États-Unis : après son inculpation, les nuages judiciaires s’amoncellent pour Donald Trump

  • Donald Trump a été inculpé début avril 2023. Il était de retour à New-York jeudi 13 avril 2023.
    Donald Trump a été inculpé début avril 2023. Il était de retour à New-York jeudi 13 avril 2023. EPA POOL - JUSTIN LANE / POOL
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Centre Presse Aveyron

De retour à New-York, jeudi 13 avril, l’ex-président des Etats-Unis a été interrogé dans une affaire de fraude.

Une semaine après son inculpation, l’ancien président américain Donald Trump était de retour à New York, jeudi 13 avril 2023, pour être entendu cette fois dans le cadre d’un procès civil sur des fraudes présumées au sein de la Trump Organization, rapporte le New York Times.

La procureure générale de l’État de New York, Letitia James, réclame à Donald Trump et à trois de ses enfants 250 M$. Elle les soupçonne d’avoir falsifié des chiffres, des évaluations d’actifs, notamment pour payer moins d’impôts. Le milliardaire voit les dossiers judiciaires s’amonceler sur le bureau de ses avocats. État des lieux.

Le silence acheté

Rendu public dans la foulée de l’audience tenue le 4 avril à Manhattan, l’acte d’inculpation précise que Donald Trump a comploté pour éviter la publication d’informations lors de la campagne de 2016 qui l’a porté au pouvoir.

Le candidat républicain aurait acheté le silence de trois témoins gênants, un portier de la Trump Tower affirmant avoir la preuve de l’existence d’un enfant caché et d’anciennes liaisons supposées, la playmate Karen McDougal et l’actrice X Stormy Daniels. Problème : Donald Trump a présenté ces versements comme des frais juridiques dans ses dépenses électorales.

Le procureur Alvin Bragg l’accuse d’avoir fait ainsi "34 fausses déclarations". Cette affaire signe la première inculpation pénale d’un ancien président américain. "Mais elle est bancale", affirme Jean-Eric Branaa, maître de conférences à l’Université Paris 2 Assas, auteur de Géopolitique des États-Unis (Éditions PUF). Dans ce dossier, à ce stade, "le procureur n’a pas fait tomber Trump, il ne l’a pas ébranlé, il l’a même dopé".

Les autres dossiers

De tous les nuages judiciaires qui planent au-dessus de Donald Trump, c’est de loin le plus menaçant. La justice tente d’établir le rôle qu’il a pu jouer dans l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021. La commission parlementaire a préconisé des poursuites pour appel à l’insurrection.
Autre dossier périlleux pour l’ancien président, les soupçons d’ingérence dans l’élection de Géorgie en 2020.

"Il y a des enregistrements où on entend Donald Trump dire qu’il a besoin de 11 780 voix à Brad Raffensperger, secrétaire d’État de Géorgie, souligne Jean-Eric Branaa. Et la procureure Willis a un dossier extrêmement solide." Archives de la Maison Blanche conservées chez lui, procès pour “diffamation”, “voie de fait”, “agression” de la journaliste E. Jean Carroll… Donald Trump est loin d’en avoir fini avec la justice.

Sans parler des enquêtes qui visent son entourage et sa société. Mais, à ce stade, "ce n’est pas du tout gagné pour la justice, estime Jean-Eric Branaa. Sachant qu’il a 78 ans et que les procédures sont longues, je pense qu’il n’ira jamais en prison. Il va essayer de faire tomber les charges et il va faire durer le plus possible."

La stratégie électorale

La seule affaire qui peut le rendre inéligible est celle du 6 janvier, mais selon Jean-Eric Branaa, aucune affaire ne pourra l’empêcher d’être candidat à la présidentielle. "Par contre, je pense que ces affaires-là vont l’empêcher d’être président, nuance-t-il. Pour beaucoup d’électeurs, le fait qu’il soit poursuivi par les affaires crée un doute."

Mais, pour l’heure, nombre de caciques républicains font bloc autour de lui. Parmi ses rivaux dans la future course aux primaires, "celui qui attaquerait Donald Trump perdrait immédiatement le noyau dur de l’électorat de Trump".

Faire de sa faiblesse une force

La stratégie de l’ancien président est cousue de fil blanc. Il essaie de faire de sa faiblesse, le nombre de dossiers judiciaires qui s’amassent contre lui, une force. "C’est malin parce qu’il mélange le tout dans son discours et depuis, ses supporters affirment qu’on essaie de le faire tomber de tous les côtés", note Jean-Eric Branaa.

Avec un danger : si les affaires les plus gênantes s’entremêlent à la campagne présidentielle, "ça va être explosif. Beaucoup de supporters de Trump vont devenir sourds à toute raison".

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