Aude Vanzeebroeck, Ruthénoise installée à Mayotte : "C'est un joyau brut où l’on goutte à tous les extrêmes"

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  • Aude Vanzeebroeck – le  jour  de ses trente et un ans – s’épanouit  à Mayotte dans sa vie personnelle comme dans son métier.
    Aude Vanzeebroeck – le jour de ses trente et un ans – s’épanouit à Mayotte dans sa vie personnelle comme dans son métier. Reproduction L'Aveyronnais
Publié le
Emmanuel Pons

Jeune ingénieure à peine trentenaire, Aude Vanzeebroeck a choisi de s’installer à Mayotte, à 8 000 km de chez elle. Malgré l’éloignement et les tensions dans l’archipel, elle ne regrette pas son choix.

Vanzeebroeck. Un nom qui signifie "de la mer et des marais salants", en flamand. La mer (et même l’océan) qu’Aude Vanzeebroeck a retrouvée à Mayotte, loin de son Aveyron natal où elle a vu le jour en 1992, née de parents belges venus à Rodez pour travailler. Son père, Robert, a en effet été directeur des ventes export chez RAGT, durant 22 ans. Alors que sa mère, Viviane, ancienne banquière, s’occupait de leur fille.

Une passion pour les langues

Cette dernière n’a pas suivi la voie paternelle, elle qui a toujours été "très scientifique mais un peu dégoûtée des maths". Après toute sa scolarité dans l’enseignement privé, elle décroche son bac SVT au lycée François-d’Estaing, en 2010, avant de poursuivre à la fac du Mirail de Toulouse pour préparer une licence de langues étrangères appliquées (LEA). Deux langues au programme – anglais et allemand – plus des cours de néerlandais (parlé dans une partie de la Belgique) et de portugais. "J’ai toujours aimé les langues. C’est grâce à ça que j’ai eu mon bac", confirme la jeune femme qui, tout juste diplômée, n’a pas vraiment de projet professionnel en tête. Elle choisit alors de faire une pause et trouve des petits boulots. À Lille, notamment, où elle anime, pour les touristes, des visites guidées, en plusieurs langues, du stade Pierre-Mauroy. Elle envisage de faire des études de prothésiste dentaire mais "ce n’était pas un marché très porteur, avec toutes les prothèses venues de Chine".

"Je suis repartie de zéro"

Elle décide finalement de s’inscrire en DUT génie mécanique à Villeneuve-d’Ascq. "Tous mes amis étaient ingénieur et c’était un secteur qui m’attirait. À 22 ans, je suis repartie à zéro, étudiante en alternance chez Vallourec, à Aulnoye-Aymeris", dans une usine spécialisée dans la conception de tuyaux de forages pétroliers. "Ce qui me rassurait dans ce cursus, c’est que je pouvais travailler dans plein de secteurs différents. C’était pour moi une base pour appréhender les notions de mécanique." DUT en poche, Aude Vanzeebroeck entre à Polytech Lille afin de devenir ingénieure. Une première année en alternance chez EDF, durant quelques mois – "Ça ne m’a pas plu parce que j’étais coincée au bureau alors que je voulais aller sur le terrain" – puis chez Eiffage, en région parisienne dans les travaux spéciaux de microtunneliers. Un secteur qui la passionne au point qu’elle décroche la meilleure note de la promo pour son projet de fin d’études, en 2019.

Le coup de foudre pour Mayotte

Vient ensuite la découverte de Mayotte, en vacances. "J’ai eu envie de travailler là-bas. Deux jours après mon retour, j’ai envoyé une candidature à Sogea, une filiale de Vinci. On a fait un entretien en visio et j’ai été prise dix jours plus tard." Après un dernier chantier au pied de la tour Eiffel, la jeune Aveyronnaise démissionne d’Eiffage et débarque donc à Mayotte, le 31 août 2021. "Mon départ n’a pas été facile à accepter pour mes parents, se souvient-elle. Il faut dire que, la première année, je ne suis pas du tout rentrée."

Aude Vanzeebroeck est ingénieure, conductrice de travaux à Mayotte. La seule femme à occuper ce poste sur l'archipel.
Aude Vanzeebroeck est ingénieure, conductrice de travaux à Mayotte. La seule femme à occuper ce poste sur l'archipel. Reproduction L'Aveyronnais

D’autant plus que l’archipel de l’océan Indien est connu pour la pauvreté de ses habitants et ses tensions, voire ses violences. "Ici, quand tout va bien, ça va très bien. Mais quand ça va mal, ça va vraiment très mal, constate Aude Vanzeebroeck. Mais je m’y plais, avec parfois des moments difficiles." Marqués par de nombreuses coupures d’électricité et un manque d’eau sans précédent. "Mais je savais à quoi m’attendre", admet la Ruthénoise qui est "abonnée aux intoxications alimentaires. La chaîne du froid, ils ne connaissent pas trop."

Pourtant, la jeune ingénieure a trouvé sur place une forme de bonheur. "Je vois les enfants qui jouent pieds nus dans les eaux usées, ça donne du sens à mon travail quand je fais poser des canalisations", dit la conductrice de travaux – la seule de l’archipel – qui est installée avec son compagnon Karim dans la banlieue de Mamoudzou, le chef-lieu de Mayotte. Une île où ses parents viendront bientôt la rejoindre pour passer quelques jours en famille. Et peut-être lui emmener des spécialités aveyronnaises. Elle qui rêve de déguster un aligot saucisse au Bowling du Rouergue…

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