"On veut montrer qu'on l'on ne veut pas mourir" : depuis 1961, sur le terrain pour la survie de la langue occitane

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    Depuis 1961, sur le terrain pour la survie de la langue occitane
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Xavier Buisson

Sans céder au fatalisme ou à la résignation, l’Institut d’études occitanes agit inlassablement, depuis plusieurs décennies, en faveur de la transmission et de la préservation de la langue et de la culture occitane. Et ce en dépit de signaux alarmants comme la baisse, d’année en année, du nombre des élèves aveyronnais suivant un enseignement en occitan ou, plus récemment, la disparition du festival Estivada, que les membres de l’association regrettent amèrement.

Leur but, "par tous les moyens possibles", est de "défendre et promouvoir la langue et la culture occitane". L’Institut d’études occitanes est fort de près de 120 adhérents dans l’Aveyron (des particuliers comme des associations), et tous se mobilisent, au long de l’année, à travers de nombreuses animations.

L’une des plus suivies est la Prima occitana (le Printemps occitan), dont l’édition 2023 a pris fin dimanche 21 avril, à la chapelle royale de Rodez. Plus de 200 personnes ont assisté à un concert du groupe Albada. Un rendez-vous annuel devenu, depuis sa mise en place en 2008, une institution pour les amis de la langue, au même titre que l’autre temps fort annuel : la dictée occitane (photo), ou Dictada occitana, qui a rassemblé en janvier dernier une centaine de participants au centre culturel départemental.

Passejada, parlota, cours, théâtre et concerts

Mais l’IEO porte aussi d’autres actions. Des cours d’occitan hebdomadaires à Rodez (débutants et confirmés) et Villefranche-de-Rouergue et bientôt à Espalion, suivis par une petite trentaine de personnes, un atelier de théâtre à la maison des associations de Rodez, une "Parlota" chaque dernier vendredi du mois à Sébazac, pour échanger autour d’un café, la découverte d’une œuvre occitane tous les deux mois, en présence parfois de son auteur… À l’actif des membres de l’IEO aussi, des "Passejada", des balades à la découverte d’un lieu du département dans les pas d’un connaisseur du secteur, des concerts, chants de Noël…

"Peut-être qu’on disparaîtra"

"On veut montrer qu’on est là, que ça existe, et que l’on ne veut pas mourir. Peut-être qu’on disparaîtra, mais pour nous, il est important de faire notre boulot. L’occitan est une langue intéressante pour des tas de raisons, ne serait-ce que pour savoir d’où l’on vient. Il faut conserver une biodiversité dans les langues régionales, mais pour ça, il faudrait une volonté politique, que l’on nous prenne enfin au sérieux", affirme Yvon Puech, l’un des cinq coprésidents de l’association.

Sans céder au fatalisme, ce dernier ne cache cependant pas son inquiétude quant à l’avenir : "Il n’y a plus de transmission dans les familles, ça a baissé voire disparu, c’est en perte de vitesse. Notre action s’apparente au rugby : on reçoit la balle, on la valorise et on la transmet. Et des fois, on va à l’essai".

Estivada : "Pourquoi démolir ce qui marchait ?"

Pour continuer à faire vivre la langue et la culture, Yvon Puech et Anne-Marie Marc, elle aussi coprésidente, demandent "davantage d’occitan à l’école. L’Éducation nationale et le gouvernement français ne font pas d’efforts très importants pour l’enseignement des langues régionales. À l’école, ce n’est pas la demande qui manque, mais l’offre".

Ils regrettent aussi la disparition du festival Estivada, un "nouveau coup dur porté à une langue déjà en difficulté" : "Rodez était la capitale de l’Occitanie durant quelques jours. Nous regrettons fortement sa suppression. Pourquoi démolir ce qui marchait ? Nous ressentons cela comme du mépris et soutenons le collectif Gardarem l’Estivada", affirment les responsables de l’association qui, dans leur lutte, ne manquent pas de s’inspirer de l’auteur Frédéric Mistral : "Les arbres aux racines profondes sont ceux qui montent haut".

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