Sécheresse dans les Pyrénées-Orientales : "le passage en crise, on n'en voulait pas" regrettent les agriculteurs

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  • L’arrosage est concerné par les restrictions à partir de ce mercredi.
    L’arrosage est concerné par les restrictions à partir de ce mercredi. Illustration - Pixabay
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Martial Merh

Particuliers, collectivités, entreprises, agriculteurs, tous vont éprouver au quotidien un tour de vis supplémentaire qui doit servir aussi de prise de conscience. En effet, arrosage, lavage de véhicules, remplissage et appoint en eau des piscines… ces gestes sont désormais restreints voire interdits. Un « coup dur supplémentaire » pour le monde agricole.

Comme il l’avait annoncé à l’issue du comité ressource en eau, le préfet des Pyrénées-Orientales a pris ce mardi 9 mai 2023 un arrêté passant en “crise sécheresse”, à compter de ce mercredi 10 mai et jusqu’au 13 juin, les bassins-versants et nappes de l’Agly et de la Têt ainsi que les nappes des Aspres et de la bordure côtière.

Bruno Vila, le président de la FDSEA 66 souligne « un coup dur supplémentaire » pour le monde agricole. En effet, le « débit agricole minimal » acté par le ministre de l’Agriculture et formalisé dans l’arrêté préfectoral, va avoir du mal à convaincre des agriculteurs déjà au bord de la crise de nerfs.

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Une lutte acharnée s’est engagée dans les exploitations du Roussillon pour gagner la guerre de l’eau et éviter la catastrophe. Et bien que les agriculteurs évitent l’arrêt total de l’irrigation comme le prévoit en principe l’arrêté de « crise sécheresse », ces nouvelles mesures prises par le préfet sont durement vécues. D’autant que cet arrêté de crise, « on n’en voulait pas », réagissait mardi soir David Massot, arboriculteur dans les Aspres. Alors, que dit l’arrêté en matière d’usage agricole ? Tout d’abord, que l’arrosage des cultures maraîchères est possible mais en réduisant de 80 % l’irrigation en plein champ, et de 50 % pour le goutte-à-goutte, ou encore de 40 % pour les cultures sous-abri.

Sont également possibles l’arrosage des cultures hors-sol, mais en réduisant les prélèvements de 30 % ; l’arrosage des arbres, arbustes et vignes plantés de moins de 3 ans, en réduisant les prélèvements de 50 % ; l’arrosage des arbres, arbustes et vignes plus anciens, en réduisant les prélèvements de 80 % pour l’irrigation en plein champ et de 50 % en goutte à goutte ou micro-aspersion.

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Les agriculteurs, « de loin, les plus sanctionnés »

Voilà le « débit agricole minimal » auquel vont devoir se plier les agriculteurs, « de loin, les plus sanctionnés par cet arrêté préfectoral », comme le fait remarquer Bruno Vila, président de la FDSEA 66. Car ils vont devoir baisser plus encore leur consommation d’eau. Avec le risque de faire souffrir davantage les cultures au moment où les températures remontent.

« Ce qui est inquiétant, c’est la réduction de l’irrigation localisée, c’est-à-dire l’arrosage au goutte-à-goutte qui est le plus significatif dans nos exploitations, notamment l’arboriculture. Il diminue de 25 % ce mercredi, ce qui signifie qu’à partir de maintenant nous arroserons moitié moins que d’habitude. Pareil pour l’arrosage des cultures maraîchères en plein champ qui va se réduire de 80 %, soit 30 % de moins par rapport à l’arrêté précédent. C’est préoccupant pour la saison de l’asperge ou l’artichaut. »

Mardi, la préfecture, dans un communiqué, a déclaré : « Le préfet a tenu à rechercher des modalités de mise en œuvre qui tiennent compte des réalités concrètes des différents usagers et à être à leur écoute. La concertation mise en place a permis d’adapter, dans une logique d’intelligence collective, un certain nombre de dispositions pour, au final, atteindre un maximum d’économie d’eau avec un minimum d’impact économique, social et environnemental. »

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