Nouvelles communes : après le regroupement orchestré en 2016, c'est l’heure du bilan à Sévérac-d’Aveyron

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  • Depuis son élection en 2020, la liste conduite par Edmond Gros a été quelque peu chamboulée.
    Depuis son élection en 2020, la liste conduite par Edmond Gros a été quelque peu chamboulée.
  • Le maire de la commune  de Conques-en-Rouergue, Bernard Lefebvre. Le maire de la commune  de Conques-en-Rouergue, Bernard Lefebvre.
    Le maire de la commune de Conques-en-Rouergue, Bernard Lefebvre.
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Centre Presse Aveyron

Le 1er janvier 2016, les communes du Sévéragais fusionnaient pour former Sévérac-d’Aveyron, l’une des plus vastes communes de France métropolitaine.

Y a-t-il trop de communes en France et en Aveyron ? En mars dernier, la Cour des comptes rendait un rapport accablant sur le nombre de municipalités. Dans le pays, on en compte 34 955, dont la moitié est peuplée de moins de 500 habitants, et 285 dans le département.

De nombreux défauts ?

Selon de nombreuses observations, cette exception française comporterait de nombreux défauts. Faute de budget, les plus petites communes ne pourraient se développer suffisamment, et la crise de représentativité frappant le pays, il serait de plus en plus difficile de trouver des élus, notamment en zone rurale. Face à cela, l’une des solutions envisagées se situe dans le regroupement de communes.

C’est ce qui a été choisi fin 2015 dans le Sévéragais. Quatre communes de ce territoire – Recoules-Prévinquières, Lapanouse, Buzeins et Lavernhe – se sont regroupées au 1er janvier 2016 autour du centre-bourg de Sévérac-le-Château. Pour former Sévérac-d’Aveyron et ses 4 100 habitants. "C’est une situation particulière, juge Aimé Majorel, maire délégué de Buzeins. Dans la majorité des regroupements, ce sont deux communes voisines qui fusionnent, là c’était un plus grand défi."

L'une "des plus vastes communes de France"

"Nous formons l’une des plus vastes communes de France métropolitaine", complète Edmond Gros, maire de Sévérac-d’Aveyron. 208 km² de territoire, pour être précis, qui offrent de plus importantes dotations de la part de l’État. "Ça nous a permis de faire des aménagements dans les plus petites communes, qui ne pouvaient en réaliser sans le regroupement", explique l’édile, faisant référence à des travaux d’assainissement à Lavernhe ou à la station d’épuration de Buzeins.

Un avantage confirmé par Jérôme De Lescure, maire délégué de Lavernhe. "Ce regroupement était indispensable, nous n’avions pas les moyens pour continuer seuls. L’avantage c’est que nous étions habitués à travailler ensemble en communauté de communes, la transition s’est faite assez naturellement. "

Toutefois, malgré cette manne financière, le regroupement n’apporte pas que du positif aux plus petites communes rattachées. "Le dialogue de proximité avec le maire s’est perdu, regrette Jérôme De Lescure. Aujourd’hui nous n’avons que deux représentants pour Lavernhe, et nous avons du mal à en trouver de nouveaux. Certaines personnes ne se reconnaissent plus dans cette nouvelle commune."

"Oui, nous le referions"

Si le statut de maire délégué permet un relais politique dans les ex-communes, se retrouver dilué au sein de ce vaste territoire a pu faire perdre une partie du caractère des villages. "Nous avons perdu un peu d’âme, je ne sais pas si c’est totalement la faute du regroupement, mais nous avons moins d’événements. À terme, il faudra que des associations fortes puissent nous aider à garder notre caractère", exprime le Buzeincol.

Une situation que reconnaît Edmond Gros. " Ce n’est pas encore ancré dans l’esprit de la population que nous formons qu’une seule et même commune. Et puis c’est vrai que même si nous souhaitons équilibrer le tout, on a du mal à bien répartir les investissements entre le bourg centre et les communes historiques." Pourtant, loin de lui l’idée de condamner les villages du Sévéragais à devenir de simples hameaux. "Nous nous sommes engagés en faveur de nos services publics. Ce regroupement n’a pas pour but de fermer les écoles de la commune. C’est avec les écoles que nous pouvons rendre l’ensemble du territoire attractif, cela prouvera la légitimité de ces établissements, même s’ils sont situés hors de Sévérac-le-Château."

Sept ans après, même si le modèle n’est pas parfait, les élus gardent un bilan positif de ce regroupement. "Nous nous entendons bien, il n’y a pas de guerre de clocher ici, ce regroupement est une bonne chose ", affirme Aimé Majorel, ce que complète Edmond Gros.

" Certaines communes fonctionnent avec un budget de 150 000 €, je ne sais pas comment c’est possible. Si nous devions le refaire, oui, nous le referions." Même si à sept ans, soit l’âge de la raison, le défi reste grand du côté de Sévérac. D’autant que, comme le prévoit la loi, au deuxième mandat, le rôle de maire délégué des anciennes communes doit disparaître.

