Aveyron : voici comment se présente la nouvelle campagne pour redonner goût au bio

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  • Les représentants de la filière bio en Aveyron, ici sur l’exploitation de David Argentier, éleveur en ovin lait à Saint-Saturnin-de-Lenne.
    Les représentants de la filière bio en Aveyron, ici sur l’exploitation de David Argentier, éleveur en ovin lait à Saint-Saturnin-de-Lenne. DR
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Olivier Courtil

La section bio de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles, les Jeunes agriculteurs et la chambre d’agriculture de l’Aveyron lancent une campagne de communication.

6 % de baisse pour les produits bio dans la grande distribution, 15 % de baisse dans les magasins spécialisés, 12,7 % de baisse dans l’e-commerce, etc. La filière bio à la vertu verte voit rouge. Et l’Aveyron n’échappe pas à ce constat national. "Avant de convertir d’autres exploitations en bio, il faut déjà garantir un juste prix pour permettre de vivre de notre métier", lâche David Argentier, éleveur en ovin lait bio depuis 2014, à Saint-Saturnin-de-Lenne, où a été lancée la campagne de communication menée conjointement par la section bio de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA), les Jeunes agriculteurs en bio et la chambre d’agriculture de l’Aveyron.

L’agriculture bio est la plus contrôlée

Pendant un mois, le printemps s’annonce "bio" quel que soit le temps. "L’objectif est déjà de rappeler ce qu’est le bio aujourd’hui. On n’oppose pas deux façons de travailler mais l’agriculture bio est la plus contrôlée, sans pesticide et engrais de synthèse, qui respecte le bien-être animal", poursuit l’éleveur de Saint-Saturnin-de-Lenne qui est aussi président de la "mission bio" à la chambre d’agriculture depuis quatre ans et demi. "Cela permet d’échanger, d’aiguiller, de répondre aux questions et d’avoir le ressenti sur le terrain". Et ce ressenti n’est pas bon aujourd’hui. "Les éleveurs en lait de vache souffrent énormément, le porc et la volaille aussi maintenant."

Rencontrer les parlementaires

D’où le souhait de rencontrer prochainement les parlementaires "pour partager notre vision." Une vision qui semble bien éloigner au regard du vote du Sénat le 16 mai dernier pour autoriser l’utilisation de pesticides. En effet, ce texte permet au ministre de l’Agriculture de suspendre l’interdiction de pesticides décidée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Pire, ce texte autorise la pulvérisation de produits phytosanitaires par drones.

Ce recul au moment où le président de la République, Emmanuel Macron, parle de "pause" dans la réglementation environnementale, risque de déboucher sur une inertie aussi dans les négociations entre distributeurs et transformateurs dont les agriculteurs en bio "sont les dindons de la farce".

Partager le gagne-pain

Outre le souhait de partager leur vision, ces derniers voudraient surtout partager la part du gâteau des retombées financières. Sans parler de la loi Egalim. "C’est un levier avec la restauration collective que l’on peut aussi étendre aux hôpitaux ou d’autres établissements", avance David Argentier qui a repris l’exploitation en 2001 pour entamer sa conversion en 2010. "Avec le recul, j’ai fait le bon choix. Cela donne un sens à mon travail."

Un travail différent qu’il estime plus intéressant mais non rémunéré à son juste prix. "Avant j’avais le pansement, aujourd’hui il faut s’adapter. C’est une philosophie, un état d’esprit", confie l’éleveur, conscient d’avoir divisé par deux sa part céréalière mais d’avoir maintenu la part de foin, et surtout "d’être fier de ce choix."

Un choix qui nécessite à adapter sa pratique en fonction de la nature, donc en quête d’innovations alternatives pour le bien-être de la planète.

Un comble que le bio soit en baisse à l’heure où celui-ci s’avère une nécessité "devant être renforcée", appuie David Argentier. Le cap à suivre. Que ce soit pour la planète comme pour les espèces vivantes qui l’habitent en termes de santé. À l’heure où 60 % des oiseaux des champs ont disparu en moins de 40 ans, ce sont les illusions d’un monde tourné vers l’humain qui semblent s’envoler au profit du productivisme intensif.

Repères

1 049 fermes biologiques recensées en Aveyron en 2021 (on en comptait 454 en 2012)

14 % des fermes aveyronnaises sont conduites en bio.

3e département Français en termes de surfaces certifiées avec 76 118 hectares engagés en agriculture biologique.

179 exploitations aveyronnaises en ovins lait bio, 154 en bovins viande, 144 en bovins lait, 121 légumes, 88 fourrages, 73 grandes cultures, 68 en ovin viande.

13 265 exploitations en bio (+12,7 % en 2020) en région Occitanie, la première de France.

De 6 à 12 M€, l’évolution de la vente de bio de 2015 à 2020.

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