Aveyron : l'Epi du Rouergue met la main à la pâte depuis 50 ans, un savoir-faire dont le secret réside dans la culture de l'artisanat

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  • Michel Molinié, le fondateur, entouré de son fils Michel et sa petite-fille Natacha.
    Michel Molinié, le fondateur, entouré de son fils Michel et sa petite-fille Natacha. Centre Presse Aveyron - Olivier Courtil
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Olivier Courtil

Fondé en 1973 en se fédérant autour de Michel Molinié, l’Épi du Rouergue fête son demi-siècle d’histoire. De la fouace qui a fait sa réputation au Nayrac à près de mille références aujourd’hui, retour sur une réussite dont le secret réside dans la culture de l’artisanat.

Le fournil du Nayrac de la famille Molinié a traversé le siècle dernier pour se prolonger à Lioujas où l’Épi du Rouergue fête cette année son demi-siècle d’existence. Michel, le père fondateur de l’Épi en 1973 avec sept autres artisans boulangers venus de Florentin-la-Capelle, Moyrazès, Nuces et Gages, pétrissait la pâte comme le faisaient ses ancêtres. Nommé directeur en 1976, Michel Molinié œuvrait alors dans son village natal et effectuait des tournées comme il s’en fait encore à l’Épi. L’esprit de l’Épi c’est l’esprit d’entreprise.

180 salariés

Cette volonté et cet amour du travail bien fait qui ont fait lever Michel Molinié comme il a fait lever la pâte chaque matin et qu’il perpétue par sa présence. Chaque jour, Michel Molinié se rend au bureau, sa seconde maison, et s’assure du bon fonctionnement en dégustant un morceau de fouace. Fait maison évidemment. "La fouace c’est l’emblème", résume en ce sens son fils, Michel Molinié, arrivé au sein de la boulangerie en 1987 qui a pris les rênes en 2001. Et le pain l’accompagne. L’incontournable Jalousé jamais égalé et désormais la Désirée.

Du pain à la pièce montée

L’Épi du Rouergue propose aujourd’hui près de mille références. Du pain historique, la flûte et la grosse miche qui fondent comme neige au soleil avec l’évolution du mode de consommation, l’entreprise s’est diversifiée.

Outre les pains sans congélation, il est proposé des viennoiseries, pâtisseries, la fouace évidemment (qui peut se commander sur internet en deux versions, briochée et de campagne), les sandwichs en plein essor, les salés (pizza, quiche, feuilleté, etc.), gâteaux secs dont les échaudés à l’anis disponibles aussi en ligne, et les pièces montées pour des événementiels.

Pour accompagner le nouveau laboratoire, l’entreprise a investi dans du matériel qui permet notamment de faciliter la découpe. Il n’en demeure pas moins que la préparation des produits est réalisée à la main comme la pose de fraises françaises en cette saison sur les gâteaux. Le suivi qualité est effectué chaque semaine par le laboratoire Aveyron Labo.


Une réussite qui permet à l’entreprise de compter 20 M€ de chiffre d’affaires et 243 salariés équivalents temps plein soit 180 salariés dont Natacha, petite-fille de Michel, en charge de la communication et responsable des magasins en Aveyron. Car l’Épi exporte son savoir-faire au-delà du Rouergue avec quatorze magasins dans le Sud-Ouest (le dernier en date est celui de Millau en juin dernier) ainsi que le marché couvert d’Albi. "Nous maintenons encore trois tournées mais c’est un service", précisent en chœur Michel et Natacha. Tout comme les marchés qui perdent aussi de la vigueur, avec encore 80 marchés, mais permettent de maintenir le lien.

Pain sans congélation

L’importance du lien qui a permis à l’Épi de fidéliser. Grâce aussi et surtout par la préparation de son pain, sans congélation. Les livraisons sont quotidiennes et le fournil tourne en permanence avec trois cuissons par jour pour répondre à la demande et à cette exigence. "Il faut préserver la qualité", martèle Michel, fier de montrer l’envers du décor, le fournil, la pâtisserie (depuis 2002) et la viennoiserie (depuis 2010). Ainsi, le pain est toujours posé dans les paillasses et les chambres de pousses témoignent du travail de fermentation comme l’est une cave pour le vin.

"Accueilli comme un fils"

Un demi-siècle, ça se fête. Alors pour l’événement, l’Épi diffuse au long cours des témoignages de ces salariés. Ainsi, pour Marion aux ressources humaines : "L’Épi c’est une grande famille de collaborateurs passionnés et fiers de leur métier".

Maison Molinié est en quelque sorte un synonyme de l’Épi. Autre exemple, celui de Céline, agent d’entretien : "A l’Épi, on est à l’aise parce que c’est familial". Ou encore Jean-Bernard, adjoint de direction : "J’ai été accueilli à l’Épi comme un fils".

Une grande maison qui a essaimé avec des nombreux boulangers passés entre les mains des Molinié. Et d’autres, heureusement, qui restent à la grande Maison de l’Épi, comme Clovis, pâtissier : "J’ai été très bien formé et encadré". De l’attachement, de la qualité et un service, celui d’être au plus près des gens, de la réalité, de la ruralité. "Les gens se rendent compte que les services en campagne sont utiles", dit en ce sens David, livreur. L’Épi c’est une famille, une salle éponyme à Lioujas avec une randonnée caritative, pour transmettre le lien. Et avec 160 tonnes de farine par mois, on peut écrire que c’est du lourd !


Nouveau labo : 1,5 M€

Un laboratoire est en cours de construction pour s’adapter au marché. Celui-ci est voué au snacking qui a pris un développement exponentiel avec le Covid. "C’est un gros investissement mais nécessaire d’1,5 M€", précise Michel Molinié qui admet la difficulté, comme dans de nombreux métiers, de trouver de la main-d’œuvre. Et pour mêler tradition avec le souci de l’environnement, un volet recyclage a vu le jour. L’esprit de l’Épi demeure : la qualité en s’appuyant sur des produits locaux comme le blé label Rouge issu du moulin Calvet à Rignac. Sans oublier le tour de main. Celui qui réussit à mettre au point quelque 400 fouaces le vendredi pour se retrouver sur les étals le lendemain dès potron-minet. Avec Michel Molinié, du haut de ses 85 ans, toujours là pour partager un morceau de fouace.

40 000 participants à la tombola pour fêter l'anniversaire

"C’est l’année du partage et de la convivialité", lance Natacha Molinié qui a pris à bras-le-corps les réjouissances pour célébrer les 50 ans de l’Épi. Une tombola (dont la remise des prix a eu lieu le 22 avril dernier) a réuni plus de 40 000 participants pour offrir plus de 20 000 € de lots grâce aux fournisseurs et collaborateurs.

Au moment de l’Épiphanie, huit fèves ont été spécialement fabriquées et des podcasts sont diffusés sur les réseaux sociaux. Des témoignages de salariés et des anecdotes permettent de prolonger le lien. Un lien qui se prolongera en interne le 25 juin autour d’un repas de (grande) famille avec 120 participants. "C’est une fierté pour nous avec l’espoir de prospérer", confie Michel Molinié. L’autre fierté est celle d’avoir essaimé des boulangers un peu partout en Aveyron (dernier en date à Druelle) et ailleurs.

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