Rodez. Aveyron : comment Pierre Soulages a mis le noir en pleine lumière

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  • Pierre Soulages faceà lui-même. Le peintrede l’Outrenoir devantl’un de ses portraits photographiques, au muséede Rodez, en novembre 2014.
    Pierre Soulages faceà lui-même. Le peintrede l’Outrenoir devantl’un de ses portraits photographiques, au muséede Rodez, en novembre 2014. J.B.
  • Comment Pierre Soulages a mis le noir en pleine lumière Comment Pierre Soulages a mis le noir en pleine lumière
    Comment Pierre Soulages a mis le noir en pleine lumière
Publié le
Joel Born

Actes Sud vient de publier "Soulages, D’une rive à l’autre", un ouvrage fort enrichissant dans lequel les auteurs nous éclairent un peu plus sur l’œuvre et le cheminement du peintre natif de Rodez.

Pierre Soulages est l’un des peintres contemporains qui ont le plus suscité d’interrogations et dont la biographie est la plus importante. Son œuvre, incomparable, unique, ne cesse néanmoins d’interpeller, de questionner. Et de susciter nombre d’interprétations.

Actes Sud vient de publier Soulages, D’une rive à l’autre, de Michaël de Saint-Chéron et Matthieu Séguéla. Cette nouvelle édition est augmentée de deux chapitres inédits consacrés au Pierre Soulages, qui rendit hommage au héros de la Résistance Jean Moulin (qui fut préfet de l’Aveyron), et qui dialoguait avec l’art coréen. Un ouvrage fort enrichissant qui nous permet de mieux appréhender l’œuvre de Soulages et son cheminement artistique durant plus de quatre-vingts années de création, à travers une grande partie du XXe siècle et le début du siècle présent. Une œuvre majeure, imposante, à l’image de la stature de l’homme, que l’on imaginait robuste comme un chêne, presque immortel.

Aller du noir à la lumière

L’œuvre de Soulages est comme l’homme. Impressionnante, puissante, un brin mystérieuse. À travers trois contributions, illustrées de photos de l’artiste, de reproductions de plusieurs de ses œuvres et des vitraux de l’abbatiale de Conques, les deux auteurs nous éclairent sur ce "peintre pur" qui a su mettre, comme nul autre pareil, le noir en pleine lumière, en le métamorphosant, en "le faisant changer de nature." Ce noir, sur lequel il y a finalement tant à dire dans le domaine artistique. Quelques mois seulement après la disparition de Pierre Soulages et l’hommage national qui lui fut rendu dans la Cour carrée du Louvre, ce livre nous ouvre quelques portes supplémentaires sur l’œuvre du peintre aveyronnais. Cet œuvre qui avait séduit tout autant André Malraux que Léopold Sédar Senghor. Un ouvrage né des rencontres des deux auteurs avec l’artiste – "rencontrer l’art de Soulages et avoir connu l’homme, quelques heures seulement ou sur des décennies sont une seule et même expérience singulièrement forte" – mais également des rencontres faites par Soulages lui-même : Conques et l’art roman, les maîtres de l’art occidental et ceux de l’art pariétal, avec Senghor et l’art nègre, l’art japonais et chinois, la calligraphie et, bien évidemment, cet art que les nazis désignaient comme Entartete Kunst autrement dit l’art dégénéré. "Ces peintres "dégénérés" que l’on voit là étaient ceux qui me paraissaient fraternels", indiquait Soulages, lors d’un entretien évoquant Fernand Léger, André Masson, Chagall, Tanguy… On y retrouve bien sûr le jeune Soulages peignant des arbres, en hiver, sans feuilles, aux branches déformées et sa "longue et féconde relation" avec le Japon. L’on retiendra l’émotion du peintre découvrant les réactions de jeunes enfants devant ses tableaux : "Mais en fait, c’est pas tout noir… C’est peint avec de la lumière…"

Et le livre se referme sur un poème coréen, Le Noir, qui avait profondément touché Pierre Soulages et Colette, et qui semblait avoir été écrit pour son œuvre : "… Couleur qui abrite et repose toutes les couleurs quand elles s’efforcent de briller. Couleur qui est pourtant plus rouge que le rouge, plus douloureuse que la douleur, l’unique couleur qui dépasse toutes les couleurs, pour atteindre la lumière."

Soulages, D’une rive à l’autre. Actes Sud. Michaël de Saint-Chéron est philosophe des religions et président du Centre international de recherches André Malraux. Matthieu Séguéla est historien et enseignant-chercheur associé à l’Institut français de recherche sur le Japon. Tous deux ont publie de nombreux ouvrages sur l’art.

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