Arbitrage: Bernard Tapie attendu par les enquêteurs

  • Stéphane Richard, le 28 mai 2013 à Paris lors de l'Assemblée générale du groupe Orange
    Stéphane Richard, le 28 mai 2013 à Paris lors de l'Assemblée générale du groupe Orange AFP/Archives - Eric Piermont
  • Bernard Tapie le 26 mai 2013 à Marseille
    Bernard Tapie le 26 mai 2013 à Marseille AFP/Archives - Gerard Julien
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AFP

Bernard Tapie devrait livrer lundi aux enquêteurs ses explications sur l'arbitrage qui, en lui accordant en 2008 plus de 400 millions d'euros, lui avait permis de revenir aux affaires, mais qui vaut désormais à trois de ses protagonistes une mise en examen pour escroquerie en bande organisée.

Les policiers de la brigade financière l'attendent. Il peut être entendu librement ou placé en garde à vue, une mesure qui, du fait du contexte de "bande organisée", peut durer jusqu'à quatre jours.

Il y a cinq ans, Bernard Tapie l'insubmersible, le battant, qui a connu fortune, gloire et prison, avait obtenu 403 millions d'euros d'un tribunal arbitral, en règlement du litige avec le Crédit Lyonnais né de la vente en 1993 de l'équipementier sportif Adidas, qu'il avait acquis trois ans plus tôt.

Les juges d'instruction soupçonnent cet arbitrage d'avoir été biaisé à son profit. Ils veulent savoir comment l'homme d'affaires a plaidé sa cause à l'Elysée et au ministère de l'Economie et s'intéressent de près à ses liens avec les arbitres.

Stéphane Richard, le PDG d'Orange et ex-directeur de cabinet de l'ancienne ministre de l'Economie Christine Lagarde, l'ancien patron du Consortium de réalisation (CDR, chargé de gérer l'héritage du Crédit Lyonnais) Jean-François Rocchi, et l'un des juges arbitraux, Pierre Estoup, ont été mis en examen pour "escroquerie en bande organisée" dans ce dossier.

Lors de ces mises en examen, les juges ont estimé que les trois hommes avaient pu participer à "un simulacre d'arbitrage" afin de pousser l'Etat, le CDR et l'EPFR, structure publique chapeautant le CDR, "à accepter un compromis d'arbitrage contraire à leurs intérêts".

Christine Lagarde a elle été placée sous le statut de témoin assisté après deux jours d'audition par les magistrats de la Cour de justice de la république (CJR), instance habilitée à juger des délits imputables aux ministres dans l'exercice de leurs fonctions.

Destin

Une date clé de l'affaire paraît être une réunion tenue fin juillet 2007 à l'Elysée en présence, selon M. Richard, du secrétaire général Claude Guéant, du secrétaire général adjoint François Pérol, de M. Rocchi, du conseiller justice de l'Elysée Patrick Ouart, mais également de M. Tapie.

Lors de cette réunion, Claude Guéant avait tranché: "Nous allons faire l'arbitrage", a rapporté M. Richard aux enquêteurs, se disant "surpris" de s'être retrouvé face à MM. Guéant, Pérol et Tapie. Placé au coeur de l'affaire, Claude Guéant devrait lui aussi être prochainement convoqué par les enquêteurs, qui ont déjà perquisitionné son cabinet et son domicile.

Sur la réunion à l'Elysée, M. Tapie a multiplié les interviews, laissant entendre qu'il avait pu effectivement prendre part à une telle rencontre. S'il a expliqué à l'AFP "ne pas se souvenir de cette réunion à cette date", il a jugé que sa participation "pour expliquer (sa) position" lui paraîtrait "un processus logique".

L'enquête a également montré que M. Tapie avait eu plusieurs rendez-vous avec Nicolas Sarkozy à l'Elysée en 2007 et 2008.

L'homme d'affaires devrait également s'expliquer sur ses liens avec l'arbitre Pierre Estoup, ancien haut magistrat à la cour d'appel de Versailles.

Les enquêteurs en particulier s'interrogent sur le sens d'une dédicace faite par M. Tapie, en juin 1998, dans un livre offert à M. Estoup. "Votre soutien a changé le cours de mon destin", lui écrivait-il.

Comme l'a révélé Le Monde, les policiers s'interrogent sur une possible tentative d'intervention de M. Estoup en faveur de l'homme d'affaires lors d'un procès sur les comptes de l'Olympique de Marseille. Dans ce procès en appel, l'homme d'affaires avait finalement évité toute peine de prison ferme.

Selon M. Tapie, cette dédicace n'a rien à voir avec ce procès.

Les enquêteurs fouillent également les liens entretenus par deux avocats proches de Bernard Tapie, Me Maurice Lantourne et Me Francis Chouraqui, avec Pierre Estoup.

Un arbitre ne doit théoriquement pas avoir de liens avec les parties avant son arbitrage.

Source : AFP

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