La fin de vie : quel est le point de vue des Aveyronnais ?

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  • Natalie Hanseler Corréard, médecin généraliste retraitée, est favorable à la légalisation d’une aide active à mourir.
    Natalie Hanseler Corréard, médecin généraliste retraitée, est favorable à la légalisation d’une aide active à mourir. Centre Presse Aveyron - Alexia Ott
  • Jean-Luc Calmels, délégué départemental de l’ADMD, milite pour une loi autorisant l’aide active à mourir. Jean-Luc Calmels, délégué départemental de l’ADMD, milite pour une loi autorisant l’aide active à mourir.
    Jean-Luc Calmels, délégué départemental de l’ADMD, milite pour une loi autorisant l’aide active à mourir. Reproduction Centre Presse Aveyron
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Alexia Ott

Selon un sondage de l’Ifop, 78 % des Français attendent de la convention citoyenne sur la fin de vie qu’elle légalise l’aide active à mourir. Un combat que mène localement Jean-Luc Calmels, délégué de l’Aveyron de l’association pour mourir dans le droit de la dignité.

La fin de vie est actuellement au cœur du débat politique. La décision de la convention citoyenne, rendue le mois dernier, est sans appel. Elle juge "nécessaire" d’autoriser le suicide assisté et l’euthanasie. En réponse, Emmanuel Macron a annoncé un plan décennal national pour les soins palliatifs et la prise en charge de la douleur. Une décision que Jean-Luc Calmels, délégué de l’Aveyron de l’association pour mourir dans le droit de la dignité (ADMD), qui milite pour un accès universel aux soins palliatifs et une loi légalisant le suicide assisté et l’euthanasie, ne juge pas satisfaisante et qualifie de "gain de temps".

Pourquoi vouloir trouver des arguments pour ne pas légiférer ?

Dernièrement, les ministres Olivier Véran et Agnès Firmin le Bodo ont missionné France assos santé nationale pour mener une consultation de son réseau sur la question de la fin de vie, avant l’été. C’est l’incompréhension pour Jean-Luc Calmels. "Comment expliquer qu’après autant d’avis et de consultations diverses, on en soit encore là ? Pour repousser l’inéluctable nécessité de légiférer ? Pour trouver des arguments pour ne pas légiférer ?" Une enquête qui, selon lui, ne peut refléter que très imparfaitement la réalité des situations délicates de fin de vie.

Ancien contrôleur aérien de parents aveyronnais, Jean-Luc Calmels s’est installé, à Saint-Cyprien-sur-Dourdou, à la retraite. À 67 ans, en plus de ses activités de conseiller municipal à Conques et de président de l’accueil de jour les Myosotis à Saint-Cyprien, il mène des actions pour la légalisation de l’aide active à mourir. "Je pense qu’il serait nécessaire d’arriver à cette loi républicaine. La liberté est l’esprit qui doit l’animer, donnant la possibilité à chacun d’avoir le choix. Une loi qui repose sur un principe d’égalité, législative et financière, et de fraternité."

Les trois députés aveyronnais se sont déclarés favorables

Il évoque néanmoins la difficulté de réunir les 330 à 350 membres de l’association sur le département. La moyenne d’âge élevée des adhérents, la difficulté à se déplacer pour certains, le département étant majoritairement rural, la crise sanitaire, la réforme des retraites qui occupent largement l’espace médiatique ces derniers temps… Il atteste pourtant, en s’appuyant sur les sondages réalisés dans la dernière décennie, que la majorité des Français veulent cette loi. Quant aux trois députés aveyronnais, ils se sont déclarés favorables à l’aide active à mourir lors de réunions publiques.

Chez les médecins, il y a deux sons de cloche. En septembre 2022, l’ordre des médecins s’est déclaré "défavorable à l’euthanasie". Or, cette décision ne reflète pas le positionnement de tous les professionnels. Natalie Hanseler Corréard, médecin généraliste retraitée depuis début 2020, anciennement installée à Saint-Cyprien-sur-Dourdou pendant 12 ans et membre du Conseil de l’ordre des médecins départemental et régional, est favorable à la légalisation d’une aide active à mourir.

Selon son avis personnel qu’elle s’est forgé au fur et à mesure de sa carrière, en étant en contact direct avec des personnes vivant des fins de vie terribles, "la mort fait partie de la vie des patients, on ne peut pas retirer cette liberté aux gens de choisir". Elle est consciente que de nombreux médecins ne partagent pas son avis. "La fin de vie devrait être gérée par la société, dans un cadre juridique, et ne pas reposer sur les épaules des médecins. Il faut dégager la responsabilité des médecins, sinon on n’avancera pas."

L’encadrement de la fin de vie par une loi légalisant l’euthanasie et le suicide assisté est essentiel selon elle, et pourrait empêcher des excès et créer un dialogue entre la personne en fin de vie et son entourage, le but étant d’apaiser les familles.

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