Tour d'Italie : le Haut-Pyrénéen Bruno Armirail voit la vie en rose

  • Premier Français en rose sur le Giro depuis 1999.
    Premier Français en rose sur le Giro depuis 1999. MAXPPP - LUCA ZENNARO
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Reuters

Bruno Armirail est devenu le premier Français du XXIe siècle à endosser le maillot rose de leader du Tour d'Italie ce samedi 20 mai après avoir profité de sa "carte blanche" et de la mansuétude des grands favoris.
 

C'est avec le regard étonné de celui qui avait du mal à y croire que le coureur de Groupama-FDJ, Bruno Armirail, a enfilé une des tuniques les plus prestigieuses du cyclisme, avant de saluer timidement le public de Cassano Magnago, peluche et bouquet de fleurs dans les mains.

"Je n'en reviens pas", a commenté celui qui succède à Laurent Jalabert, dernier Français à avoir porté le rose, en 1999.

Présent dans l'échappée matinale, Armirail, originaire des Hautes-Pyrénées, a terminé 15e de l'étape remportée par l'Allemand Nico Denz avec plus de vingt minutes d'avance sur un peloton assoupi sous une pluie battante.

Au classement général, le Français possède désormais 1 minute 41 secondes d'avance sur le Britannique Geraint Thomas.

Si une victoire finale est difficilement envisageable pour le Haut-Pyrénéen dans ce Giro, surtout au vu de la troisième semaine très montagneuse qui attend le peloton, la prise du maillot rose n'en est pas moins "super pour "l'équipe et un rêve pour moi", a-t-il souligné.

Héros improbable

 Bruno Armirail est un héros plutôt improbable. A 29 ans, il n'a gagné qu'une seule course dans sa carrière professionnelle, le titre de champion de France du contre-la-montre l'an dernier. Dans la vraie vie, il est d'abord un équipier modèle, un gregario, comme ici sur le Giro où il assiste avec brio son leader Thibaut Pinot.

Mais, par la grâce notamment d'un deuxième chrono abouti dimanche dernier (5e), il était toujours placé en embuscade au classement général, pointant samedi matin au 23e rang, à 18 minutes et 37 secondes de Geraint Thomas.

"Bruno est un très bon équipier et il l'a encore prouvé hier, a commenté son directeur sportif Sébastien Joly. Aujourd'hui, Thibaut lui a laissé carte blanche pour le remercier. On est très heureux. Cela faisait très longtemps qu'un Français n'avait pas porté le maillot rose, A sa manière, Bruno entre dans l'histoire."

Et c'était lui le mieux placé des 27 fuyards qui ont pris l'échappée d'entrée lors d'une 14e étape au tracé étrange, avec un gros col d'entrée suivi de 100 kilomètres de plat jusqu'à l'arrivée.

Derrière, le peloton a rapidement laissé filer, et les Ineos de Geraint Thomas étaient trop heureux d'abandonner le maillot rose, et les contraintes qui vont avec, avant, évidemment, d'essayer de le récupérer lors de la troisième semaine.

"Qu'il profite"

"Il n'y avait pas de coureurs dangereux pour le général dans l'échappée et on ne voulait pas gaspiller trop d'énergie dans cette étape. C'était la meilleure chose à faire pour nous", a expliqué le directeur sportif d'Ineos, Matteo Tosatto.

Ce n'est qu'à quelques kilomètres de l'arrivée qu'Armirail a commencé à envisager la vie en rose. "Ce n'était pas vraiment le plan, le but était de prendre l'échappée et de viser la victoire d'étape. C'est devenu une réalité dans les cinq derniers kilomètres, avant je n'y pensais pas vraiment", a-t-il avoué.

Peu importe. Pour Armirail et l'équipe Groupama-FDJ, il s'agit désormais de savourer, comme le lui a conseillé son équipier Rudy Molard qui avait goûté au même plaisir d'être le leader d'un grand Tour sur la dernière Vuelta.

"J'ai hâte d'être à table ce soir pour en parler. Je suis vraiment content pour Bruno, c'est largement mérité", a souligné Molard après avoir donné son vélo dans le final à Thibaut Pinot, victime d'un ennui mécanique.

La priorité de l'équipe reste Pinot, a confirmé Sébastien Joly, et personne dans l'équipe ne s'enflamme à évoquer la succession de Laurent Fignon, troisième et dernier Français à avoir remporté le Tour d'Italie, en 1989, après Jacques Anquetil et Bernard Hinault. "Surtout qu'il profite, a insisté Rudy Molard, car ce sont des moments éphémères. Il faut ouvrir les yeux en grand et savourer chaque moment."

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