Rodez : au 71e jour de grève, les agents d'Enedis ne veulent "rien lâcher"
A Saint-Eloi, les agents d'Enedis de l'agglomération ruthénoise n'arrêtent pas la lutte contre la réforme des retraites.
Cela n'a échappé à personne. Depuis janvier, l'accès au local d'Enedis, dans le quartier de Saint-Éloi, est impossible. Les barrières sont baissées, les célèbres camions bleus en travers. Cela fait plus de 70 jours - 71 ce mercredi 26 avril exactement -, que les agents du fournisseur d'énergie tiennent le piquet de grève contre la réforme des retraites.
"On avait jamais autant duré"
"De mémoire, on n'a jamais autant duré. En 1995, le gouvernement avait lâché avant !", souffle un ancien de l'entreprise... En ce début de semaine, il avait le sourire. Avec ses camarades de la CGT, ils ont reçu un soutien de taille.
Un chèque de 20 000 €
De la main du député aveyronnais, Laurent Alexandre, le parti de La France Insoumise leur a remis un chèque de solidarité d'un montant de 20 000€. Une aide bienvenue pour ces grévistes qui, lors du dernier mois de mars, ont vu leurs fiches de salaire largement amputées. Jusqu'à 1 200 € de pertes pour certains.
"Ça commence à tirer pour les fins de mois"
"À la maison, je suis soutenue mais ça commence à tirer pour les fins de mois", ne cache pas l'un d'eux. Pourtant, il se dit toujours aussi "déterminé" et croit encore au recul du gouvernement. "Notre statut dans la fonction publique nous permet de réaliser ces longues grèves avec des concessions. Et si on les fait, c'est pour montrer l'exemple. Cette réforme, on voit que la grande majorité des gens n'en veut pas. Alors, on doit se battre", confie Olivier, 38 ans.
Nous ne sommes pas des privilégiés comme certains peuvent le penser
S'il se félicite d'avoir reçu de nombreux soutiens depuis le début du mouvement, comme des denrées alimentaires de la part de la Confédération paysanne ou encore des chèques d'anciens salariés, lui comme ses collègues veulent surtout insister sur un point : "Nous ne sommes pas des privilégiés comme certains peuvent le penser ! Si l'on se bat, c'est aussi pour nos abonnés. On se bat pour les retraites certes, mais aussi pour le service public et la fin des bénéfices de capitalistes sur le marché de l'énergie. Il faut revenir à des prix raisonnables et un vrai service".
Secrétaire général CGT pour Enedis Aveyron-Lozère, Valentin Couvert le répète à l'envi aussi. Si la grève est reconduite quotidiennement, c'est pour ce retour à un "véritable service public" et "la sortie de l'Arenh (accès régulé à l'électricité nucléaire historique), qui permet aujourd'hui à des capitalistes de s'en mettre plein les poches sur le dos des abonnés alors qu'ils ne produisent rien !"
Quels impacts ?
Les grévistes - jusqu'à 80% de l'entreprise au plus fort du mouvement -, assurent d'ailleurs toujours les astreintes. Et n'ont pas le choix que d'intervenir lorsqu'ils sont réquisitionnés. "On l'a encore fait pour un incendie la semaine passée". Les impacts de cette lutte, historiquement longue, sont avant tout à chercher du côté des chantiers.
"Et quand ce sont les gros qui les commandent. Pour les particuliers, on essaie de se débrouiller", expliquent encore les syndicalistes. Qui furent à plusieurs reprises pointés du doigt lors des opérations de coupure de courant en centre-ville de Rodez ou encore à l'hôpital lors de la venue de la Première ministre, Élisabeth Borne.
Sur ce point, Valentin Couvert répond sans détour : "Ce n'est absolument pas du fait de la CGT Enedis. Jamais cela n'a été décidé lors des assemblées générales ici. Et d'ailleurs, je précise que nous ne sommes pas les seuls à avoir les clés pour couper le courant..."
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