Inquiétude autour de pénuries de pilules abortives en France, l'accès à l'avortement va-t-il être limité ?

  • Le ministère de la santé a annoncé mardi l'importation d'Italie de pilules abortives pour faire face aux pénuries. Le ministère de la santé a annoncé mardi l'importation d'Italie de pilules abortives pour faire face aux pénuries.
    Le ministère de la santé a annoncé mardi l'importation d'Italie de pilules abortives pour faire face aux pénuries. MaxPPP
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Centre Presse Aveyron

Alors qu'aux États-Unis, des militants anti-avortement veulent restreindre l’accès à la pilule abortive, la France connaît depuis plusieurs semaines des pénuries de misoprostol, une pilule utilisée pour avorter. Face aux tensions d’approvisionnement, le ministre de la Santé François Braun a annoncé mardi 18 avril l'importation de pilules depuis l’Italie. 

 

Selon l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament (OTMeds), le misoprostol, utilisé dans les avortements médicamenteux, est en pénurie à Lille et en région parisienne. L’OTMeds appelle le ministère de la Santé à "des mesures fortes pour défendre le droit à l’IVG".

L’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament (OTMeds) a alerté dans un récent communiqué sur les pénuries de misoprostol qui touchent actuellement la France, à Lille et en Ile-de-France dans une moindre mesure. Pour rappel, cette molécule est utilisée pour les avortements médicamenteux. L’OTMeds précise que l’alerte a été lancée voici plusieurs semaines et pointe l’inaction du ministre de la Santé François Braun.

"Ce 18 avril, le ministère de la santé François Braun annonce que la France va importer d’Italie des pilules abortives (#misoprostol) pour faire face aux pénuries", a déclaré sur Twitter l’Observatoire de la transparence des médicaments (OTMeds) mardi 18 avril.

? 1/7 Ce 18 avril, le ministère de la santé @FrcsBraun annonce que la France va importer d'Italie des pilules abortives (#misoprostol) pour faire face aux pénuries.
Les alertes sont lancées depuis un mois et demi, et c'est seulement maintenant qu'on entend parler d'une mesure. pic.twitter.com/qJaVTshvFO

— Observatoire Transparence Médicaments (@OTMeds) April 18, 2023

Selon les informations disponibles sur le site de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), mises à jour mardi 18 avril, le Misoone 400 microgrammes est actuellement "en tension d’approvisionnement". La remise à disposition du médicament, l’un des deux disponibles en France à base de misoprostol avec le Gymiso 200 microgrammes, est prévue au 30 avril. Pour le Gymiso, l’ANSM annonce une remise à disposition dès le lundi 17 avril. 

Selon l’Agence européenne des médicaments (EMA), aucun autre pays dans l’UE ne connaît une situation similaire à celle de la France.  

Quelles sont les causes de cette pénurie ?

L'Agence nationale de sécurité du médicament explique que ces pénuries sont liées à des retards de fabrication qu'a rencontrés le laboratoire Nordic Pharma, qui commercialise les deux médicaments à base de misoprostol. L'OTMeds met de son côté en avant le mode de production concentrée, qui rend la chaîne d'approvisionnement particulièrement vulnérable notamment "en cas de problème industriel, d’impuretés, [lorsque] les lignes de production ralentissent ou s’arrêtent". Le misoprostol étant un médicament sous brevet, Nordic Pharma dispose d'une exclusivité. "Il n'y a pas de génériques, ni de produits équivalents", dénonce l'observatoire.

 

Dans un nouveau communiqué daté du 18 avril, l’OTMeds remet en cause le terme de "tension d’approvisionnement " : "Une pénurie se traduit par un contingentement ou une indisponibilité de fait sur un territoire donné. Les témoignages des professionnels montrent qu’il y a bien pénuries de pilules abortives par endroits et par séquences".

Les médicaments utilisés dans 76 % des avortements

En France, l’avortement médicamenteux consiste à prendre successivement deux médicaments. La mifépristone – menacée d’interdiction aux Etats-Unis – qui interrompt la grossesse, puis, 24 à 48 heures plus tard, le misoprostol, qui provoque les contractions et l’expulsion de l’embryon.

"Nous attendons du gouvernement des éclaircissements sur son inaction et des mesures fortes pour défendre le droit à l’IVG et prévenir enfin efficacement les pénuries de médicaments", note l’OTMeds dans son communiqué. L’observatoire réclame notamment des mesures afin de promettre aux femmes des alternatives en cas de pénuries. "En cas de problème industriel, comme une impureté, qui ralentit ou arrête la fabrication, il n’y a aucune solution de repli. Le monopole lié au statut de propriété intellectuelle sur le médicament en question nous prive de solutions alternatives", regrette l’OTMeds.

À noter : Selon les chiffres de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), 76 % des IVG réalisées en France en 2021 étaient des avortements médicamenteux.

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