On a testé Baldur's Gate 3 sur PS5 : est-ce que ça vaut le coup de s'aventurer sur le RPG de l'année sur console ?

  • Baldur's Gate 3 est probablement le RPG de l'année, peut-être de la décennie.
    Baldur's Gate 3 est probablement le RPG de l'année, peut-être de la décennie. Larian Studios
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Après plus d'une centaine d'heures sur Baldur's Gate 3, on vous dit si la pépite pondue par Larian Studios est fait pour vous.

Impossible de passer à côté de la merveille des équipes belges de Larian Studios, qui alimente l'actualité du jeu vidéo depuis sa sortie sur PC le 3 août 2023. Ceux qui préfèrent les consoles ont attendu le 6 septembre pour mettre les mains sur ce chef-d’œuvre. Baldur's Gate 3 est déjà l'un des grands jeux de cette année 2023 et une réussite totale.

Mais... ce n'est pas un jeu qui plaira à tout le monde. Il n'est pas peu dire que les premières heures sont assez douloureuses, il faudra passer par un apprentissage assidu et chargé en informations pour savourer pleinement le contenu de Baldur's Gate 3. Si vous vous demandez si le jeu pourra vous séduire et s'il est viable de le prendre sur Playstation 5, vous êtes au bon endroit.

Baldur's Gate 3 en quelques chiffres

Pour bien mesurer le travail colossal des équipes de Larian Studios :

  • le jeu dispose de 17 000 fins possibles (oui oui, vous avez bien lu)
  • 170 heures de cinématique qui s'adaptent au moindre choix fait dans votre histoire
  • un script de 2 millions de mots
  • 5,2 millions d'unités vendues sur PC à la fin du mois d'août
  • un pic de 875 000 joueurs en simultanée le 20 août 2023
  • 11 races, 12 classes et 46 sous-classes pour créer un personnage unique
  • 3 ans d'accès anticipé durant lesquels le studio s'est nourri des retours des joueurs avant la sortie du jeu complet

Les dés ne sont pas toujours vos amis

Si vous êtes familier avec l'univers de la célèbre licence de jeu de rôle Donjons & Dragons, l'adaptation sera assez rapide. Pour tous les autres, une petite mise au point s'impose. Donjons & Dragons est un jeu sur table qui prend place dans un univers héroïque/médiéval/fantastique. Un maître du jeu décrit l'histoire aux joueurs qui incarnent, voire interprètent, des personnages qui ont une liberté absolue dans les choix qui s'imposent à eux... du moment que les dés jouent en leur faveur.

C'est exactement dans cet esprit que prend place Baldur's Gate 3. Il s'agit d'un jeu essentiellement narratif dans lequel le moindre de vos choix aura de sérieuses répercussions à court ou long terme dans votre aventure dans les contrées de Faerûn. La moindre ligne de dialogue avec le moindre personnage secondaire peut refaçonner l'histoire que vous êtes en train de vivre. Le moindre objet trouvé peut avoir son importance. Le moindre chemin que vous empruntez dessine un parcours absolument unique. 

Et l'élément central du jeu renforce l'aspect imprévisible de votre aventure : les dés. Selon les caractéristiques de votre personnage et l'équipement que vous lui donnerez en chemin, il sera plus ou moins facile d'obtenir le résultat que vous attendez... mais il ne sera jamais vraiment acquis. Les jets de dés vos rythmer votre aventure : ils se lanceront à chaque fois que vous discuterez avec un PNJ (pour tenter de le persuader, de l'intimider, de le charmer...), chaque fois que vous utilisez une action pendant les combats, et même parfois sans prévenir en vous baladant dans la nature pour vous indiquer, ou non, si des objets sont cachés autour de vous... et parfois pour permettre à votre personnage d'anticiper ou non l'embuscade que vont vous tendre vos ennemis.

Des énigmes qui n'ont parfois rien de drôle

L'exploration a la part belle dans Baldur's Gate 3, on peut vite se perdre dans les différentes zones du jeu et c'est un sentiment agréable.

En revanche... Certains donjons proposent des énigmes qui font franchement souffler du nez. Mention spéciale aux épreuves de Shar durant lesquelles le baromètre du fun est à 0. 

N'ayez pas honte de regarder des soluces sur internet plutôt que de chercher la solution pendant des heures pour rien, vous apprendrez peut-être que vous êtes bloqué car vous avez oublié de parler à tel PNJ ou bien qu'un objet indispensable un peu trop bien caché se trouvait au milieu de telle pile de livres.

En lançant deux parties et en faisant exactement les mêmes choix, les deux aventures seront tout de même différentes en raison du caprice des dés. Et ce hasard se révèle être une force énorme pour Baldur's Gate 3, qui adore étreindre les joueurs dans des dilemmes moraux. Plus d'une fois, vos choix seront extrêmement difficiles à prendre, soit parce qu'il vous faudra choisir entre deux camps, soit parce que vous comprendrez qu'un mauvais choix pourrait grandement compliquer la survie de votre groupe. Non seulement, il faut prendre la bonne décision... mais il faut prier pour que les dés soient avec vous.

