Football : Bordeaux-Rodez, après l’arrêt, le temps des questions

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  • Lucas Buadès est resté allongé sur la pelouse de longues minutes après son agression.
    Lucas Buadès est resté allongé sur la pelouse de longues minutes après son agression. Centre Presse Aveyron - Jean-Louis Bories
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Après l’interruption de son match à Bordeaux, vendredi 2 juin, de nombreuses incertitudes entourent le Raf, dont l’avenir se jouera en partie devant la commission de discipline de la Ligue, lundi 4 juin.

La saison n’est toujours pas terminée. Au lendemain de la 38e journée de Ligue 2, le sort du Rodez Aveyron football est encore en attente. Son match à Bordeaux, vendredi 2 juin, a été arrêté par l’arbitre à la 23e minute de jeu au moment où Lucas Buadès a été agressé par un spectateur descendu des tribunes, alors que le milieu droit venait d’ouvrir le score.

Le club sang et or, qui disputait en Gironde une rencontre déterminante pour son maintien, est désormais suspendu aux décisions à venir de la Ligue de football professionnel, afin de connaître son avenir sportif.

Que dit le règlement ?

La décision de la commission de discipline de la LFP, qui se réunit lundi 4 juin, doit permettre d’en savoir plus. Elle va tout d’abord statuer sur le cas de Bordeaux, en tant qu’organisateur. "Le club recevant est tenu d’assurer, en qualité d’organisateur de la rencontre, la sécurité et le bon déroulement de cette dernière. Il est à ce titre responsable des faits commis par des spectateurs", indique le règlement disciplinaire de la Ligue.

En ce qui concerne un "envahissement de terrain de nature hostile", selon les termes consacrés, la sanction indicative correspondante est un huis clos total ou partiel. Mais en fonction des circonstances, l’éventail des peines possibles est bien plus large, et comprend notamment la perte du match par pénalité. Ce qui signifierait donc une victoire de Rodez 3-0 sur tapis vert.

Si ce n’est pas le cas, la rencontre sera probablement à rejouer. Et selon les règles en vigueur en France, il faudrait alors disputer l’intégralité de la partie, avec un score revenu à 0-0.

Quels sont les précédents ?

Ces derniers temps, plusieurs cas de matches arrêtés ont été répertoriés dans les divisions professionnelles françaises. La saison dernière, les rencontres Nice-Marseille et Lyon-Marseille ont été rejouées après des jets de projectile sur le Marseillais Dimitri Payet, ainsi que des heurts entre joueurs et supporters lors du premier cas, alors que le score au moment de l’arrêt était de 1-0 pour Nice. L’autre rencontre avait quant à elle été interrompue dans les toutes premières minutes, à 0-0. À chaque fois, le match a été rejoué à huis clos (et même sur terrain neutre pour Nice-OM), environ deux mois après les faits.

En 2017, la commission de discipline avait prononcé un match perdu sur tapis vert à l’encontre de Bastia, en raison de plusieurs incidents face à Lyon, mêlant des supporters puis un dirigeant corse.

Pourquoi le contexte est-il différent des autres fois ?

Contrairement aux autres cas évoqués, l’arrêt de la rencontre Bordeaux-Rodez pose un problème unique, car elle compte pour la dernière journée de la saison. Ce qui pourrait réduire les chances de rejouer le match, au nom de l’équité sportive, car les affiches des deux dernières journées sont censées se dérouler au même moment.

L’avis de la commission va être d’autant plus sensible que les deux équipes sont concernées par un enjeu sportif : la montée pour les Girondins, le maintien pour les sang et or. En cas de match à rejouer, Bordeaux aurait encore la possibilité de dépasser Metz pour s’emparer de la deuxième place, à condition de s’imposer par au moins cinq buts d’écart. Du moins, si la sanction ne comprend pas un retrait de point qui les mettrait définitivement hors course.

