Salmiech. Jean-Yves Bonnet s’en est allé…

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  • Jean-Yves Bonnet sur son cheval.
    Jean-Yves Bonnet sur son cheval.
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CORRESPONDANT

Né à Salmiech, Jean-Yves Bonnet était profondément attaché à son village. Il y a connu, dans son enfance, une vie agricole encore associée au cheval.

Au mur de l’Auberge du Céor, que tenait sa famille, des anneaux étaient accrochés pour les chevaux, et deux maréchaux-ferrants rivalisaient dès le matin en tapant sur leurs enclumes. "Je suis né à l’époque du cheval et sous son signe car je suis Sagittaire", confiait-il en expliquant sa fascination pour cet animal à qui il allait consacrer toute sa vie ; une vie qui le mènerait bien loin de son Aveyron natal, en Espagne, au Maroc, en Camargue et partout en France où il défendrait une équitation basée sur une nouvelle approche du cheval faite d’observation et de sentiment. Sa renommée, qui avait dépassé les frontières de la France, lui valut de nombreuses propositions de travail, mais il ne pouvait s’échapper trop longtemps de son village.

Grâce à lui, le nom de Salmiech apparaissait dans journal Le Monde dès les années 1970, l’école d’équitation qu’il y avait créée offrait aux cavaliers la possibilité de s’échapper des manèges pour découvrir les sentiers de randonnée – une nouveauté pour l’époque.

Avec lui, ce fut le début de la démocratisation de l’équitation, et Salmiech devint le centre d’innovations en la matière : la randonnée probatoire de la première promotion des maîtres randonneurs qui ont fondé l’Association National du Tourisme Équestre a relié Salmiech à la Tour de Peyrebrune. C’est à Salmiech qu’auront lieu les premiers championnats de France de voltige en cercle et sur ligne droite en 1978. C’est de Salmiech que partira ou arrivera la Route du sel, créée en 1984. Passionné par l’histoire, il a conçu les premiers spectacles équestres en France en organisant des tournois médiévaux dans des lieux aussi prestigieux que Carcassonne. Celle de son village, qui le passionnait, l’amènerait à partir sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle, sur les pas des Salmiéchois qui avaient suivi en Espagne un autre enfant du pays, Bérenger de Landorre, nommé archevêque de Compostelle en 1317.

Accompagné de son fidèle ami Pinpin, il mettrait quinze jours pour relier Salmiech à Compostelle, montant en alternance ses juments Fanette, Florida, Cabriole et Jamaïque.

À l’école d’équitation, on pouvait croiser des sommités du monde équestre, son ami Denys Colomb de Daunan, l’auteur de Crin-Blanc, le cavalier espagnol Angel Perralta, le crack jockey Yves Saint-Martin, l’artiste équestre Lorenzo pour n’en citer que quelques-uns. C’est là, également, qu’il forma nombre de cavaliers qui allaient briller notamment dans le monde de la voltige et de la cascade.

Jean-Yves Bonnet fut un précurseur qui refusait d’enfermer le cheval dans une discipline, n’hésitant pas à monter ses chevaux de Haute École en randonnée ou en spectacle.

À Salmiech, ce petit village niché dans une boucle du Céor, tant de gens connus et inconnus sont venus, attirés par sa personnalité et son savoir. Il restera cette figure incontournable qu’on découvrait au détour d’un sentier, suivi par des cavaliers que fascinait son amour de la nature et à qui il demandait d’écouter le silence.

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