"Le printemps a disparu", l'Espagne suffoque sous une vague de chaleur précoce et intense

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    Un épisode de chaleur exceptionnel touche l'Espagne pour un mois d'avril. Illustration - Pixabay
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De notre correspondant à Madrid, Julien Cassan

Le pays subit une canicule exceptionnelle.

"L’été est arrivé : cela devrait être une bonne nouvelle. Le problème, c’est qu’il a deux mois d’avance !" Angel López, retraité de 68 ans, résume la situation en Espagne avec ironie. Depuis mardi, le pays subit une canicule exceptionnelle qui voit les records de chaleur tomber un à un. Avec des températures supérieures de 10 à 15 degrés aux normales saisonnières, l’Espagne découvre avec un certain effroi une nouvelle réalité : celle d’un printemps à 40 degrés.

"L’épisode de chaleur qui frappe l’Espagne est exceptionnel : par sa précocité et par son intensité", explique Rubén del Campo, porte-parole de l’AEMET (Agencia Estatal de Meteorología). "C’est du jamais vu !"

"On passe du manteau au débardeur du jour au lendemain"

Jeudi 27 avril 2023, 38 degrés ont été relevés à Écija, en Andalousie, dans le sud du pays. Cet épisode de chaleur a vu 56 records de températures être pulvérisés au cours de ce qui sera vraisemblablement le mois d’avril le plus chaud depuis que les mesures existent.

À Madrid, où les 33 degrés pourraient être atteints aujourd’hui, le quotidien se complique. La capitale est rompue aux fortes chaleurs, mais elles n’ont jamais été aussi précoces dans l’année. Cela inquiète les météorologues et les habitants. "Dès huit heures du matin, la première chose que je fais en me levant est de baisser les auvents sur mon balcon et de fermer les volets afin d’éviter que le thermomètre à l’intérieur de mon appartement ne dépasse les 28 degrés", nous explique Angel López, dans le quartier populaire de Lavapiés. À quelques mètres de là, sur la place Tirso de Molina, Luisa, agente immobilière, essaie tant bien que mal de se rafraîchir avec son éventail. "Cette année, on passe du manteau au débardeur du jour au lendemain, lance-t-elle. Le printemps a disparu !"

"Moi, cette chaleur m’épuise", nous confie Jean-Louis, touriste auvergnat de 43 ans, rencontré dans la calle Preciados, une des principales artères commerçantes du centre-ville, pourtant recouverte de voiles d’ombrage afin de réduire la chaleur. "Il y a des moments de l’après-midi où c’est vraiment difficile d’être dans la rue", reconnaît-il. Et son épouse de surenchérir : "J’ai même eu des vertiges à cause des températures élevées. On se sent mieux dans les musées avec la climatisation".

Des consignes de sécurité

Salvador, infirmier quinquagénaire, confirme que les organismes ne sont pas préparés à ce changement brusque de température. Depuis le centre de santé Infanta Mercedes, à deux pas du stade Santiago Bernabéu, Salvador nous confie que les enfants et les personnes âgées subissent de plein fouet cet emballement du thermomètre. "Depuis mardi, nous appelons les patients fragiles par téléphone pour prendre de leurs nouvelles et leur rappeler les consignes de sécurité : ne pas sortir aux heures chaudes, se mouiller le corps et surtout bien s’hydrater".

Face à cette vague de chaleur, les autorités essaient tant bien que mal de s’organiser. À Madrid, le gouvernement régional a annoncé un plan d’action. Parmi les mesures annoncées : les 1 500 écoles et collèges de la région peuvent adapter leurs horaires en fonction de la chaleur. "Les cours en extérieur, à l’ombre sont encouragés", explique le document de manière un peu floue. Les piscines, quant à elles, ouvriront cette année dès le 13 mai, soit un mois avant les dates habituelles. Maigre consolation pour une capitale assommée par les rayons du soleil.

Ces températures, anormalement élevées pour le printemps, arrivent dans un contexte de sécheresse aiguë. En Castille-la-Manche, près de Ciudad Real (deux heures en voiture au sud-est de Madrid), il n’est pas tombé une seule goutte de pluie depuis 134 jours. Les agriculteurs sont abattus. José Antonio Martínez a déjà perdu toute sa récolte de céréales à cause de la sécheresse. Maintenant il tremble pour ses vignes qu’il arrose dès à présent. Il est inquiet : "Je ne sais pas si la quantité d’eau autorisée me permettra de tenir jusqu’en août".

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