Scandale du Mediator: le tribunal tranche sur la poursuite du procès

  • Jacques Servier (2eG) au tribunal de Nanterre, le 21 mai 2013
    Jacques Servier (2eG) au tribunal de Nanterre, le 21 mai 2013 AFP - Lionel Bonaventure
  • Chronologie, chiffres clés et effets secondaires du Médiator
    Chronologie, chiffres clés et effets secondaires du Médiator AFP
  • L'avocat des laboratoires Servier, Hervé Temime, le 21 mai 2013
    L'avocat des laboratoires Servier, Hervé Temime, le 21 mai 2013 AFP - Lionel Bonaventure
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AFP

Le tribunal correctionnel de Nanterre dira mercredi s'il poursuit le procès du Mediator, un médicament accusé d'avoir déjà fait des centaines de en France, nouvelle incertitude difficilement soutenable pour les victimes, un an après un premier faux départ des audiences.

Jacques Servier, 91 ans, fondateur des laboratoires pharmaceutiques Servier, avait pris place brièvement mardi sur le banc des prévenus, quittant la salle après deux heures de présence pour raisons de santé. "Il est malade. Il va revenir demain", assurait Lucy Vincent, porte-parole des laboratoires.

Destiné aux diabétiques mais largement prescrit comme coupe-faim, le Mediator pourrait avoir causé, à long terme, la mort de 1.300 à 1.800 personnes par valvulopathie (déformation des valves cardiaques), selon un rapport d'experts judiciaires rendu public en avril. Il a été commercialisé de 1976 à 2009 en France.

Mardi, la défense a de nouveau ferraillé pendant de longues heures sur le terrain de la procédure, comme elle le fait depuis le début du procès, entamé le 14 mai 2012 et interrompu pendant un an déjà pour des questions de forme.

"Nous sommes dans une situation procédurale absolument aberrante (...) Il y aura effectivement un procès, mais pas ici, pas celui-là, pas comme ça", a affirmé Me Hervé Temime, conseil de M. Servier, devant les médias. L'avocat estime que son client, déjà mis en examen, ne peut pas être jugé à Nanterre tant que l'instruction qui se déroule à Paris notamment pour les mêmes faits n'est pas bouclée.

Selon le parquet de Paris, l'information judiciaire pour "tromperie et escroquerie" pourrait être achevée à l'été 2013.

"Réparer et pourquoi pas s'excuser"

Me Temime a aussi plaidé pour "un complément d'information" permettant au tribunal d'apprécier le rôle des autorités sanitaires dans la tromperie dénoncée à Nanterre. L'agence du médicament (ANSM) a en effet également été mise en examen en mars, soupçonnée d'avoir négligé les alertes sur la dangerosité du médicament de 1995 à 2009.

Des arguments qualifiés d'"inopérants" par des avocats des parties civiles. Pour Me Charles Joseph-Oudin, conseil d'une centaine d'entre elles, "il y a urgence à statuer. Mes clients sont malades et ne peuvent pas attendre".

"Aujourd'hui il faut réparer et pourquoi pas s'excuser, c'est ce qu'attendent les victimes", a souligné la pneumologue Irène Frachon, qui a été la première à alerter sur la nocivité du médicament.

Mais certains conseils de victimes présumées préfèreraient que le procès soit renvoyé dans l'attente de la fin de l'enquête parisienne. "Je ne suis pas là pour défendre Servier, mais il est dommage de se priver d'une instruction de qualité qui devrait être bouclée rapidement", estime Me Jean-Christophe Coubris.

Quelque 700 parties civiles demandent réparation à Nanterre, reprochant à Jacques Servier de les avoir "délibérément" trompées sur la composition du Mediator. Les malades n'auraient pas été informés de "la nature anorexigène" de son principe actif, le Benfluorex, à l'origine du développement de valvulopathies et d'hypertension artérielle pulmonaire, pathologie rare actuellement incurable.

Les conseils des victimes présumées disposent de plusieurs pièces maîtresses comme les annexes du rapport accablant de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) selon lesquelles le retrait du Mediator "aurait pu être décidé dès 1999", soit dix ans avant sa disparition du marché.

M. Servier est jugé aux côtés d'Alain Le Ridant, pharmacien en chef du groupe, et de trois responsables de Biopharma, l'une des filiales des Laboratoires Servier.

Les prévenus encourent une peine de quatre ans de prison assortie d'une amende de 75.000 euros. Servier et Biopharma, en tant que personnes morales, risquent une amende de 375.000 euros, ainsi que l'interdiction d'exercer.

L'audience reprend mercredi à 13H30.

Source : AFP

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