Adolescent, il avait tué sa belle-mère à Millau : 14 ans de réclusion

  • Le jeune garçon a été condamné à 14 ans de réclusion criminelle.
    Le jeune garçon a été condamné à 14 ans de réclusion criminelle. Centre Presse Aveyron - José A. Torres
Publié le , mis à jour

Après trois jours de procès à huis clos, la cour d'assises de l'Aveyron a condamné ce vendredi un jeune homme tout juste majeur à 14 années de prison pour le meurtre de sa belle-mère, en 2020 à Millau.

Depuis l'âge de 16 ans, il ne connaît que le monde carcéral. Il a été plongé dedans après avoir tué sa belle-mère, la veille de ses 40 ans, d'une trentaine de coups de couteau. C'était au matin du 1er septembre 2020, à Millau. Aujourd'hui tout juste majeur, le visage encore enfantin, il devait répondre de ce meurtre devant la cour d'assises des mineurs de l'Aveyron. Le procès a duré trois jours. Il s'est tenu à huis clos et a plongé les jurés, trois hommes et trois femmes tirés au sort, dans un autre huis clos : celui d'un quotidien pour le moins difficile du jeune garçon, finalement condamné ce vendredi soir à 14 années de prison. Il encourait 15 ans de réclusion. 

Brimades, violences...

Que s'est-il passé ce jour-là ? Pourquoi ce collégien, arrivé en France à l'âge de 11 ans, a-t-il asséné plus de trente coups de couteau à la femme qui partageait la vie de son père depuis de longues années ? À ces questions, les avocates de la défense, Me Lauriane Noto de la Perche et Me Valérie Bentivegna, du barreau de Montpellier, n'ont pas eu de mal à répondre : "C'est une accumulation d'années de brimades, de violences... Il n'en pouvait plus". Face à la cour, le jeune homme s'est confié sur cette histoire peu commune. En Roumanie tout d'abord, où il a grandi aux côtés de sa belle-mère. Rapidement, elle se montre violente à son encontre. On évoque des scènes particulièrement humiliantes, comme le fait de manger dans une gamelle pour chiens, de le mettre à genoux sur des cailloux tout en le frappant... Et bien d'autres. Lorsqu'il a 11 ans, la famille déménage en France. Elle s'installe dans le quartier de Malhourtet, à Millau. Les violences sont moins récurrentes, mais elles existent toujours. Surtout, le jeune homme ne se sent pas considéré comme ses demi-frères. Son père, ouvrier agricole dans le Sud-Aveyron à l'époque des faits et présent lors des trois jours de procès, est comme absent, spectateur de tout cela. À la barre, lors de son témoignage, il confiera qu'il avait demandé à son épouse d'arrêter les maltraitances. En vain. 

"Ce drame était évitable"

Le jeune collégien se réfugie alors dans les jeux vidéo. À l'école, il se confie à l'une de ses camarades de classe sur son quotidien. La mère de celle-ci fera un premier signalement aux services sociaux. Une enquête est menée, elle n'aboutira à rien. L'assistance sociale du collège est également mise dans la confidence. En janvier 2019, un mail est même envoyé au procureur pour alerter sur le sort de l'adolescent. Sa belle-mère est entendue par les policiers. Elle nie tout, ou presque. L'enfant n'est pas placé. Et là encore, les services sociaux laissent passer l'affaire. "Ils ont enfoui tout cela sous le tapis ! Ce drame était évitable. À plusieurs reprises, il a demandé à être placé dans une famille d'accueil. Si on l'avait écouté...", soulignent les avocates de la défense. Elles espèrent désormais "un avenir" pour leur client. "Il est capable de grandes choses, il suit des formations en détention et rêve de devenir éducateur canin", assurent-elles. En 2022, un collège d'experts psychiatres et psychologues avait conclu à un "risque de réitération des faits quasi-nul et à une dangerosité toute aussi faible"... 

Le jury, lui, a décidé d'aller bien au-delà des réquisitions de l'avocate générale, Mathilde Jayais, de dix ans de réclusion. À la surprise générale. 

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