Aveyron : quand des activistes et les forces de l'ordre jouent au chat et à la souris

Abonnés
  • Les gendarmes, certains en motocross, avaient encerclé le site du Crédit Agricole sur le Causse comtal.
    Les gendarmes, certains en motocross, avaient encerclé le site du Crédit Agricole sur le Causse comtal. Centre Presse - Mathieu Roualdès
Publié le

Une poignée de militants opposés la réforme des retraites envisageaient hier matin un blocage du site administratif régional du Crédit Agricole, sur le Causse comtal. Déjouée par les forces de l'ordre, l'action s'est transportée vers... Pôle Emploi, à Rodez.

Emmanuel Macron s'est donné 100 jours pour apaiser le pays. Pour eux, le slogan est différent : "100 jours de mobilisation". Eux, ce sont une poignée d'activistes aveyronnais qui n'entendent pas arrêter la lutte contre la réforme des retraites, avec ou sans les syndicats. Militants de la Confédération paysanne, de La France Insoumise, anticapitalistes... Et surtout anti-Macron. 

"Si on demande à Darmanin, ce sera plus écoterroristes, islamogauchistes, ultragauchistes", sourient-ils. Voilà plusieurs semaines qu'ils se regroupent pour mener diverses actions "coups de poing". Tout se décide sur la messagerie cryptée "Telegram", sous le nom "Enaction12" ou encore "Comité aveyronnais de soutien à la grève reconductible". Le 14 avril dernier, ils s'étaient donné rendez-vous devant la préfecture. Des jets de peinture et d'huile sur la bâtisse avaient entraîné le préfet à déposer une plainte dès le lendemain.

Large dispositif

Hier, le rendez-vous était donné à 10h30 devant les locaux du Crédit Agricole, sur le Causse comtal, "pour venir récupérer des chèques retraites, conscient de l'injustice que la population ressent quant aux bénéfices monstrueux de nos banques..." Mais cette fois, l'information avait fuité. La direction du Crédit Agricole avait invité ses 600 salariés à télétravailler. Le site était donc désert, rien à bloquer pour les manifestants. Et surtout, les forces de l'ordre avaient pris leurs dispositions.

Au rond-point du barreau de Saint-Mayme, à Gages ou encore à Montrozier, des contrôles routiers étaient organisés depuis plusieurs heures. À 10h30 ainsi, les manifestants arrivaient au compte-goutte sur le Causse comtal. Et toujours surveillés de près par des militaires en uniforme, en civil, mais aussi sur des motocross. Les drones étaient également de sortie ! 

"J'ai pris un manche car je n'avais pas mon gilet jaune, c'est un comble !"

"Désolé pour le retard les gars mais j'ai pris un manche car je n'avais pas mon gilet jaune, c'est un comble", se marrait l'un des activistes. Ses camarades, pas franchement nombreux, paraissaient quelque peu refroidis par le dispositif. Rapidement, les plans ont ainsi changé. Le petit groupe a repris le volant, direction Rodez. "Ils vont où ?", s'interrogeaient alors les forces de l'ordre, contraints de suivre ce convoi sauvage roulant au pas et en feux de détresse sur la RD 988 !

Dans la zone commerciale de l'Estreniol, sirène hurlante, un équipage de gendarmerie décide alors d'intercepter la voiture ouvreuse. Tout le monde s'arrête, s'attroupe autour des deux militaires. Le ton n'est plus à la rigolade. Mais face à cette scène quelque peu surréaliste et la menace de blocage du rond-point, les militaires laissent le convoi reprendre la route. Jusqu'à l'entrée de Rodez où les policiers prennent le relais, toujours sans savoir où se dirige le petit groupe. Il finira par investir les locaux de Pôle emploi, vers 11 h 30, face aux regards circonspects des agents.

Les militants dans les locaux de Pôle Emploi.
Les militants dans les locaux de Pôle Emploi. Centre Presse - M. R.

Dans l'accueil, les chants résonnent, les policiers surveillent de près. Entre les deux camps, l'entente est cordiale. Pourtant, on dénonce "les bavures de Sainte-Soline" ou encore "du Viaduc"... Face à la presse, deux militantes tiennent à dénoncer l'expérimentation France Travail, mise en place dans le bassin decazevillois. Puis, le petit groupe quitte les lieux. Il est 12h30. "On file bloquer Burger King ?", lance l'un d'eux. Il est trop tard. Chacun reprend la route de son domicile. Et le promet : "On se revoit très vite, ce n'est que le début de nos actions !". Et du jeu du chat et de la souris avec les forces de l'ordre.

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
L'immobilier à Rodez

450000 €

En exclusivité chez IMMO DE FRANCE, venez vite découvrir cet opportunité d'[...]

Toutes les annonces immobilières de Rodez