INTERVIEW. Traitement des déchets en Aveyron : "les usagers ne doivent pas prendre le tri pour une contrainte"

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  • Florence Cayla est présidentedu Sydom depuis juillet 2022.
    Florence Cayla est présidentedu Sydom depuis juillet 2022. José Antonio Torres
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Paulo Dos Santos

Créé en 2000 afin de trouver des solutions collectives au traitement des déchets au sein de l’Aveyron – un regroupement a été réalisé entre les établissements publics de coopération intercommunale et les syndicats de communes en charge de la collecte des déchets –, le Syndicat de traitement des ordures ménagères (Sydom) gère donc le transport des déchets ménagers vers les sites de traitement, valorise par le recyclage et traite les déchets résiduels des 273 000 habitants du département. En attendant d’autres missions en phase d’expérimentation comme la collecte des biodéchets pour réduire les sacs noirs. Maire de Sébazac-Concourès depuis 2008 et déléguée au Sydom en 2014, Florence Cayla s’est retrouvée à la tête du syndicat en juillet 2022 à la suite de Jean-François Rousset élu en 2020 puis député de la 3e circonscription en juin 2022.

Quand on regarde dans le rétroviseur du tri des déchets, on s’aperçoit que cela n’existe pas depuis très longtemps, à peine deux décennies.

Effectivement, dans les années 2000, il y avait deux incinérateurs, un à Saint-Côme et le second à Camarès. Tous les deux ont d’ailleurs fermé leurs portes en 2003. Toujours au niveau des chiffres, 21 décharges étaient autorisées alors que 200 étaient non autorisées et donc sauvages !

Deux centres d’enfouissement étaient également opérationnels, au Burgas, à Sainte-Radegonde, fermé en 2010, et à Solozard, à Villefranche-de-Rouergue, dont les alvéoles ont été définitivement bâchés en décembre 2018.

Le Syndicat de traitement des ordures ménagères (Sydom) a donc été créé à cette époque.

Il a vu le jour en 2000. Auparavant, la gestion des déchets était administrée par le conseil départemental. Le premier chantier du Département a été de construire un centre de tri pour les sacs jaunes, à Millau. Il a été mis en service un an plus tard et il a rejoint le giron du Sydom en 2004. Au fil des années, il a connu certaines modifications afin de traiter les sacs jaunes, bien entendu, puis les déchets verts, et les sacs noirs avec un quai de transfert qui permettait, ensuite, de les envoyer vers le bioréacteur Trifyl, dans le Tarn.

Les nouvelles consignes de tri ont-elles amené des changements dans ce centre de tri millavois ?

Depuis novembre 2021, et ces nouvelles consignes de tri, nous avons réalisé des investissements pour 23 M€, au niveau des bâtiments et du process (lire pages 4 à 9). Nous avons également créé un centre pédagogique, qui sera inauguré le 21 juin, pour permettre à tous de découvrir le fonctionnement d’un centre de tri. C’est un sujet important, mais qui reste, malheureusement, très opaque pour la plupart.

En termes de communication, nous devons continuellement nous réinventer. Les gens sont réceptifs, ont intégré forcément les couleurs, s’y tiennent, un certain temps, avant d’oublier un petit peu. C’est pour cela que nous devons sans cesse communiquer.

Pour ces investissements, nous avons été subventionnés par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), la Région, Citeo et le Département pour un montant total d’un peu plus de 3 M€.

Quelle est la capacité de ce centre de tri ?

Elle est de 25 000 tonnes. Actuellement, nous gérons 18 000 tonnes, plus 1 900 tonnes qui arrivent du syndicat de Lozère.

"Depuis 2021, la collecte sélective a augmenté de 4kg par habitant"

Sur un plan plus général, comment se passe, aujourd’hui, le traitement des ordures ménagères ?

C’est un secret de Polichinelle ! Nous avons affaire à beaucoup plus de déchets qu’auparavant, ne serait-ce parce que les emballages se sont multipliés. La consommation a évolué, pas forcément dans le bon sens en termes d’environnement.

Le constat étant fait, nous devons nous adapter. Par exemple, depuis 2021, la collecte sélective a augmenté de 4 kg par habitant. Dans ce cas, le Sydom doit apporter des réponses afin que cette collecte sélective soit cohérente. Il ne faut pas que les usagers prennent ça pour une contrainte…

La future ouverture de l’usine Kéréa, à Viviez, va donner une nouvelle perspective au traitement des déchets. Même si, visiblement, cela a amené également son lot d’opposants.

Force est de reconnaître que cela a été un véritable cheval de bataille pour mes prédécesseurs. De toute façon, il n’était plus possible de continuer avec les Tarnais de Trifyl, à la fois car leur fonctionnement va évoluer mais, surtout, il était important de réduire les kilomètres effectués par les camions. Après, nous savons tous que c’est une usine essentielle pour le département mais que personne n’en veut près de chez soi.

Dans notre appel d’offres et au niveau du cahier des charges, il était demandé au futur gestionnaire de proposer un terrain pour l’accueillir. Et, la société Solena est arrivée avec des hectares situés à Viviez. Je peux néanmoins comprendre l’émoi et la colère de certains habitants.

En chiffres

75 € : Le coût à la tonne (HT) pour la collectivité en ce qui concerne les sacs jaunes.

140 € : Le coût à la tonne (HT) pour les sacs noirs ; une taxe en constante augmentation.

100 % : Tous les sacs noirs sont envoyés au bioréacteur Trifyl, dans le Tarn.

30 % : L’objectif, une fois l’ouverture de l’usine Kéréa, à Viviez, le 1er janvier 2025, sera de valoriser 70 % des sacs noirs.

17 381 : En tonnes, la collecte des emballages (sans le papier), soit 63,6 kg par habitant et par an.

72 174 : En tonnes, le transport

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