Turquie: Erdogan réunit ses partisans après une nuit d'affrontements à Istanbul

  • La foule est amassée pour écouter le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan le 15 juin 2013 à Sincan
    La foule est amassée pour écouter le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan le 15 juin 2013 à Sincan AFP - Adem Altan
  • Un vendeur de rue se couvre le visage pour se protéger des gaz lacrymogènes dans le parc Gezi à Istanbul, le 15 juin 2013
    Un vendeur de rue se couvre le visage pour se protéger des gaz lacrymogènes dans le parc Gezi à Istanbul, le 15 juin 2013 AFP - Marco Longari
  • Des manifestants anti-gouvernement sont rassemblés près de l'ambassade américaine à Ankara, le 16 juin 2013
    Des manifestants anti-gouvernement sont rassemblés près de l'ambassade américaine à Ankara, le 16 juin 2013 AFP - Adem Altan
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AFP

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan réunit dimanche des dizaines de milliers de partisans à Istanbul, après une nuit de violents affrontements provoqués en ville par l'évacuation de force du dernier bastion des manifestants qui réclament sa démission.

Délogés samedi soir du parc Gezi par les gaz lacrymogènes et les canons à eau, les contestataires se sont promis de revenir dimanche sur la place Taksim, le berceau du mouvement qui agite la rue turque depuis plus de deux semaines, laissant présager une nouvelle journée de violences.

Dimanche matin, d'importants effectifs de police interdisaient strictement l'accès à la place, livrée aux seuls engins de nettoyage de la ville qui achevaient d'effacer les dernières traces des violences de la nuit.

Selon les médias turcs, de brèves échauffourées ont opposé dimanche en milieu de matinée quelques centaines de manifestants tentant de marcher vers Taksim aux forces de l'ordre, qui ont fait usage de grenades lacrymogènes.

Après un premier rassemblement géant samedi à Ankara, le chef du gouvernement a prévu une nouvelle démonstration de force dimanche après-midi dans un parc d'Istanbul, à une dizaine de kilomètres à vol d'oiseau seulement de la place Taksim.

Des dizaines de milliers de sympathisants de son Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste) y sont attendus.

Au 15e jour de la crise, M. Erdogan est passé samedi soir à l'action pour mettre un terme à la contestation. Quelques heures plus tôt, les occupants du parc Gezi avaient refusé de quitter leur place forte, malgré la promesse du gouvernement de suspendre ses projets d'aménagement contestés jusqu'à ce que la justice tranche définitivement .

Deux heures après un nouvel ultimatum, les unités antiémeute de la police ont repris le contrôle en début de soirée du parc Gezi, qu'elles ont vidé en quelques minutes de ses milliers d'occupants en les noyant sous un nuage de gaz lacrymogènes.

"Ils sont entrés de force, avec beaucoup de gaz. Ils nous ont frappés, même les femmes", a raconté à l'AFP un des manifestants, Ader Tefiq. "J'étais à l'intérieur de la tente-hôpital (...), ils ont lancé des grenades lacrymogènes et des dizaines de policiers sont entrés", a rapporté de son côté Elif, une thérapeute de 45 ans.

La police a poursuivi les manifestants dans toutes les rues environnantes jusque tard dans la nuit, y compris dans le hall d'un hôtel luxueux copieusement gazé.

Nuit de violences

Selon la coordination des manifestants, baptisée Solidarité Taksim, des "centaines" de personnes ont été blessées lors de l'opération. Le gouverneur d'Istanbul Huseyin Avni Mutlu a évalué dimanche à 44 leur nombre.

Le vice-Premier ministre Huseyin Celik a justifié l'évacuation du parc. "Le gouvernement ne pouvait pas laisser cette occupation continuer éternellement", a plaidé M. Celik dimanche, "ce cauchemar devait se terminer".

De son côté, le collectif Solidarité Taksim, principale coordination des manifestants, a condamné l'opération, qui "a transformé le parc Gezi, Istanbul et le pays en zone de guerre". "Le parti au pouvoir sera tenu pour responsable des événements", a-t-il ajouté.

A peine connue la nouvelle de l'évacuation du parc, des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue à Istanbul pour tenter de "reprendre" la place Taksim. Toute la nuit, la police est intervenue à grand renfort de gaz, de canons à eau et de tirs de balles en caoutchouc pour disperser la foule sur plusieurs artères de la ville.

Plusieurs milliers de personnes qui tentaient de rallier le versant européen de la ville ont été dispersées sur l'un des deux ponts qui enjambent le Bosphore.

A Ankara et Izmir (ouest) notamment, des milliers de personnes se sont également rassemblées dans la nuit pour dénoncer l'intervention de la police, sans incident.

Au départ de la contestation le 31 mai, la police était intervenue pour disperser violemment des militants écologistes qui protestaient contre la destruction annoncée du parc Gezi et de ses 600 platanes.

La colère provoquée par cette opération a suscité la plus vaste fronde contre le gouvernement islamo-conservateur depuis son arrivée en pouvoir en 2002. Dans les grandes villes du pays, des dizaines de milliers de manifestants ont exigé la démission de M. Erdogan, accusé de dérive autoritaire et de vouloir islamiser la société turque.

Selon le dernier bilan du syndicat des médecins turcs, 4 personnes sont mortes et près 7.000 autres ont été blessées depuis le début de la contestation le 31 mai.

Source : AFP

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