Après le décès de l'infirmière poignardée au CHU de Reims, la sécurité des soignants en question

  • L’émotion, mardi, à l’hôpital Maison Blanche de Reims.
    L’émotion, mardi, à l’hôpital Maison Blanche de Reims. MaxPPP
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Centre Presse Aveyron

Le décès de l’infirmière poignardée provoque une vive émotion. En France, les agressions à l’encontre des médecins ont bondi de 23 % en un an, un record.

C’est "un des drames les plus intenses qui puissent toucher notre nation". Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a décrit, mardi, en une phrase, l’émotion des soignants, bouleversés par la mort de Carène Mezino.

Cette infirmière de 37 ans, agressée au couteau lundi après-midi dans les vestiaires de l’hôpital Maison Blanche, à Reims (Marne), a succombé à ses blessures dans la nuit. "A priori, elle avait taché sa blouse et elle allait se changer. Et elle s’est fait attaquer", a expliqué Valérie Rozalski, secrétaire générale de la CGT au sein de l’établissement. "Beaucoup de personnes pleurent. On a du mal à parler", a-t-elle ajouté, au micro de France Info, alors que les collègues de Carene Mezino, une mère de deux jeunes enfants, décrivent une professionnelle "gentille, drôle et travailleuse".

Des agressions en forte augmentation

Le profil de l’agresseur, un récidiviste suivi médicalement (lire ci-contre) interroge. Le contexte aussi. Cédric Renard, délégué FO au CHU de Reims, dénonce "une recrudescence d’agressivité verbale" vis-à-vis des soignants ces dernières années.

Les statistiques le confirment. Les agressions déclarées par les médecins ont fortement augmenté en 2022, montre le nouveau bilan dressé mardi par le Conseil national de l’ordre des médecins (CNOM). 1 244 agressions à l’encontre de médecins en exercice ont été ainsi signalées en 2022, soit un bond de 23 % sur un an.

"C’est un triste record", fulmine Jean-Jacques Avrane, délégué du CNOM à l’Observatoire de la sécurité des médecins. Les violences verbales et les menaces représentent à elles seules 73 % de ces incidents et les femmes (56 %) et les généralistes y sont plus souvent exposés (71 %). Comme les cardiologues et les psychiatres parmi les spécialistes.

L’Occitanie touchée

Le phénomène s’avère particulièrement prégnant dans les Hauts-de-France et en Île-de-France, mais l’Occitanie n’est pas épargnée avec une centaine de cas en 2022 (104, contre 80 en 2021). L’Hérault est même l’un des départements les plus touchés en France (32 déclarations, + 6) par ces actes qui impactent aussi fortement, notamment, le Gard (16 faits en 2022, + 14).

Ces données ne reflètent, de plus, qu’une partie du phénomène et de nombreux soignants choisissent aussi de ne pas porter plainte. Selon le recensement de l’Ordre des médecins, la violence jaillit le plus souvent après un reproche lié à la prise en charge d’un patient, un refus de prescription (médicament, arrêt de travail) ou un temps d’attente jugé trop long. Quelle réponse l’État peut-il apporter ?

Interpellé mardi lors des questions au gouvernement, à l’Assemblée nationale, le ministre de la Santé, François Braun, a promis de réunir jeudi matin syndicats et représentants des professionnels de santé pour "qu’on voit tout de suite s’il y a des solutions possibles pour améliorer cette sécurité".

Une minute de silence observée ce mercredi dans tous les hôpitaux de France 

Une minute de silence sera observée avant cela, ce mercredi 24 mai dans tous les hôpitaux français, en mémoire de Carène Mezino. Après les trois policiers tués dimanche dans une collision avec un chauffard dans le Nord et l’agent de la direction des routes fauché lundi en Charente-Maritime, "ce sont, en quelques jours, plusieurs de nos agents publics qui sont morts au service de nos concitoyens", a réagi mardi, la Première ministre Elisabeth Borne. "Ils étaient engagés pour les autres, a souligné le Président Emmanuel Macron. Je leur rends hommage."

Les lourds antécédents de l’agresseur

profil L’homme de 57 ans, qui a attaqué au couteau, lundi, deux soignantes à Reims a affirmé, au cours de sa garde à vue, avoir été maltraité plusieurs années dans les milieux psychiatriques et dit en vouloir au personnel soignant. Il a déclaré "qu’à chaque fois qu’il croisera une blouse blanche, il la plantera car il veut se venger", rapporte BFMTV. Selon Le Parisien, l’individu, sous curatelle renforcée depuis plusieurs années, avait déjà blessé quatre salariés d’un centre d’aide par le travail il y a six ans. La justice devait statuer vendredi sur une éventuelle irresponsabilité pénale.
 



 

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