dans le lit de la Sorgue trois mois plus tard – sont également portés au dossier.

"En représailles"

L’altercation ne dure que quelques minutes – "cinq, tout au plus" – mais le traumatisme est grand pour les deux victimes bientôt prises en charge par les sapeurs-pompiers. Les victimes qui quelques heures plus tard diront aux enquêteurs connaître au moins deux des assaillants, venus selon eux "en représailles" après une rixe survenue trois mois plus tôt avec l’un des accusés.

Interpellés le lendemain, les deux suspects sont entendus par les militaires de la gendarmerie. Le premier qui reconnaît avoir fait usage d’un ciseau est placé en détention provisoire où il est toujours détenu depuis le 7 mars 2020. Le second est placé sous contrôle judiciaire et comparait aujourd’hui libre comme les trois autres protagonistes interpellés dans les Bouches-du-Rhône en juin 2020.

Pourquoi un tel déchaînement de violence ? Pour quel motif ? Les faits étaient-ils prémédités ? La volonté des accusés était-elle d’attenter à la vie des deux victimes ? Ou simplement de leur faire peur, comme l’a déclaré dès hier à la barre l’un des protagonistes. Autant de questions auxquelles la cour d’Assises de l’Aveyron va tenter de répondre. La date du délibéré est fixée au 18 avril.

"J’ai perdu la tête, j’ai paniqué…"

"Il n’existe pas moins de 35 versions différentes de cette soirée", a fait valoir le président de la cour, Charles Pinarel, qui en guise de prologue a tenu à avertir les cinq accusés. "On va faire le pari que vous allez nous servir cinq versions différentes. Mais je veux bien accepter de perdre mon pari pour avoir, enfin, une version cohérente des choses. Je vous le dis tout net, si vous distillez de la confusion dans l’esprit des jurés… Sachez qu’il n’y a rien de pire qu’un juré ou qu’un président qui ne comprend rien… Ça devient plus sévère !" Si les faits ne sont plus véritablement contestés par les protagonistes, chacun des accusés tente aujourd’hui de minorer sa responsabilité.

Au fil des auditions, chacun mettant finalement l’arme qu’il aurait utilisée dans les mains de son voisin… Pour ce qui est de la préméditation en revanche, les témoignages concordent. Détenu au centre pénitentiaire de Villeneuve-lès-Maguelone, l’un des accusés confesse : "On n’était pas partis pour essayer de les tuer, ce n’était pas notre intention. Pas du tout. C’est vrai, on est partis là-bas pour donner des coups, je ne vais pas vous mentir, le frapper un peu, mettre des claques, peut-être lui faire peur un peu mais pas plus. Je reconnais avoir poussé la porte, avoir mis des coups de ciseau. J’ai perdu la tête, j’ai paniqué… Je regrette énormément ce geste. Depuis trois ans que je suis en détention, ça fait réfléchir."

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