Surcharge de travail, divergences : en Aveyron, "huit maires ont rendu leur écharpe depuis 2020"

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  • Jean-Marc Calvet préside l'Association des maires de l'Aveyron.
    Jean-Marc Calvet préside l'Association des maires de l'Aveyron. Centre Presse Aveyron - José A. Torres
Publié le , mis à jour
Propos recueillis par Jennifer Franco

Jean-Marc Calvet, le prédident de l'Association des maires de l'Aveyron, appelle à ne pas "baisser les bras" malgré les difficultés et la complexité de la fonction de maire. 

Plus de 1 000 maires auraient jeté l’éponge depuis 2020. Surcharge de travail, augmentation des violences, faibles indemnités, etc., de nombreuses causes expliquent ce phénomène. Selon l’Observatoire de la démocratie de proximité réalisée par l’Association des maires de France et le CEVIPOF/SciencesPo, 55 % des maires ne pensent pas solliciter un nouveau mandat en 2026.

Quel est votre sentiment concernant la hausse du nombre de démissions de maires en cours de mandat ?

Je partage le constat qui est fait sur le plan national. Dans l’Aveyron (285 maires, NDLR), en trois ans, nous avons eu autant de démissions que sur le précédent mandat. Depuis 2020, huit maires ont jeté l’éponge pour plusieurs motifs : surcharge de travail, problèmes dans leur équipe municipale, etc. Quatre autres ont démissionné en cours de mandat après l’avoir annoncé au préalable. Deux autres ont rendu leur écharpe car appelés à d’autres fonctions. L’un est devenu député (Laurent Alexandre) et l’autre sénateur (Jean-Claude Anglars). Enfin, trois maires sont décédés. Sur la précédente mandature (2014-2020), on totalisait quinze démissions.

Quelles sont les raisons principales, selon vous, qui peuvent expliquer qu’un maire ou un élu démissionne ?

Il y a beaucoup de raisons. Certains maires l’avaient annoncé au moment de se présenter qu’ils ne feraient pas tout leur mandat et que l’un de leurs adjoints devrait reprendre le flambeau.
Ensuite, il y a des édiles qui n’avaient pas pris conscience de l’ampleur de la tâche et du travail que cela représentait.

Du temps que cela prenait et de la difficulté de mobiliser des aides, des subventions pour les investissements. Cela ne se fait pas du jour au lendemain, c’est un travail de longue haleine. Ce phénomène touche majoritairement les nouveaux élus. Le Covid a aussi eu un impact, notamment sur les élections. Cela s’est fait dans la précipitation avec, parfois des anciens qui ont dû rester en poste parce qu’on n’a pu installer le conseil municipal.

Justement, comment définiriez-vous la fonction d’un premier magistrat ?

On est maire 24 h/24. On peut être appelé à n’importe quel moment, même en cas d’absence. Être maire, c’est aussi un travail collectif. Un premier magistrat seul ne peut pas tenir le coup. Il doit être bien entouré par ses adjoints, ses conseillers municipaux et les autres maires.

L’augmentation des procédures judiciaires, le désengagement de l’état, peuvent-ils aussi être une explication ?

Je pense que l’état est proche des élus communaux que nous sommes. Néanmoins, il y a beaucoup de normes, de complexité. Ce qui pèse sur les élus, ce sont les relations dans les communautés de communes. C’est un constat qui remonte. Les intercommunalités ont été sommées de s’agrandir. Et ce qui entraîne le plus de contraintes pour les maires. Quand on est dans une petite intercommunalité, il y a un lien très fort.

A contrario, dans une communauté de communes avec vingt maires et plus, c’est beaucoup compliqué de fonctionner. Je pense que cela a été une erreur de forcer la main aux communautés de communes pour qu’elles s’agrandissent.

Quelles solutions peuvent être selon vous apporter pour “soigner” le blues des maires ?

Il faut que les maires soient encore plus solidaires au sein de leurs communautés de communes. Il ne faut pas hésiter aussi à solliciter l’Association des maires et le président que je suis en cas de difficultés.

Nous avons aussi des administrations dans chacune des communautés de communes du territoire. Nous sommes à leur disposition pour échanger. Je tiens à le rappeler. Il ne faut pas baisser les bras.

Autre piste, l’allègement des tâches administratives ?

C’est un vœu pieux.

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