Du côté des Ruthénois, relégables après les autres résultats de la 38e journée, une victoire sur tapis vert permettrait de dépasser Annecy et d’assurer le maintien. Si le match devait être rejoué, ils devront impérativement s’imposer pour sortir de la zone rouge. La décision de la LFP va donc avoir un impact majeur sur deux autres clubs qui n’ont pas été impliqués dans les événements en question, ni comme victime ni comme responsable.

Concernant la course au maintien, le problème de l’éthique sportive va se poser. À moins d’un revirement de jurisprudence toujours possible, la décision de la Ligue va forcément aboutir à une décision qui paraîtra injuste à l’un des deux protagonistes. Elle va soit demander aux Aveyronnais de recommencer un match décisif au cours duquel ils menaient avant une interruption pour un événement qui n’est pas de leur fait, soit entériner la relégation d’Annecy en prononçant la victoire sur tapis vert du Raf.

Quelle est la position des clubs concernés ?

Gérard Lopez, le président de Bordeaux, a pris la parole brièvement devant la presse, vendredi 2 juin, plus d’une heure après l’annonce de l’arrêt de la rencontre. "J’aimerais que ça se joue sportivement et sur un terrain, ça reste du foot, a déclaré le dirigeant. On sera présent en commission lundi et on fera valoir tous nos droits, ainsi qu’en appel si jamais il le fallait."

Désireux de rejouer, le club girondin a d’ailleurs décalé les vacances de ses joueurs d’une semaine. La thèse du retour sur le terrain est également souhaitée à Annecy. "On a terminé notre championnat et on voit qu’on est 16e, donc pas relégué. On va suivre l’évolution de Bordeaux-Rodez de près mais il n’est pas concevable de se retrouver en National pour un match arrêté à la 22e minute, a lancé Sébastien Faraglia, le président haut-savoyard, dans les colonnes du Dauphiné Libéré. Cela créerait une inégalité certaine. Soit ils reprennent le match, soit ils rejouent à huis clos. Je ne vois pas pourquoi Rodez aurait match gagné dans ces conditions."

La position inverse est défendue à Metz. "Ce n’est pas possible que Rodez soit pénalisé à la suite de l’agression d’un de ses joueurs, a argumenté Bernard Serin, le président du club lorrain. Je ne vois pas comment on pourrait offrir à Bordeaux la possibilité de rejouer ce match."

Ce sont finalement les Ruthénois qui se sont montrés les plus mesurés. "Un match ne se joue jamais après la fin d’un championnat, ce n’est pas possible d’après les règles mais on se pliera à la décision de la Ligue", a annoncé Pierre-Olivier Murat, le boss du Raf.

Au fond, ce sont eux qui se trouvent dans la position la plus bancale : il leur est difficile d’annoncer ne pas vouloir rejouer, au risque de passer pour ceux qui refusent le verdict du terrain. Toujours est-il que les joueurs sont en vacances, certains ont déjà quitté l’Aveyron, et ne sont pas dans les meilleures dispositions pour rechausser les crampons ces prochains jours, le cas échéant.

A quand le verdict ?

La décision de la commission de discipline attendue lundi devrait permettre d’en savoir plus. Mais pas sûr qu’il s’agisse d’un point d’arrivée pour autant. À l’image de ce qu’a déclaré Gérard Lopez, les clubs s’estimant lésés pourraient être tentés de faire des recours. Il se pourrait donc que l’épilogue ne soit pas pour tout de suite.

Sans oublier que d’autres rebondissements extra-sportifs pourraient survenir dans les prochaines semaines, avec les passages des clubs devant la Direction nationale de contrôle et de gestion, le gendarme financier du football. Quelque chose nous dit que la saison est encore loin d’être terminée…

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Les commentaires (1)
Titoues Il y a 10 mois Le 03/06/2023 à 21:39

Soutien TOTAL à Lucas et au club de Rodez, la punition doit être exemplaire, Bordeaux doit être exclus du championnat et rétrogradé comme cela se fait en district ou en ligue....cela repêcherait Annecy.... C'est la 1ére fois qu 'un joueur se fait agresser physiquement en pro...