Mon premier personnage était un Paladin au cœur noble, qui avait en tête de sauver toutes les personnes dans le besoin... et certains choix m'ont fait transpirer. Baldur's Gate 3 est un bijou de narration qui sait torturer ses joueurs entre plusieurs décisions impossibles à prendre.

Si vous jouez à Baldur's Gate 3, il faudra accepter de passer beaucoup de temps dans les bulles de dialogues, de parler avec énormément de personnages et de ne pas toujours maîtriser la situation.

Les dés ont toujours raison, inutile de tricher

A bien des reprises, j'ai été tenté de charger ma précédente sauvegarde car les dés m'ont joué des mauvais tours à des moments cruciaux. J'avoue, j'ai même cédé à ce caprice. Mais en approchant de la fin du jeu, on comprend que c'est une erreur de vouloir rectifier les décisions des dés.

Si vous n'avez pas encore jouer à Baldur's Gate 3, retenez bien ceci : votre histoire ne sera jamais aussi unique que lors de votre première aventure. Revenir en arrière au moindre jet défavorable est le meilleur moyen de se gâcher le plaisir, c'est en acceptant les coups du sort que le jeu devient exceptionnellement grisant. 

Un système de combat si simple... mais tellement complexe

Exactement comme dans un jeu de rôle papier, vous aurez une totale liberté de mouvement et la possibilité de parler avec tous les personnages que vous souhaitez... jusqu'à l'arrivée d'un combat. Là encore un aspect merveilleusement efficace de Baldur's Gate 3 malgré une mécanique plutôt datée : le tour par tour.

Dès que des ennemis vous tombent dessus, tous les personnages en combat jouent chacun leur tour. Le jeu entre alors dans une tout autre dimension stratégique. Envoyer vos personnages dans la mêlée sans réfléchir est le meilleur moyen de se faire exterminer. Je sais de quoi je parle, c'est ce que je faisais au début avant de comprendre les subtilités de ces phases de combat.

Il est clair que le jeu ne vous prend pas du tout par la main dans ces situations. Il faut comprendre soi-même ce qu'impliquent les actions, les actions bonus, les emplacements de sort, les avantages ou les désavantages au moment de porter une attaque, les différents effets qu'applique tel ou tel sort, le concept de "concentration", les déplacements, les états, les réactions... Croyez-moi, durant les premières heures de jeu, certains ennemis vont vous enchaîner et complètement anéantir votre équipe sans que vous ne puissiez réagir. Votre seule échappatoire : LIRE. Lire la description de chacun de vos sorts, comprendre l'état dans lequel se trouvent vos personnages, identifier les faiblesses de chaque ennemi.

C'est là un point positif mais aussi parfois une source de frustration de Baldur's Gate 3. Il est tellement satisfaisant de mener des combats de plus en plus stratégiques à mesure que vos connaissances s'enrichissent... Mais la quantité d'informations est telle que le jeu vous demande un réel investissement. Très honnêtement, je me suis réfugié dans des tutoriels sur YouTube après quelques heures de jeu car je ne comprenais pas pourquoi un pauvre combat sans incidence pouvait me causer autant de difficultés. 

La caméra parfois un peu aux fraises sur PS5

La navigation de l'écran de combat a été repensé sur PS5. En appuyant sur R1, la table des sorts et des actions s'affiche, et l'interface est plutôt bien visible.

En revanche, au moment de sélectionner votre cible ou l'endroit pour vous déplacer, il faudra faire avec un caméra bien capricieuse. Il m'est déjà arrivé que mon personnage frappe dans le vide, et donc gaspille son tour, juste parce que la caméra a sursauté sur un mur. 

Un jeu très punitif

On en arrive à un point négatif qui peut faire grincer des dents. Si vous arrivez mal préparés lors d'un combat, souvent parce que vous êtes pris par surprise, vous pouvez très facilement vous retrouver complètement bloqué. Le jeu prend vite la tournure d'un "die and retry", traduisez "mourrez et recommencez" jusqu'à ce que ça passe.

Un aspect qui est, à mon sens, incompatible avec l'esprit du jeu de rôle, dans lequel un maître du jeu peut toujours offrir une sortie de secours. J'ai été surpris de m'être retrouvé dans le pétrin plusieurs fois, en voulant pourtant bien faire, et de le payer cash avec un game over. Certaines décisions sont clairement plus punitives que d'autres.

Et d'un autre côté... ce danger qui pèse sur chacune de vos décisions vous force à bien réfléchir à chaque instant, pendant et en dehors des combats. Ce qui renforce nettement l'expérience. Lorsque vous vous retrouvez au milieu d'un camp de gobelins par dizaines, et que vous n'êtes pas sûr de pouvoir les vaincre, et qu'un de ces gobelins vous ordonne de lui baiser les pieds... vous êtes réellement tenté d'obtempérer.

Des dialogues uniquement en anglais

Il faut souligner le merveilleux travail de doublage, sublimé par une écriture des dialogues très soignée. Dommage par contre qu'il n'existe pas de version française.

