Réforme du lycée pro : formations, stages, rémunérations, les grandes lignes présentées par Emmanuel Macron

  • Emmanuel Macron a présenté les grandes lignes de sa réforme du lycée professionnel, jeudi 4 mai 2023.
    Emmanuel Macron a présenté les grandes lignes de sa réforme du lycée professionnel, jeudi 4 mai 2023. MAXPPP - olivier corsan
Publié le , mis à jour
Quentin Marais

En déplacement à Saintes (Charente-Maritime), ce jeudi 4 mai 2023, le président de la République a présenté la réforme du lycée professionnel et ses objectifs, sous forme de batailles à mener. 

"Je veux que le lycée professionnel redevienne la voie vers l'emploi, et le bon emploi." C'est ainsi qu'Emmanuel Macron a dressé son ambition, en présentant sa réforme du lycée professionnel, ce jeudi 4 mai 2023. À l’intérieur du lycée technologique et professionnel Bernard-Palissy à Saintes, en Charente-Maritime, le chef de l'Etat a dressé son plan de bataille.

"Ces chiffres sont cruels pour nous tous"

Le président de la République a d'abord rappelé qu'en France, "on parle de 621 000 élèves et 64 000 apprentis. C'est-à-dire qu'il y a un lycéen sur trois, dans notre pays, qui rentre en lycée professionnel". Dans sa série de chiffres dévoilés en début de propos, Emmanuel Macron explique que "sur 100 élèves qui entrent en Seconde pro, on en a un tiers qui va décrocher sans bac ou équivalent. On en a 39 qui vont intégrer la vie active avec un bac ou équivalent, mais il y en aura 23 qui seront au chômage à l'issue de leur cursus. Et il y en aura 28 qui s'engageront dans les études supérieures, que presque la moitié d'entre eux ne réussiront pas".

Pour le chef de l'Etat, le constat est clair : "le système est mal fichu. Ce sont moins de 40% des jeunes diplômés de lycée pro qui trouvent un emploi, six mois après l'obtention de leur diplôme. Ces chiffres sont cruels pour nous tous. Si on ne fait rien, on continuera de perpétuer un système qui trahit la promesse à l'égard de notre jeunesse". Selon Emmanuel Macron, "le lycée pro est une cause, parce que ça concerne un tiers de nos jeunes".

Le président de la République annonce ainsi que "nous allons mettre 1 milliard d'euros par an, en plus, sur le lycée pro pour se donner les moyens autour de trois objectifs : nous attaquer au décrochage, lutter pour l'insertion professionnelle et reconnaître l'engagement des enseignants de lycée pro". Voici, dans le détail, les trois "batailles" définies par Emmanuel Macron.

Première bataille : s'attaquer au décrochage

"On a un tiers de décrocheurs : c'est la première bataille", dresse le chef de l'Etat. Pour y remédier, dès la rentrée 2023, "à partir de la 5e, chaque élève se verra proposer, dans son cursus pédagogique, un temps dédié à la découverte des métiers pour éveiller les vocations". Avant même le lycée, ce sont donc les collèges qui seront "beaucoup plus ouverts aux collectivités locales et aux entreprises pour que les métiers et les besoins soient présentés".

Emmanuel Macron a exigé "un effort de vérité au moment de l'orientation". Via le dispositif Affelnet, les familles disposent, cette année, "de taux d'insertion par filière au niveau régional". Ce travail de "transparence" va être poursuivi : "nous afficherons les taux d'insertion et de poursuite d'étude par filière et par établissement, mis au regard du besoin d'emploi. Ce sera prêt pour la prochaine campagne d'Affelnet en avril 2024, et enrichi d'informations sur les rémunérations par filière en avril 2025".

Pour mener cette lutte, le chef de l'Etat a aussi défini le besoin "de donner les moyens aux enseignants de faire davantage de travail en petit groupe, d'avoir plus d'accompagnement individualisé". Selon les besoins, le lycée pourra proposer "des heures de mathématiques et de français". Et dès la rentrée 2023, un dispositif "Tous droits ouverts" sera déployé : "lorsque les professeurs seront inquiets pour un jeune qui décroche, ils pourront agir immédiatement et mobiliser sans délai les bonnes solutions pour éviter de gâcher complètement une année scolaire".

