Mort de Gabriel Maison, le "Père de Bosch" : une page du bassin industriel de l'Aveyron se tourne

  • Gabriel Maison, ex-directeur de l'usine Bosch de l'Aveyron, est décédé samedi 6 mai en Bretagne à 98 ans et 8 mois. Gabriel Maison, ex-directeur de l'usine Bosch de l'Aveyron, est décédé samedi 6 mai en Bretagne à 98 ans et 8 mois.
    Gabriel Maison, ex-directeur de l'usine Bosch de l'Aveyron, est décédé samedi 6 mai en Bretagne à 98 ans et 8 mois.
  • Gabriel Maison a laissé une grande trace dans l'Aveyron.
    Gabriel Maison a laissé une grande trace dans l'Aveyron.
  • Gbriel Maison, sa fille aînée, reine des Bretons, avec la petite Anne-Marie, lors du défilé de la fête bretonne à Rodez en 1967. Gbriel Maison, sa fille aînée, reine des Bretons, avec la petite Anne-Marie, lors du défilé de la fête bretonne à Rodez en 1967.
    Gbriel Maison, sa fille aînée, reine des Bretons, avec la petite Anne-Marie, lors du défilé de la fête bretonne à Rodez en 1967.
Publié le
Béatrice Dillies

Gabriel Maison, qui avait organisé la transition entre la Cepro et Bosch en 1963, vient de décéder en Bretagne dans sa 99e année. Retour sur le parcours d'un homme, directeur financier à l'origine, qui avait su développer l’usine Bosch d’Onet-le-Château, près de Rodez, et qui avait quitté l'Aveyron en 1984 en grand capitaine d'industrie.

Pour tous les Ruthénois, il était le "Père de Bosch". Gabriel Maison est décédé à Saint-Malo, dans sa 99e année. Ses obsèques auront lieu le jeudi 11 mai, à 14 h 30, à Dol-de-Bretagne. "Il s’est endormi paisiblement avec toute sa famille (1) autour de lui ; ça a été très très beau", confie sa fille Anne-Marie.

Pour elle et ses trois frères et sœurs, il était inconcevable d’accompagner ce grand capitaine d’industrie dans sa dernière demeure sans avertir tous ceux qu’il a pu croiser dans l’Aveyron entre 1963 et 1984. "Toute sa vie, il a porté en lui ses 21 ans passés à Rodez. Il n’a jamais oublié son passage en Aveyron."

Une usine passée de 420 à 1 421 salariés en 21 ans

C’est en 1963 que Gabriel Maison débarque à Onet-le-Château précisément, pour organiser la transition entre la Cepro et l’usine Robert Bosch. "À ma prise de fonction, l’effectif était de 420 salariés. À mon départ à la retraite, nous étions 1 421", confiera-t-il non sans fierté, quelques années plus tard, à Pierre-Marie Terral et Adélaïde Maisonabe qui l’interrogeaient pour la rédaction de leur livre "Bosch, Rodez, une ville, une usine", paru en 2011 aux Editions Privat.

Sa participation aux trente glorieuses du bassin industriel ruthénois est passée par de nombreux investissements qui ont permis de moderniser l’usine Robert Bosch qui produisait jusqu’à 750 000 injecteurs par mois en 1984 quand, ils n’étaient que 20 000 à 25 000 à sortir tous les mois de l’usine au début des années 1960. 

Les salariés qui ont connu ce Breton fier de ses racines n’ont pas oublié ses yeux bleus perçants, très expressifs. "Il n’avait pas besoin de parler. Ses yeux parlaient pour lui, soit jovials et rieurs, soit sévères. Quelle intensité il avait dans le regard !"
Sa fille Anne-Marie confirme. "Il était autoritaire, mais aussi juste et humain."

Pilier de l’Amicale des Bretons de l’Aveyron

Très impliqué dans l’agrandissement de l’usine, Gabriel Maison avait aussi mis son caractère de battant au service du club de foot de Rodez et de l’Amicale des Bretons de l’Aveyron. Il avait notamment organisé une fête mémorable le week-end de la Pentecôte en 1967, faisant venir des bagads (groupes en breton), avec défilé dans la vieille ville et danses folkloriques.

Moins connue, sa passion pour la musique. Quand il ne faisait pas entendre sa belle voix de ténor, "le Père de Bosch" aimait se détendre en écoutant « Les pêcheurs de perles » de Bizet. Son opéra préféré, qui l’a accompagné jusqu’à son dernier soupir dans la maison de retraite qu’il avait fini par intégrer il y a un an à Saint-Malo, sept ans après la mort de son épouse.

Avec son décès survenu le 6 mai 2023, c’est toute un page du glorieux passé industriel de Bosch qui se tourne définitivement, dans l’Aveyron. Comme un symbole après l’accord de transition qui, en décembre 2021, a acté l’abandon de la production d’injecteurs diesel de voitures au profit d’une reconversion dans les piles à combustible pour les camions frigorifiques.

Conséquence, une réduction drastique des emplois dont le nombre devrait se stabiliser à 513 en 2028, sur le site d’Onet-le-Château, a promis Heiko Carrie, le directeur général de Bosch France, en octobre 2022. Comme un retour au point de départ.

Mais dans l’Aveyron, l’esprit de Gabriel Maison n’est pas mort avec lui. Ne pas baisser les bras et aller de l’avant pour redresser la barre et voir plus loin, plus haut. Voilà l’héritage du "Père de Bosch" dans un bassin industriel où l’on veut croire en l’avenir.

(1) Gabriel Maison avait 4 enfants, 12 petits enfants et 15 arrière-petits-enfants.

Sa bio express

Sa carrière 

Gabriel Maison a commencé en tant que chef comptable aux Ateliers de Constructions Lavalette à Saint Ouen en 1947. Il a gravi les échelons, jusqu'à devenir directeur des services financier et comptable.
Le Groupe Bosch a racheté Lavalette vers 1963, créant ainsi Bosch Saint Ouen. Gabriel Maison a alors reçu la proposition d’être nommé directeur économique de l’usine CEPRO à Rodez (Compagnie Electro Plastique du Rouergue) où il a exercé ses fonctions du 1er décembre 1963 au 31 décembre 1970, dans la perspective du rachat de l’usine CEPRO par le Groupe Bosch.
À la suite de ce rachat, Monsieur Maison a pris les fonctions de directeur de l’usine Robert Bosch de Rodez le 1er janvier 1971 et, du 1er juillet 77 au 30 septembre 84 celles de directeur administratif de fabrication, Mr Welker assurant la direction technique de fabrication.
Le 30 septembre 1984, Monsieur Maison a cessé ses fonctions pour prendre sa retraite.

L'acteur de la vie ruthénoise

Il a été assesseur auprès du juge pour enfants du Tribunal de Rodez, président d’honneur du club de football de Rodez, membre du Rotary Club de Rodez et secrétaire de l’association, membre du conseil à l’évêché de Rodez, membre conseil de l’organe de réinsertion de la prison de Rodez à l’Abbaye de Bonnecombe, acteur du jumelage Rodez-Bamberg (Allemagne), président fondateur de l’Amicale des Bretons en Aveyron. À souligner aussi, une collaboration active avec l’Union Régionale des Groupements Patronaux de Toulouse, membre du conseil d’administration de Bosch France. 

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Les commentaires (1)
RienCompris Il y a 11 mois Le 11/05/2023 à 09:15

Autre époque, autre industrie. Les trente glorieuses sont loin. L'