Rébellion de Wagner en Russie : "Nous marcherons sur Moscou", Evguéni Prigojine et ses 25 000 hommes défient le commandement de l'armée russe

  • A Rostov sur le Don, il est difficile de distinguer les mercenaires Wagner des forces de sécurité russes, puisqu'ils ont les mêmes uniformes, les mêmes matériels et les mêmes marquages.
    A Rostov sur le Don, il est difficile de distinguer les mercenaires Wagner des forces de sécurité russes, puisqu'ils ont les mêmes uniformes, les mêmes matériels et les mêmes marquages. MaxPPP
Publié le , mis à jour
Hervé Garric avec Reuters

Les tensions entre le patron du groupe Wagner et le commandement militaire russe sont montées d’un cran. Evguéni Prigojine a appelé, ce samedi, à renverser le commandement militaire russe, se disant "prêt à mourir" avec ses 25 000 hommes pour "libérer le peuple russe". Moscou a annoncé des mesures de "sécurité renforcée" et appelé ses partisans à déposer les armes.
 

Evguéni Prigojine a affirmé samedi matin que ses mercenaires du groupe Wagner avaient pris le contrôle de Rostov-sur-le-Don, important centre logistique de l'armée russe dans le sud du pays, quelques heures après avoir appelé à l'insurrection contre les chefs de l'armée russe.

Vladimir Poutine va s'adresser très prochainement à la nation à la télévision, a annoncé le Kremlin, alors que le régime antiterroriste a été imposé samedi à Moscou et dans sa région.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait déclaré vendredi soir que le président russe était tenu informé de l'évolution de la situation et que "les mesures nécessaires (étaient) prises". Le FSB, le tout-puissant service de sécurité intérieur russe, a notamment ouvert une enquête contre Evguéni Prigojine, selon l'agence Tass.

Le ministère de la Défense a appelé samedi les combattants de Wagner à déposer les armes en leur disant qu'ils se sont laissés "entraîner dans une entreprise criminelle" par leur chef.

Evguéni Prigojine a demandé au ministre de la Défense Sergueï Choïgou et au chef d'état-major de l'armée Valéry Guerassimov de venir le rencontrer à Rostov-sur-le-Don pour mettre fin à son insurrection, en les accusant d'avoir conduit des dizaines de milliers de soldats russes au massacre en Ukraine et d'avoir ordonné un bombardement de ses propres combattants.

Le fondateur de Wagner a lancé cet appel depuis le quartier général du commandement Sud de l'armée russe à Rostov, selon une vidéo mise en ligne sur les réseaux sociaux par son service de presse.

"Nous marcherons sur Moscou"

Dans une autre vidéo, diffusée sur un compte Telegram proche du groupe Wagner, "Razgrouzka Wagnera" ("Le gilet de combat de Wagner"), Evguéni Prigojine apparaît assis entre deux généraux de l'armée russe, dont le lieutenant-général Vladimir Alekseïev, qui avait auparavant demandé aux "Wagnériens" de renoncer à son soulèvement.

"Nous sommes arrivés ici, nous voulons recevoir le chef d'état-major et Choïgou", dit Prigojine dans la vidéo.

"À moins qu'ils ne viennent, nous resterons ici, nous bloquerons la ville et nous marcherons sur Moscou", a-t-il ajouté, affirmant disposer de 25 000 combattants qui auraient quitté vendredi leurs positions dans l'est de l'Ukraine pour se diriger notamment vers Rostov, à l'extrémité nord-est de la mer Noire. Il dit également avoir le soutien de nombreux militaires de l'armée régulière.

L'armée russe accusée d'avoir tué 2000 de ses combattants

Prigojine a accusé vendredi l'armée russe d'avoir tué 2 000 de ses combattants et a promis de mettre fin à la "malveillance" des dirigeants militaires et a promis de "rendre justice". Il a également accusé le ministre russe de la Défense d'avoir ordonné que les 2 000 corps soient cachés "afin de ne pas montrer les pertes" en Ukraine.

Prigojine en a plusieurs fois appelé à Vladimir Poutine pour trancher son conflit avec Sergueï Choïgou et Valéry Guerassimov, auxquels il reproche la conduite de la guerre en Ukraine.

"Les divisions entre les élites (russes) sont devenues trop évidentes (...) Quelqu'un va devoir perdre... soit Prigojine, soit le 'collectif anti-Prigojine'", a réagi Mykhaïlo Podolyak, conseiller du président ukrainien Volodimir Zelensky. "Ce n'est que le début en Russie." 

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