Deuxième bataille : atteindre 100% d'insertion

La deuxième bataille à laquelle s'attaque le président de la République : atteindre 100% d'insertion. "Aujourd'hui, la moitié de ceux qui ont un bac pro et les trois quarts de ceux qui ont un CAP ne parvient pas à trouver un emploi un an après la sortie du lycée, ce qui est une aberration", a fustigé Emmanuel Macron. Pour lui, il faut "adapter beaucoup plus la carte des formations en fonction des besoins".

L'idée sera ainsi de "fermer une formation dans un établissement où il y a un mauvais taux d'accès à l'enseignement supérieur et à l'emploi, de rouvrir les formations où il y a des métiers en tension", et enfin de se tourner vers "une carte des métiers en devenir". Chaque établissement sera informé de ses "taux d'insertion et de poursuite d'études par formation", afin de pouvoir identifier celles qu'il faut ouvrir et fermer. "On doit avoir le courage d'arriver à une carte de formation dynamique".  Et au président de la République de parler d'un autre pilier de cette bataille : l'accompagnement.

"Dès la rentrée 2023, on va monter en charge pour que 100% des élèves volontaires de lycée pro aient un mentor d'ici 2025. Le mentorat permet aux élèves de bénéficier d'un conseil de vie de carrière d'un aîné", rappelle Emmanuel Macron. Cela passera aussi par la construction "d'une année de Terminale sur-mesure" : pour les élèves désirant immédiatement s'insérer bac en poche, la durée des stages sera augmentée de 50%. Pour les autres, ils auront une période de 4 semaines de cours supplémentaires pour mieux préparer leur entrée en BTS". 

Un bureau des entreprises sera également mis en place dans les lycées pro avec, à sa tête, "soit un acteur du marché de l'emploi, soit un enseignant engagé dans la relation école-entreprise". Enfin, le chef de l'Etat a évoqué la rémunération des stages pour les élèves. Elle sera de "50 euros par semaine en 1ere année de CAP et en Seconde, 75 euros par semaine en deuxième année de CAP et en Première, et 100 euros par semaine en Terminale. C'est une mesure de justice et de mérite", a martelé Emmanuel Macron. "L'État prendra à sa charge l'indemnisation de stage".

Troisième bataille : reconnaître l'engagement des enseignants 

"Les élèves du lycée pro ont plus de difficultés qu'ailleurs au départ, et leur prise en charge nécessite du sur-mesure, des actions diverses propres à ces établissements et on doit reconnaître l'engagement des professeurs à la hauteur de ces enjeux", a, enfin, expliqué Emmanuel Macron. Il a d'abord rappelé que "comme pour l'ensemble des enseignants, ils auront entre plus de 1 100 euros et 2 600 euros nets par an, pour tout le monde et sans condition, dès cette année".

Mais au titre du pacte pour le lycée professionnel, "les enseignants auront toute une palette de missions nouvelles". Ainsi, "chaque professeur engagé et volontaire, pourra prétendre, dès cette année, à avoir une augmentation jusqu'à 7 500 euros bruts annuels". Le locataire de l'Elysée rappelle que "le rôle de ces enseignants volontaires sera enrichi, ils deviendront l'interface entre lycée et entreprises, institutions, partenaires et tous les acteurs du service public de l'emploi".

À noter que les proviseurs des lycées professionnels ne seront pas oubliés. "Diriger un lycée pro, c'est aussi faire ce lien entre le monde de l'éducation et du travail. Les proviseurs auront des moyens budgétaires qui leur seront destinés et leur fonction sera aussi pleinement revalorisée dans sa rémunération".

"Si on s'en donne les moyens..."

Le président de la République explique qu'aujourd'hui, "sur les 10 métiers les plus recherchés par les employeurs, 100% sont des diplômes de l'enseignement pro. Dans les 10 métiers où les tensions sont les plus fortes, 8 à 9 sont des diplômes de la voie professionnelle. De même que pour les 15 métiers qui recrutent le plus d'ici 2030, 10 d'entre eux seront des métiers formés par la voie professionnelle".

"Si on se donne les moyens, on a tout pour réussir et relever cette cause", embraye Emmanuel Macron, pour qui "le lycée pro cumule trop de difficultés. Il reproduit les déterminismes". Après avoir rappelé que l'Etat mettra "1 milliard par en en plus sur le lycée pro", le chef de l'Etat insiste. "Le rôle de la nation, c'est de permettre d'avoir dans un lycée du coin, un métier qui mène très loin. À nous de jouer, en étant pragmatique, collectivement, et en ayant au fond comme objectif que l'avenir de nos jeunes et rien d’autre".

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