RETRO. En 2006, la loi sur le CPE était promulguée... avant d'être abandonnée au bout de 10 jours

  • L'Assemblée nationale avait été le théâtre de vifs débats en 2006, avec la proposition de loi sur le CPE, portée par Dominique de Villepin.
    L'Assemblée nationale avait été le théâtre de vifs débats en 2006, avec la proposition de loi sur le CPE, portée par Dominique de Villepin. Repro CPA - Repro CPA
Publié le
Quentin Marais

Malgré une vive contestation dans la rue, la réforme des retraites a été promulguée par Emmanuel Macron, quelques heures après sa validation par le Conseil constitutionnel, vendredi 14 avril 2023. Il y a 17 ans, c'était le CPE qui mettait le pays en ébullition.

C'est fait. La loi sur la réforme des retraites a été promulguée, après l'aval du Conseil constitutionnel, vendredi 14 avril 2023. La mobilisation qui anime la France depuis le début de l'année a longtemps été comparée à celle qui fête son 17e anniversaire. En 2006, la rue était prise d'assaut par les manifestants opposés à trois lettres : CPE.

A lire aussi : Réforme des retraites : retoqué une première fois, le deuxième référendum peut-il aller au bout ?

C'était quoi, le CPE ?

Par "CPE", il fallait comprendre "Contrat Première Embauche". C'est en janvier 2006 que le projet est alors présenté par Dominique de Villepin, Premier ministre de Jacques Chirac. Ce contrat concernerait les jeunes âgés de moins de 26 ans. Il inclurait une période d'essai de deux ans. Et pendant celle-ci, l'employeur serait alors libre de mettre un terme à ce même contrat... sans donner de motif.

La rue se soulève

Lycéens et étudiants battent ensuite le pavé et réclament le retrait pur et dur de la réforme. Entre 218 000 et 400 000 personnes le 7 février, entre 400 000 et 1 million un mois plus tard : la mobilisation grandit, et les manifestants sont rejoints par les syndicats salariés. Le 9 mars, Dominique de Villepin utilise le 49.3 pour adopter le texte sans vote.

De Toulouse à Paris en passant par Strasbourg, La Rochelle ou encore Evry, des dizaines d'universités de France sont paralysées. Le samedi 18 mars, entre 530 000 et 1,5 million de manifestants continuent de défiler, avant la journée du 28 mars, marquée par une grève interprofessionnelle, où entre 1,055 et 3 millions de personnes marchent dans les rues.

31 mars - 10 avril

La pression redouble d'intensité, mais le locataire de Matignon ne flanche pas. Jacques Chirac promulgue, pour sa part, la loi le 31 mars 2006. S'il suspend son application en exigeant qu'un nouveau texte change les points contestés, cela ne suffira pas pour calmer les ardeurs des opposants. 10 jours plus tard, le CPE n'est plus.

"Cela n'a pas été compris par tous, je le regrette"

Le 10 avril, Dominique de Villepin s'exprime. "Depuis plusieurs semaines, notre pays connaît l'agitation. Les désordres dans les universités et les lycées menacent d'affecter la bonne organisation des examens de fin d'année", avance le chef du gouvernement. 

Avant de déclarer : "les conditions nécessaires de confiance et de sérénité ne sont réunies ni du côté des jeunes, ni du côté des entreprises pour permettre l'application du contrat première embauche". 

Alors qu'à cette époque, le taux de chômage des jeunes frôle la barre des 25%, le Premier ministre explique avoir "voulu agir vite, parce que la situation dramatique et le désespoir de beaucoup de jeunes l'exigent (...) Cela n'a pas été compris par tous, je le regrette".