Cigarettes “puff” : nicotine, addiction, consommation des mineurs, pollution... pourquoi les spécialistes sont inquiets

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  • En France, 13 % des adolescents se sont déjà servis d’une “puff”.
    En France, 13 % des adolescents se sont déjà servis d’une “puff”. J.-M.M.
Publié le
Kelman Marti

Plusieurs personnalités demandent son interdiction d’urgence dans une tribune.

"L’objectif, c’est d’interdire la puff". Le son de cloche est le même pour chaque association de lutte pour la protection de l’environnement ou antitabac ayant signé une tribune dans le journal Le Monde pour demander, à terme, un retrait du marché de ces cigarettes électroniques à usage unique.

Débarquées en France en 2021, elles se sont depuis fait une place à part entière dans les habitudes de consommation de citoyens, essentiellement jeunes. En parallèle, une proposition de loi visant à les interdire a été déposée à l’Assemblée nationale en novembre 2022 et a été signée par plus d’une trentaine de députés de tous horizons. En Allemagne, en Belgique, en Irlande ou même en Nouvelle-Calédonie, elles ont déjà été interdites.

Facilité d’achat

Les raisons qui ont poussé dix associations à inscrire leur nom dans le quotidien de nos confrères se comptent au nombre de quatre. Premier problème et pas des moindres, ces cigarettes d’un nouveau genre sont consommées par des mineurs.

Vendues autour de 9 € tant dans certaines grandes surfaces que dans les bureaux de tabac, ces produits sont faciles d’accès. En 2022, plus de 13 % des adolescents en France révélaient en avoir déjà utilisé, selon un sondage de l’ACT-Alliance contre le tabac.

Pourtant, côté buraliste, on n’entend pas les quelques accusations frappant à la porte. Nathalie Tournour, vendeuse à Tabac le 32, à Montpellier, a un ressenti différent comme d’autres de ses confrères ayant préféré garder l’anonymat. " Notre clientèle est diversifiée. Il y a des personnes de 20, 30 ou 50 ans, mais peu de mineurs du lycée Joffre à côté de chez nous, car ils savent qu’on ne leur en vendra pas. Ils vont plutôt chez Gifi où il y en a en accès libre", raconte la Montpelliéraine, interrompue entre-temps par un client.

Risques pour la santé

Les mineurs arrivent donc à contourner les barrières et à s’en procurer. Outre ce problème, les questions de santé sont au cœur des débats. Car la “puff” contient de "la nicotine qui a un pouvoir addictogène et des effets cardiovasculaires, mais aussi neurotoxiques chez les jeunes, ainsi que des substances irritantes, comme les acroléines", explique Anne Stoebne, présidente du groupe onco-addiction, Unicancer, et signataire de la tribune, qui craint "les effets à long terme", "le pouvoir addictogène" et "la possibilité de transfert vers d’autres produits".

Troisièmement, les “puff” cartonnent chez les jeunes grâce à un marketing bien rodé des différentes marques les proposant à la vente, notamment sur internet. Présentes en masse sur les réseaux sociaux et plus particulièrement sur TikTok, elles visent directement une clientèle d’adolescents. Pour les séduire, elles se servent de leur image “branchée” et des goûts aussi insolites que novateurs tels que cola, mojito ou encore barbe à papa.

Un problème environnemental

Enfin, quatrième problème de taille et qui compte double : la pollution. "D’une part, l’abandon des “puff” pollue à cause des matériaux qui la composent (plastique, métaux rares, lithium)", analyse Diane Beaumenay-Joannet cosignataire et représentante de l’association Surfrider Foundation Europe. Ensuite, "sur les enjeux de recyclage, les “puff” sont en théorie recyclables, mais ne le sont presque pas en pratique, en raison de l’assemblage entre le plastique et la batterie".

Face à tous ces problèmes, "on espère seulement que la loi passera", conclut Muriel Papin, signataire au nom de No plastic in my sea.

 

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