Iran: Rohani salué par la presse et le monde, mais face à des défis

  • Des Iraniens rassemblés devant un portrait géant de Rohani, le 15 juin 2013 à Téhéran
    Des Iraniens rassemblés devant un portrait géant de Rohani, le 15 juin 2013 à Téhéran AFP - Behrouz Mehri
  • Le président russe Vladimir Poutine, dans sa résidence de Novo-Ogaryovo, près de Moscou, le 14 juin 2013
    Le président russe Vladimir Poutine, dans sa résidence de Novo-Ogaryovo, près de Moscou, le 14 juin 2013 AFP - Yuri Kochetkov
  • Des Iraniens célèbrent la victoire de Rohani, le 15 juin 2013 à Téhéran
    Des Iraniens célèbrent la victoire de Rohani, le 15 juin 2013 à Téhéran AFP - Atta Kenare
Publié le
AFP

Les réformateurs iraniens criaient victoire dimanche après l'élection à la présidence de leur candidat, Hassan Rohani, qui marque la fin de huit années de pouvoir conservateur sur l'exécutif, mais la tâche est immense pour le nouveau président.

Les messages de félicitations ont continué d'affluer. La Russie, allié de l'Iran notamment sur le conflit syrien, a appelé Téhéran à resserrer ses liens avec Moscou. Plusieurs monarchies arabes du Golfe ont dit espérer une amélioration de leurs relations, actuellement tendues, avec la République islamique. Le Hezbollah chiite, principal allié régional du régime syrien avec Téhéran, a estimé que le successeur de Mahmoud Ahmadinejad était "porteur d'espoir".

L'Australie, pour sa part, a appelé M. Rohani à reprendre les négociations avec les grandes puissances sur le nucléaire "d'une manière sérieuse" alors que pour Israël, ennemi juré de Téhéran, les grandes puissances doivent maintenir la pression sur l'Iran concernant son programme nucléaire controversé.

Loin de ces préoccupations, la presse réformatrice iranienne était aux anges. "Le soleil de la modération s'est levé", annonçait le quotidien réformateur Arman quand Etemad évoquait "le salut de l'Iran au cheikh de l'espoir". Les journaux conservateurs préféraient saluer la confiance dans la République islamique exprimée par les électeurs, qui ont voté en masse.

Les médias commençaient déjà à spéculer sur la composition de son gouvernement, alors que le nouveau président prendra ses fonctions le 3 août. M. Rohani a rencontré samedi soir le président du Parlement Ali Larijani pour discuter de la composition de son cabinet, qui doit être approuvé par les députés, a indiqué le site du Parlement.

Les Gardiens de la révolution, l'armée d'élite du régime, se sont dits dans un communiqué "prêts à coopérer totalement avec le prochain gouvernement dans le cadre des (ses) missions prévues par la loi". Sous les ordres directs du guide suprême Ali Khamenei, les Gardiens ont acquis ces dernières années un pouvoir économique avec lequel M. Rohani devra composer.

Des élections "démocratiques"

M. Rohani, un religieux modéré âgé de 64 ans, a créé la surprise samedi en remportant dès le premier tour la présidentielle avec 50,68% des voix. Cette victoire marque le retour des modérés et réformateurs au gouvernement après une longue traversée du désert, débutée à la suite des manifestations contre la réélection de M. Ahmadinejad en juin 2009, sévèrement réprimées par le pouvoir.

Ancien négociateur en chef du dossier nucléaire entre 2003 et 2005, il a bénéficié de l'union des camps modéré et réformateur et d'une importante mobilisation des électeurs, le taux de participation ayant atteint 72,7%.

"L'Iran a organisé la plus démocratique des élections dans le monde", s'est félicité l'ex-président modéré Akbar Hachémi Rafsandjani. Il répondait aux critiques du rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l'Homme en Iran, Ahmed Shaheed, selon lesquels ces élections n'étaient pas "libres et équitables".

Samedi soir, la jeunesse de Téhéran qui fêtait l'accession au pouvoir de M. Rohani avait espéré "une nouvelle ère pour l'Iran" qui pourrait ainsi "retrouver son prestige" après plusieurs années d'isolement international et une crise économique profonde provoquée par les sanctions internationales.

Les sanctions ont été imposées pour contraindre l'Iran, accusé malgré ses démentis de vouloir se doter de l'arme atomique, à cesser ses activités sensibles. Elles se sont traduites par une hausse du chômage, une inflation supérieure à 30% et une dépréciation du rial de près de 70%.

Premier signe d'espoir, le rial s'est apprécié de près de 10% face au dollar pendant quelques heures samedi, alors que la victoire de M. Rohani se faisait plus précise.

Le président élu a prôné une politique plus souple face aux grandes puissances afin d'alléger les sanctions, tout en demandant que les pays occidentaux "reconnaissent les droits de la République islamique" dans les discussions sur le nucléaire.

Les Etats-Unis se dont dits "prêts à collaborer directement" avec Téhéran mais cette question, comme tous les dossiers stratégiques, est sous l'autorité directe de l'ayatollah Khamenei.

"Si l'Iran fait un pas dans la bonne direction, il sera important de voir la réaction des Occidentaux pour déterminer jusqu'où le changement peut aller", a dit à l'AFP Trita Parsi, président du Conseil national irano-américain basé à Washington.

Source : AFP

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