Rodez : risque de conflit d'intérêts, tensions, extension... le musée Soulages dans la tourmente

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  • Le musée Soulages s’agrandira-t-il ? À ce jour, la question reste  en suspens en raison d’un imbroglio entre certains élus et le président Alfred Pacquement.
    Le musée Soulages s’agrandira-t-il ? À ce jour, la question reste en suspens en raison d’un imbroglio entre certains élus et le président Alfred Pacquement.
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Dans un rapport confidentiel, l’État indique qu’il y a un "risque de conflit d’intérêts" à la tête du musée Soulages. Ce mercredi, le conseil d’administration doit une nouvelle fois se réunir. Le rendez-vous s’annonce tout aussi tendu que décisif.

Le premier de l’année fut écourté, dans la plus grande confusion et tension. Le deuxième, tout simplement annulé… Ce mercredi, un nouveau conseil d’administration doit se tenir au musée Soulages. Comment se déroulera-t-il, à l’heure où de vives tensions frappent la gouvernance, comme nous le révélions récemment ? Si le projet d’extension du musée est encore à l’ordre du jour, c’est une tout autre question qui promet d’animer les débats : Alfred Pacquement se retrouve-t-il au cœur d’un conflit d’intérêts ? Président de l’EPCC depuis sa création en 2019, l’homme occupe également la fonction de président d’un fonds de dotation nommé "Pierre et Colette Soulages".

Un fonds qui pourrait, selon nos informations, hériter d’une large donation dans les semaines à venir : propriétés foncières du couple, tableaux dont des célèbres Outrenoir du peintre décédé en octobre dernier, archives… Que deviendrait alors cet héritage aux mains de ce fonds ? Les œuvres reviendraient-elles au musée Soulages, comme les élus l’espéraient afin de garnir l’extension de 2 000 m2 estimée à plusieurs millions d’euros, ou s’exposeraient-elles ailleurs ? S’ils ne souhaitent toujours pas aborder le sujet, Arnaud Viala et Christian Teyssèdre auraient perdu toute confiance envers Alfred Pacquement. Ils jugeraient que le musée Soulages pourrait perdre en notoriété dans les années à venir s’il n’avait pas la propriété de cette fameuse donation… "Déjà que nous n’avons pas beaucoup d’Outrenoir ici, comparé par exemple au musée Fabre de Montpellier !", ne cachait pas un proche du maire de Rodez, il y a peu.

L’État y voit "un risque pour la bonne administration"

Partie prenante de l’EPCC et au fait de ces tensions, l’État a récemment tenté de calmer le jeu. Et d’apporter des réponses, à l’aube de ce nouveau conseil d’administration.

Dans un document classé confidentiel remis aux administrateurs, que Centre Presse a pu consulter, le préfet de l’Aveyron analyse la situation. Tout d’abord, sur un point de vue juridique. Et à ce sujet, il est rappelé qu’il n’existe aucune interdiction juridique sur le cumul des fonctions d’Alfred Pacquement. En revanche, " il présente des risques pour la bonne administration du musée ", comme écrit. Et de citer plusieurs exemples : la personne cumulant les deux fonctions pourrait être suspectée de favoriser l’achat d’œuvres provenant du fonds de dotation quel que soit leur prix au regard du marché et de leur valeur. A contrario, il existerait un risque de favoritisme du musée Soulages au détriment d’autres établissements lors de prêts d’œuvres…

Dans sa conclusion, la préfecture indique qu’il " appartient aux membres du conseil d’administration et aux autorités de tutelle d’apprécier si l’activité du fonds de dotation est telle implique de nombreuses interférences avec le musée. Si tel était le cas, la personne assurant la présidence cumulée des deux instances serait alors libre de renoncer à une de ses fonctions ". Alfred Pacquement prendra-t-il cette décision ? Contacté, ce dernier n’a pas souhaité répondre. "Je réserve mes propos au conseil d’administration", nous a-t-il fait savoir.

L'EPCC, cela fonctionne comment ?

En 2019, après cinq années sous contrôle de Rodez Agglomération, le musée Soulages est devenu un établissement public de coopération culturelle. Il est depuis dirigé, à parts égales, par quatre partenaires : l’État, la Région Occitanie, le Département de l’Aveyron ainsi que l’Agglo. Ces derniers sont réunis dans un conseil d’administration, fort de 27 membres. C’est l’instance qui nomme le président de l’EPCC. Depuis 2019, il s’agit d’Alfred Pacquement. Né à Paris en 1948, il fut notamment directeur du musée national d’art moderne au Centre Pompidou ou encore directeur de l’École nationale supérieure des beaux-arts… Décoré à plusieurs reprises par l’État pour son engagement dans le monde culturel, il est à Rodez épaulé depuis les débuts par le directeur du musée, Benoît Decron.

En juin 2022, Alfred Pacquement a été reconduit dans ses fonctions jusqu’en 2025. « Fort de la troisième donation de Pierre Soulages, Alfred Pacquement au cours des trois premières années, de sa présidence a démontré sa capacité à asseoir une dynamique forte pour le musée malgré les difficultés liées à la pandémie […] L’objectif de cette nouvelle mandature est de poursuivre l’augmentation et d’accroître la notoriété, l’attractivité et la fréquentation du musée en développant les partenariats régionaux nationaux et internationaux, ainsi que l’accueil de grandes expositions temporaires », se réjouissait, à l’époque, Étienne Guyot, le préfet de la région Occitanie

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Les commentaires (2)
JCChat Il y a 10 mois Le 23/05/2023 à 07:08

Il serait peut-être intéressant de solliciter chacun des quatre partenaires pour qu'il nous dise quel est son projet pour ce musée.
En d'autres termes, que veut-il en faire ?

Milsabords Il y a 10 mois Le 22/05/2023 à 18:28

La belle success-story aurait du plomb dans l'aile ?