Druelle-Balsac, regroupement de Balsac et Druelle. Le chef-lieu de Druelle-Balsac est situé à Druelle. La population de Druelle-Balsac est de 3 196 habitants. Date d’entrée en vigueur : 2017.

Argences-en-Aubrac, regroupement des six communes d’Alpuech, Graissac, Lacalm, Sainte-Geneviève-sur-Argence, la Terrisse et Vitrac-en-Viadène.

Le chef-lieu d’Argences-en-Aubrac est situé à Sainte-Geneviève-sur-Argence. La population d’Argences-en-Aubrac est de 1 602 habitants. Date d’entrée en vigueur : 2016.

Laissac-Sévérac-l’Église, regroupement de 2 communes : Laissac et Sévérac-l’Église. Le chef-lieu de Laissac-Sévérac-l’Église est situé à Laissac. La population de Laissac-Sévérac-l’Église est de 2 153 habitants. Date d’entrée en vigueur : 2016.

Palmas-d’Aveyron, regroupement des trois communes de Coussergues, Cruéjouls et Palmas. Le chef-lieu de Palmas-d’Aveyron est situé à Palmas. La population de Palmas-d’Aveyron est de 1 028 habitants. Date d’entrée en vigueur : 2016.

Sévérac-d’Aveyron, regroupement de cinq communes de Buzeins, Lapanouse, Lavernhe, Recoules-Prévinquières et Sévérac-le-Château. Le chef-lieu de Sévérac-d’Aveyron est situé à Sévérac-le-Château. La population de Sévérac-d’Aveyron est de 4 100 habitants. Date d’entrée en vigueur : 2016.

Le Bas-Ségala, regroupement des trois communes de la Bastide-l’Évêque, Saint-Salvadou et Vabre-Tizac. Le chef-lieu de Le Bas-Ségala est situé à la Bastide-l’Évêque. La population de Le Bas-Ségala est de 1 576 habitants. Date d’entrée en vigueur : 2016.

Saint-Geniez-d’Olt-et-d’Aubrac, regroupement des deux communes d’Aurelle-Verlac et Saint-Geniez-d’Olt. Le chef-lieu de Saint-Geniez-d’Olt-et-d’Aubrac est situé à Saint-Geniez-d’Olt. La population de Saint-Geniez-d’Olt-et-d’Aubrac est de 2 217 habitants. Date d’entrée en vigueur : 2016.

Un rapprochement pour répondre aux "investissements"

Au fil des années, le regroupement des quatre communes de Conques, Grand-Vabre, Noailhac et Saint-Cyprien-sur-Dourdou est apparu comme une nécessité. "Plusieurs raisons ont motivé ce rapprochement mais il s’agissait avant tout de pouvoir répondre aux questions d’investissements sur les infrastructures, alors que nous étions en fin de dettes", explique Bernard Lefebvre, l’actuel maire de la nouvelle commune de Conques-en-Rouergue, née le 1er janvier 2016.

Le regroupement a donc été une réponse apportée par les collectivités afin de répondre à ces exigences. Mais les premiers pas en tant que commune nouvelle, et agrandie, ont été "laborieux. Nous avons dû fournir un important travail administratif. Mais de ce côté-là, les services de la préfecture nous ont beaucoup épaulés", explique Bernard Lefebvre.

Respecter les différences

"Durant les premiers temps, tous les quinze jours, nous tenions des conseils municipaux où nous étions plusieurs dizaines d’élus. Il fallait tout mettre à plat et surtout définir ce que serait cette nouvelle commune", complète-t-il.

Mais, malgré les difficultés, "nous avons senti un grand enthousiasme et de l’énergie. Il y avait beaucoup à faire mais chacun est venu avec des idées afin de faire avancer dans le bon sens ce rapprochement".

"Une bonne chose"

Aujourd’hui, avec le recul, cette décision s’est avérée être "une bonne chose. Même si certains avaient souhaité mettre en place un référendum. Pour autant, nous avons toujours tenu à respecter les différences de chacun, les identités, des us et coutumes. De temps en temps, un esprit de clocher revient mais dans l’ensemble, chacun est conscient de l’importance de ce rapprochement.". D’ailleurs, régulièrement, des réunions sont organisées avec les associations des villages de cette commune agrandie afin "de connaître leurs besoins et de n’oublier personne".

Pour Bernard Lefebvre, la gestion de cette commune de 1 586 habitants reste " lourde administrativement. Et les contours sont très étendus. Par exemple, l’entretien du réseau routier qui est primordial est bon sur notre commune ". Et dans un même temps, " chacun a pris conscience que le rayonnement de Conques est important et qu’il profite à toutes les communes alentour ", conclut-il.

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