Intelligence artificielle : IRM cardiaques, radiothérapie, l'hôpital de Rodez pionnier aux côtés de neuf autres établissements en France

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  • Les docteurs Cahun (urgences) et Planché (radiologie) se félicitent de "l'aide précieuse" apportée par cette nouvelle technologie.
    Les docteurs Cahun (urgences) et Planché (radiologie) se félicitent de "l'aide précieuse" apportée par cette nouvelle technologie. Centre Presse - Xavier Buisson
Publié le , mis à jour
Xavier Buisson

Pionniers du recours à l'intelligence artificielle dans le département de l'Aveyron, urgences, IRM cardiaques et radiothérapie sont les témoins d'une avancée majeure. Un outil précieux pour l'aide à l'analyse des images, au bénéfice des praticiens, mais aussi (et surtout) de leurs patients. Exemple à l'hôpital Jacques-Puel de Rodez.

Il y a quelques mois, un spécialiste d'un genre nouveau est venu renforcer les effectifs du centre hospitalier Jacques-Puel, à Rodez. À la faveur d'une opération nationale portée par l'ANFH (Association nationale pour la formation permanente du personnel hospitalier), l'hôpital a été retenu, aux côtés de neuf autres établissements de santé, pour une opération d'accompagnement à la mise en œuvre de technologies d'intelligence artificielle.

À l'échelle du Groupement hospitalier de territoire, nous disposons d'un Dossier patient unique, qui permet un suivi des consultations et examens entre les cinq établissements. Il permet aussi le partage des images réalisées (radiographie, mammographie, échographie, scanner, IRM), et, désormais, nous avons en quelque sorte branché l'intelligence artificielle sur ce dossier patient", explique Olivier Pontiès, adjoint au directeur du centre hospitalier Puel. 

Les zones problématiques identifiées automatiquement

Trois secteurs sont pour l'heure concernés par un recours à l'intelligence artificielle. Tout d'abord les urgences, où cette nouvelle technologie est utilisée pour l'analyse des radios standard, permettant de détecter "fractures, épanchements, luxation et toutes les anomalies possibles", poursuit Olivier Pontiès. Une fois l'image réalisée à l'hôpital, elle est envoyée sur les serveurs de Gleamer, l'entreprise française qui porte localement cette technologie. Le cliché revient vers Rodez après une analyse automatique qui met en évidence les zones identifiées comme problématiques.

"Systématiquement, il y a une relecture de l'image par le praticien. Ce n'est pas la machine qui pose le diagnostic, mais c'est un indicateur pour les urgentistes, notamment les plus jeunes, qui sont moins rompus à l'analyse des radios", détaille l'adjoint au directeur. "Nous ne sommes pas radiologues, on peut passer à côté de quelque chose. Cela nous évite de déranger le radiologue, même si l'image sera revue de toute façon", explique le docteur Cahun, cheffe du pôle urgence réanimation. Couplée avec un examen clinique, c'est une aide précieuse pour le service des urgences, même si, comme l'explique le Dr Cahun, "l'intelligence artificielle fait parfois des erreurs".

En radiothérapie, la disparition d'une tâche routinière et chronophage

L'intelligence artificielle est aussi déployée pour le traitement des IRM cardiaques. La démarche est la même : la machine analyse les données recueillies lors de l'examen et attire l'attention du cardiologue sur d'éventuelles pathologies. L'ordinateur réalise aussi des mesures (diamètre des artères par exemple) et peut calculer le flux sanguin. À la clé un gain de temps considérable. En cardiologie, le recours à l'intelligence artificielle est cependant laissé à la discrétion du cardiologue et pas systématisé comme il l'est dans les autres services concernés.

En radiothérapie, troisième et dernier des services concernés actuellement, l'avancée se concrétise par un système de contourage qui permet d'identifier les zones à traiter, un guide bien utile un envoi plus précis des rayons. "C'est un super outil, affirme Clément Champagne, physicien. Auparavant, le contourage des organes à risque était effectué à la main, ce qui demande des connaissances anatomiques complexes". Le temps de traitement par l'intelligence artificielle est ici de 5 à 10 minutes contre deux heures auparavant, lorsque l'humain était à la manœuvre. En radiothérapie, l'intégralité des images est envoyée à l'IA. "Cela nous enlève une tâche très routinière, chronophage, et nous permet de passer plus de temps sur chaque dossier", se félicite Clément Champagne.

Bientôt en mammographie contre les "cancers subtils"

Au mois de juin, les mammographies devraient elles aussi bénéficier de ce renfort numérique. "Stratégique" à l'heure ou le nombre d'opérateurs en radiologie est en diminution, pour Olivier Pontiès, qui poursuit : "Il y a des risques énormes, on ne peut pas se permettre de passer à côté". La technologie analysera les images et les comparera avec celle des examens précédents, sous supervision, là aussi, d'un praticien spécialisé. Les clichés seront systématiquement soumis à l'intelligence artificielle. Explication du Dr Muheysh Mahmoud : "Cela permettra de diminuer le nombre de cancers d'intervalle, que l'on peut rater dans le dépistage. La technologie mettra en évidence des cancers subtils, très difficiles à détecter initialement et aidera à diminuer ce nombre de cancers dits d'intervalle, en détectant de petites anomalies, des lésions bénignes ou malignes. Une aide pour établir le pourcentage de suspicion, ou déceler les micro-nodules que l’on peut rater". En France, chaque année, 4 000 cancers du sein échappent à la vigilance des spécialistes.

Pas de raison, pour l'adjoint au directeur, que les professionnels se sentent menacés par ce nouveau collègue numérique, qui compare cette période avec la situation d'un agriculteur témoin de l'arrivée du cheval ou du tracteur. Du fait de la mise en commun des données par le biais du Dossier patient unique, l'intelligence artificielle bénéficie de fait aux cinq établissements du Groupement hospitalier du Rouergue (Rodez, Villefranche-de-Rouergue, Espalion-Saint-Laurent-d'Olt, Salles-la-Source, Decazeville et Saint-Geniez).

À ce jour, 8 500 analyses ont été réalisées par cette nouvelle technologie, qui sera prochainement au centre d'un congrès (la Journée régionale de l'intelligence artificielle) organisé à Rodez par l'hôpital le 15 juin.

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