HANDICAP. "Accompagner pour permettre de s’intégrer dans la vie active" : aux Ateliers du Vallon, 50 ans d’inclusion par l’emploi

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  • Patrick Plegat, directeur adjoint de l’ésat, et Christine Tailhades, présidente de la fondation Optéo, ont accueilli plusieurs centainesde visiteurs à Clairvaux, mercredi 12 avril.
    Patrick Plegat, directeur adjoint de l’ésat, et Christine Tailhades, présidente de la fondation Optéo, ont accueilli plusieurs centainesde visiteurs à Clairvaux, mercredi 12 avril. Centre Presse Aveyron - Xavier Buisson
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Xavier Buisson

"Mettre tout en place pour que les personnes accueillies mènent à bien leurs projets de vie." C’est ce que s’efforce de faire, depuis 50 ans aujourd’hui, l’Établissement de service et d’aide par le travail (ésat) de Clairvaux-d’Aveyron, qui a ouvert ses portes aux visiteurs.

Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis ce jour d’octobre 1972, où a été inauguré le centre d’aide par le travail du Vallon. L’établissement accueille alors une quinzaine d’adultes handicapés qui travaillent à la confection de paniers en osier, de gâteaux à la broche ou de paniers de fraises. "La société d’alors les rejetait et à l’époque, les parents n’avaient pas de solution pour leurs enfants handicapés", explique Christine Tailhades, présidente de la fondation Optéo Aveyron-Tarn-et-Garonne.

C’est l’Adapei (Association départementale des parents et amis de personnes handicapées mentales), devenue fondation Optéo depuis, qui décide de fonder ce centre pour combler le vide et répondre à un besoin prégnant. C’est ainsi qu’ont ouvert, simultanément, le tout premier CAT d’Aveyron et, attenant, un foyer d’hébergement.

Des "ouvriers qualifiés en situation de handicap"

Mercredi 12 avril était jour de fête aux Ateliers du Vallon, devenus Établissement de service et d’aide par le travail (ésat), et la mobilisation était générale pour célébrer les 50 ans d’activité au site du Claux, à Clairvaux-d’Aveyron. Actuellement, 72 salariés en situation de handicap travaillent au quotidien aux Ateliers du Vallon. Des "ouvriers qualifiés en situation de handicap", tient à préciser Christine Tailhades, qui explique : "Notre but est de mettre tout en place pour que les personnes mènent à bien leurs projets de vie, de les valoriser."

Mêmes ambitions du côté de Patrick Plegat, directeur adjoint de l’ésat : "Notre métier est de les accompagner pour leur permettre de s’intégrer dans la vie active. Les faire progresser en compétence, qu’elles soient professionnelles ou sociales. Nous travaillons sur un projet de vie avec les personnes accueillies, nous essayons de leur donner de la valeur ajoutée."

Désormais, la production de l’ésat est à mille lieues de celle des débuts, et le temps des gâteaux à la broche ou des paniers en osier est révolu. Agroalimentaire, ferroviaire, cosmétique, industrie… les Ateliers du Vallon "travaillent pour tous les corps de métiers", avec une centaine de clients et un chiffre d’affaires de près de 4 M€, comme le détaille Patrick Plegat, en poste depuis 10 ans.

Fours solaires, composteurs et inserts industriels

Pour exemple, l’ésat confectionne notamment des composteurs, à destination de la communauté d’agglomération du Grand Toulouse, en complémentarité avec les ésat de Martiel et de Sébazac, spécialisés dans la menuiserie. Six cents exemplaires ont déjà été réalisés. Dans un autre domaine, 1 000 bornes interactives ont été fabriquées, elles également de A à Z, pour les enseignes Franprix et Monoprix ; elles permettent de transformer les pièces de monnaie en bons d’achat.

Chaque année, les "ouvriers qualifiés" de l’ésat réalisent aussi un millier de fours solaires, 250 générateurs d’air chaud (des inserts industriels) tandis que d’autres, dans l’un des sept ateliers de Clairvaux, travaillent au montage des bouchons de bouteilles de parfum pour de grandes marques comme Lanvin ou Chanel. Des sociétés "exigeantes sur la qualité", comme le souligne le directeur adjoint.

Douze des 18 salariés des Ateliers du Vallon sont des moniteurs d’atelier. L’établissement dispose d’un parc de machines "très compétitif", à commande numérique, pilotées par les ouvriers une fois qu’ils y ont été formés. Car la finalité est bien là : amener ces salariés vers davantage d’autonomie, une démarche multiple qui passe également par des stages dans des entreprises ou des détachements, et qui débouche parfois sur des embauches en CDI dans de "vraies" entreprises.

Comme c’est le cas, notamment, pour sept anciens de l’ésat aujourd’hui intégrés à l’entreprise villefranchoise Lisi Aerospace. "Un travail bien fait, par des gens rigoureux et polis", selon les retours de l’entreprise.

"Voir ces lieux comme un tremplin, une passerelle"

"Nous travaillons aussi beaucoup sur les codes sociaux : respect de l’autre, ponctualité, régularité", poursuit le directeur adjoint de l’ésat. Avec toujours en tête l’idée de "sortir de l’impasse, de la routine" ces personnes handicapées, rémunérées au Smic ("voire plus") et orientées vers Clairvaux par la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH).

À deux pas des ateliers, le foyer d’hébergement les Claravallis accueille en ce moment 38 personnes. Avec une activité "en décroissance" selon la présidente de la fondation Optéo, de plus en plus de personnes "aspirant à résider en ville". Un nouveau gage de réussite pour les équipes encadrantes dans leur démarche de permettre une inclusion des salariés dans la société.

Mercredi 12 avril, plusieurs centaines de personnes ont défilé à travers les ateliers de production et dans le foyer, pour le plus grand bonheur des salariés et de leurs équipes encadrantes. "Il faut faire évoluer le regard de la société sur ces personnes, mettre plus d’interactions. Il faut qu’ils soient partie prenante de la société comme tout un chacun", affirme Christine Tailhades, qui poursuit : "Il faut davantage voir ces lieux comme un tremplin, une passerelle. Ils ne sont plus destinés à accueillir les personnes handicapées durant toute leur vie comme cela pouvait être dans la tête des fondateurs, il y a 50 ans."

Fondation Optéo : 1 200 salariés pour 48 établissements

La fondation Optéo est le fruit du rapprochement des Adapei de l’Aveyron et du Tarn-et-Garonne, et de sa transformation en fondation reconnue d’utilité publique en 2019. Les 1 200 salariés accompagnent plus de 2 500 personnes en situation de handicap, de la petite enfance à l’âge adulte, au sein de 48 établissements et services.Au-delà de la fondation, il a également été créé une association des amis de la fondation (Adapei 12-82) afin de pérenniser le volet solidarité familiale et défense des droits des personnes en situation de handicap. De ce fait, avec la même histoire, les deux structures œuvrent de façon complémentaire dans un but identique : permettre la qualité de vie des personnes en situation de handicap et apporter un soutien aux aidants.
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