D'autant plus dommage que les sous-titres en français sont souvent à la ramasse. Ils ne rendent vraiment pas hommage à la beauté ou parfois la subitilité des répliques anglaises. Cela aurait été corrigé s'il existait une vf, puisqu'elle s'accompagne systématiquement d'un travail minutieux d'adaptation et de réécriture des dialogues.

Un lore accessible

Que les choses soient claires : j'ai une légère expérience du jeu de rôle papier, mais je ne possédais strictement aucune connaissance dans l'univers de Donjons & Dragons. Fort heureusement, cela n'est pas nécessaire pour s'immerger dans le monde de Baldur's Gate 3. Je n'ai jamais eu l'impression d'être submergé par le lore du jeu, on rentre peu à peu dans l'intrigue sans avoir le cerveau en ébullition.

Pas même dès les premières secondes du jeu où il faut créer son personnage à travers un outil de personnalisation très poussé. Vous avez le choix entre 11 races, à quoi s'ajoutent 12 classes (elles-mêmes se divisant en 46 sous-classes). Autant dire que d'entrée de jeu, il y aura de la lecture pour comprendre quel aventurier vous voulez incarner. Sans parler des caractéristiques dont les descriptions vont sembler bien vagues avant de se lancer dans le jeu.

Mais le jeu propose une répartition de vos caractéristiques par défaut au moment de choisir sa classe, ce qui vous empêche de faire complètement n'importe quoi. Lors d'une première partie, il est donc possible de se laisser guider même si on ne comprend pas tout.

Vos compagnons... et plus si affinités

L'aventure de Baldur's Gate 3 ne se fait pas seul. Si vos amis possèdent le jeu, votre compagnie pourra être composée d'un maximum de quatre joueurs. Sinon, il faudra compter sur la dizaine de compagnons qu'il est possible de recruter à mesure que vous progressez.

Des compagnons qui font partie intégrante du scénario, chacun avec leur propre personnalité. Ils approuveront ou non chacune de vos décisions, ce qui affectera grandement les rapports que vous entretenez avec eux. L'esprit chevaleresque de Wyll ou Karlach ("mama K", notre coup de cœur) ne sera pas compatible avec vos choix de laisser des innocents mourir, quand jouer les héros ne plaira pas toujours à Lae'Zel et Astarion par exemple.

Ces compagnons, vous passerez le plus clair de votre temps à discuter avec eux, sans compter le fait que vous gérez leurs actions en combat. À mesure que vous avancez dans l'histoire, les intrigues liées aux compagnons vous sont révélées, et vous découvrez alors à quel point ils sont profondément attachants. Si le scénario global de Baldur's Gate 3 est plutôt classique, les quêtes personnelles des compagnons sont autrement plus impactant.

Je n'avais pas ressenti un attachement aussi important pour des personnages de fiction depuis les chefs-d’œuvre de jeux narratifs que sont The Last of Us ou encore Détroit : Become Human. Même les compagnons les plus cruels, les plus bizarres ou les plus énigmatiques cachent une histoire lourde que vous pouvez choisir de démêler. La possibilité de provoquer des histoires amoureuses entre votre personnage et l'un de vos compagnons débloque également des dénouements uniques.

De la nudité et du gore, un jeu à ne pas mettre dans toutes les mains

On en profite pour rappeler que Baldur's Gate 3 n'est pas pour tous les âges. D'abord en raison de la présence de nudité dans l'histoire, même si cette option peut être enlevée, mais surtout en raison de l'aspect dérangeant et franchement gore de nombreuses scènes.

Quelques ralentissements, des graphismes qui chargent mal sur PS5

Si on arrive à la vaincre les difficultés d'accessibilité du jeu, le plaisir procuré par Baldur's Gate 3 est sans limite. Même une fois le jeu terminé, ma première envie était de recréer un personnage aux origines différentes pour découvrir de nouveaux aspects de l'aventure que je venais de vivre.

Baldur's Gate 3 doit être rangé dans votre bibliothèque si vous êtes prêt à lui consacrer beaucoup de temps. Mais abstenez-vous de l'acheter au prix fort si vous pensez manquer de patience, pire encore si la simple lecture de cet article vous a fait mal à la tête, car il faudra se creuser les méninges dès les premières heures une fois dans le jeu.

Sur PC ou PS5, les différences semblent vraiment minimes. L'interface a été parfaitement adaptée à la console. Niveau graphisme cependant, les textures ont parfois du mal à charger sur PS5. J'ai aussi noté des ralentissements à la fin du jeu. Surtout quand vous affrontez (littéralement) une armée d'ennemis, la console souffle un peu.

Je ne peux finir sans accorder quelques lignes à la bande originale à la fois féerique et épique de Baldur's Gate 3. Les musiques ne nous offrent aucune fausse note, et savent nous galvaniser dès le menu du jeu. Je ne me lasse à aucun moment d'écouter "Down by the River" sous toutes ses déclinaisons.

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