"Nous avons encore la chance de vivre en Aveyron où les gens sont encore respectueux", indique Jean-Marc Calvet, président de l'Association des maires

  • "Heureusement, l'Aveyron reste préservé des agressions envers les élus".
    "Heureusement, l'Aveyron reste préservé des agressions envers les élus". Midi Libre - Vincent ANDORRA
Publié le , mis à jour
Recueilli par Jennifer Franco

Entretien avec Jean-Marc Calvet, le président de l’Association départementale des maires de France en Aveyron. 

L’Aveyron enregistre-t-il beaucoup d’affaires d’agression ?

Lors de sa création en 2020, c’est l’année où on en a enregistré le plus en Aveyron avec sept maires, victimes d’outrages verbaux. En 2022, de connus, il y a en a eu trois dont un signalé au procureur de la République. Nous avons encore la chance en Aveyron de vivre dans un département où les gens sont encore respectueux.

Mais il est vrai que les insultes se multiplient, que nous sommes à portée d’engueulades et que les gens ne se privent pas de nous engueuler. En arriver aux coups, heureusement, je n’en connais pas localement.

Des formations avec les négociateurs du GIGN

Désamorcer un conflit-. En partenariat avec la gendarmerie, des négociateurs du GIGN sont intervenus "pour nous apprendre comment gérer des conflits, les désamorcer, faire tomber la pression", indique Jean-Marc Calvet. Une quarantaine de maires et d’élus ont participé à deux jours de formation.

Quelle réponse judiciaire ?-. L’arsenal législatif s’étoffe. Depuis janvier 2023, une loi adoptée pour permettre aux collectivités de se constituer partie civile en cas d’agression d’un élu. "Il y a une prise en compte de l’état. C’est tout à fait normal d’être solidaire des élus agressés et se soutenir les uns, les autres. Mais il faut poursuivre la pédagogie".

Beaucoup d’administrés surestiment la fonction d’un élu ?

Les gens pensent savoir car ils ont consulté internet. Ils sont informés de leurs droits un peu moins de leurs devoirs. Quand je vois un député qui insulte un ministre à l’Assemblée nationale et que 40 % de la population n’est pas choquée, moi je suis outré. Cela montre le niveau d’exaspération des gens pour accepter cela. On ne peut qu’être soucieux de l’état d’esprit et de malaise des gens. Il y a une individualisation de la société.

Simon Worou, maire de Saint-Juliette-sur-Viaur, victime d’un tag raciste

"Les nègres en Afrique". C’est face à cette inscription raciste que Simon Worou, maire de Sainte-Juliette-sur-Viaur, s’était réveillé le 17 juin 2022, "les yeux rougis, entre colère, tristesse et incompréhension".

L’édile franco-togolais et noir a été élu à la tête de la municipalité en 2014, puis réélu en 2020. Candidat à l’investiture d’En Marche pour les législatives sur la troisième circonscription, il est finalement devenu le suppléant de Jean-François Rousset. "Nous terminons la campagne des Législatives afin de porter un message d’espoir, d’intégration réussie. Que la France est multiculturelle. Que combattre les extrêmes est une nécessité afin que le racisme ne l’emporte jamais […] Sachez, chères personnes qui tentaient de m’empêcher de donner à la France ce qu’elle m’a donné qu’au contraire de me faire baisser les bras vous me poussez encore plus à combattre les extrêmes quel qu’il soit", avait-il alors réagi à l’époque.

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