Dans l'assiette des Français, du steak néerlandais, du poulet polonais, du porc espagnol...

  • Quand la viande est d'origine étrangère, elle a surtout été importée d'Irlande ou des Pays-Bas, pour ce qui est du boeuf.
    Quand la viande est d'origine étrangère, elle a surtout été importée d'Irlande ou des Pays-Bas, pour ce qui est du boeuf. industryview / Getty Images
Publié le , mis à jour
Centre Presse Aveyron

La France n'est plus auto-suffisante en matière de production de viande depuis 2014. Et ça lui coûte cher. Si le Brésil, l'Inde et la Chine constituent les premiers producteurs de viande bovine au monde, les steaks d'origine étrangère qui se retrouvent dans l'assiette des Français proviennent pourtant surtout de pays européens, à commencer par les Pays-Bas et l'Irlande.
 

L'Agriculture hexagonale est un modèle auquel les habitants démontrent leur attachement, notamment à l'occasion du Salon international de l'Agriculture qui a reçu entre fin février dernier et début mars 615.000 personnes. La plus grande ferme de France est allée jusqu'à accueillir 700.000 visiteurs en 2014. L'exemple agricole français est d'abord le "fruit d'une histoire et d'une longue tradition d'excellence, la puissance agricole nationale tient avant tout aux savoir-faire de femmes et d'hommes dévoués à leur métier, à l'importance de ses surfaces agricoles couvrant près de 50% du territoire et à son potentiel agronomique élevé", écrit en mai 2019 le Sénat dans un rapport d'informations, qui désigne le pays comme un "champion agricole mondial". Mais il y a quatre ans, la chambre haute du Parlement français s'interrogeait déjà sur la pérennité de ce statut.

Si en 2019, la France était la reine des productions céréalières, de plantes fourragères, de vins et de pommes de terre, selon les données d'Eurostat citées par le Sénat, la production de viande bovine baisse depuis vingt ans tandis que celle du lait peut désormais être comparée à ce qui prévalait au moment de la mise en place des quotas en 1984, "mais avec un effectif de vaches laitières qui a été divisé par deux, ce qui traduit de considérables gains de productivité obtenus par les éleveurs", souligne l'institution française.

Dans son édition du mois d'avril, le magazine professionnel Réussir illustre cette problématique de façon claire et chiffrée en abordant la question de l'origine des importations. Car malgré l'aura internationale du modèle agricole tricolore, la France ne produit pas suffisamment de viande pour nourrir ses habitants. Elle n'est plus auto-suffisante depuis 2014. L'année dernière, le pays a ainsi dépensé pour 1,945 milliard d'euros en viande bovine et 1,732 milliard d'euros en volaille.

Les Pays-Bas, le pays boeuf des Français

Pour savoir d'où viennent les viandes qui atterrissent dans nos assiettes, il faut comparer le tonnage exprimé en équivalent carcasses. C'est précisément ce qu'a réalisé la parution mensuelle. Et cela permet ainsi de réparer certaines idées reçues... Il y a en effet très peu de viande brésilienne dans le repas d'un Français. Si le pays du Corcovado constitue le premier exportateur mondial de viande bovine, comme le confirme l'interprofession française de la viande, les steaks de boeuf vendus en France proviennent surtout des Pays-Bas (90.540 tonnes). Les importations sont complétées par de la viande irlandaise (73.207 tonnes), britannique (53.521 tonnes) et allemande (43.486 tonnes). Par comparaison, la viande brésilienne importée ne représente que 4.616 tonnes.

Un poulet sur trois vient d'ailleurs

Du côté de la volaille, l'augmentation des importations est une tendance à long terme. D'après le Sénat, celles-ci n'alimentaient que 13% de la consommation intérieure en 2000. Cette proportion est passée à 34% en 2017. A cette époque, les achats de poulets et autres dindes polonaises, belges et néerlandaises avaient explosé. Les trois destinations européennes constituent aujourd'hui les principales origines du poulet étranger vendu en France. Le poulet polonais est importé à hauteur de 212.297 tonnes en 2022. Et l'on remarquera les importations anecdotiques en matière de dinde, en provenance d'Allemagne (13.139 tonnes), de Pologne (12.030 tonnes) et d'Italie (6.029 tonnes).

En matière de porc étranger, les Français consomment surtout des produits espagnols, avec 196.400 tonnes importées, devant les 31.000 tonnes de porcs allemands.

Du moment que c'est moins cher...

La présence importante de production étrangère dans l'assiette des Français constitue-t-elle un problème pour les consommateurs ? En ce qui concerne la viande, si la question mérite d'être posée, cette problématique s'avère en fait moins importante dans un contexte de flambée des prix des denrées alimentaires. Dans une étude Harris Interactive pour Réseau Action Climat publiée début avril, le prix s'imposait comme le premier critère d'achat (pour 57% de répondants). L'origine d'un morceau de viande importe pour 51% de Français. Ils étaient pourtant 58% à considérer ce paramètre il y a deux ans...

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?