Brétigny: la piste de la défaillance de l'aiguillage privilégiée

  • Un train a déraillé en garde de Brétigny-sur-Orge (Essonne), en région parisienne, le 12 juillet 2013
    Un train a déraillé en garde de Brétigny-sur-Orge (Essonne), en région parisienne, le 12 juillet 2013 AFP - Martin Bureau
  • Des rescapés de l'accident de train à Brétigny-sur-Orge, dans l'Essonne, le 12 juillet 2013
    Des rescapés de l'accident de train à Brétigny-sur-Orge, dans l'Essonne, le 12 juillet 2013 AFP - Martin Bureau
  • Un train a déraillé en gare de Brétigny-sur-Orge, dans l'Essonne, le 12 juillet 2013
    Un train a déraillé en gare de Brétigny-sur-Orge, dans l'Essonne, le 12 juillet 2013 Pool/AFP - Martin Bureau
  • Des personnes inspectent les rails, à Brétigny-sur-Orge (Essonne), après le déraillement d'un train, le 13 juillet 2013
    Des personnes inspectent les rails, à Brétigny-sur-Orge (Essonne), après le déraillement d'un train, le 13 juillet 2013 AFP - Kenzo Tribouillard
  • Un train a déraillé à Brétigny-sur-Orge (Essonne), près de Paris, le 13 juillet 2013
    Un train a déraillé à Brétigny-sur-Orge (Essonne), près de Paris, le 13 juillet 2013 AFP - Kenzo Tribouillard
Publié le
AFP

La défaillance d'une pièce d'un aiguillage était samedi la piste privilégiée pour expliquer le déraillement la veille du Paris-Limoges qui a tué au moins six personnes à Brétigny-sur-Orge (Essonne), l'une des pires catastrophes ferroviaires récentes en France.

A la mi-journée, même si elles restaient prudentes avant que les trois voitures qui se sont couchées ne soient enlevées des voies, les autorités laissaient entendre que le bilan pourrait ne plus beaucoup évoluer. Outre les six décès, neuf personnes sont gravement blessées et pour deux d'entre elles le pronostic vital est engagé, a précisé le Samu.

Les autopsies, destinées à identifier les voyageurs tués, ont commencé samedi.

Au lendemain du choc né de la vision des scènes d'horreur rapportées par les voyageurs et les témoins, vient le temps des premières explications de la SNCF qui privilégie la thèse de la défaillance d'une pièce d'acier de dix kilogrammes dans le système d'aiguillage.

"L'éclisse", sorte d'agrafe qui relie deux rails, "s'est désolidarisée, elle s'est détachée, elle est sortie de son logement", a détaillé Pierre Izard, directeur général des infrastructures de la SNCF. Elle "est venue se loger au centre de l'aiguillage et à cet endroit elle a empêché le passage normal des roues du train et elle aurait provoqué le déraillement du train."

Immédiatement après l'accident, des témoignages de voyageurs semblaient d'ailleurs mettre en cause l'aiguillage, situé à 200 mètres en amont de la gare.

La SNCF a annoncé le contrôle des 5.000 pièces semblables de son réseau. "La désolidarisation de cette éclisse du rail est l'objet même" des enquêtes judiciaire et techniques en cours, a déclaré le patron de la SNCF Guillaume Pepy. "La SNCF se considère comme responsable. Elle est responsable de la vie de ses clients."

Son ministre de tutelle Frédéric Cuvillier a cité l'obsolescence des infrastructures ferroviaires françaises : "Le constat est sévère avec une dégradation ces dernières années, faute de moyens consacrés aux lignes classiques."

La réaction du conducteur saluée

"On a privilégié le TGV au lieu de penser au réseau secondaire, les lignes qui rendent service. Pepy doit en tirer toutes les conséquences", a déclaré à l'AFP le porte-parole de l'association des voyageurs-usagers du chemin de fer (Avuc), Willy Colin, fustigeant les "trains poubelles".

L'aiguillage a pourtant fait l'objet d'un contrôle de sécurité le 4 juillet, selon la SNCF. Une demi-heure avant la catastrophe, un autre train est passé, sans qu'aucune anomalie ne soit relevée. Quant aux wagons et à la locomotive, ils étaient "à jour de toute vérification".

Les autres pistes semblent être écartées, notamment celle d'une fragilisation de la structure liée à des travaux récents dans la zone et surtout celle de l'erreur humaine. Le train, qui transportait 385 voyageurs, roulait à 137 km/heure, soit sous les 150 km/h autorisés.

Comme M. Pepy la veille, M. Cuvillier a rendu hommage au conducteur, qui a déclenché "l'alerte immédiatement, ce qui a évité la collision avec un train qui venait dans le sens inverse et qui aurait à quelques secondes (près) percuté les voitures qui déraillaient".

Selon une source syndicale, cet homme, "légèrement choqué psychologiquement", est rentré samedi matin chez lui, accompagné d'un cheminot.

Tous, voyageurs rescapés comme témoins, s'accordaient à décrire la violence inouïe de la catastrophe qui s'est déroulée sur "plusieurs centaines de mètres".

Des morceaux de ballast ont été retrouvés dans la ville, a raconté le maire PS de Brétigny, Bernard Decaux; le toit de la gare et un quai de béton ont été défoncés par le train, des voyageurs ont été éjectés, d'autres ont évoqué des "images de guerre", "un jeu de massacre", "un film catastrophe"...

Le 2 juin 2008, la collision entre un TER et un car scolaire à Allinges (Haute-Savoie) avait causé la mort de sept collégiens. La plus grave catastrophe ferroviaire de ces 25 dernières années avait eu lieu le 27 juin 1988, lorsque la collision de deux trains de banlieue sur les voies souterraines de la gare de Lyon à Paris avait fait 56 morts.

L'accident de Brétigny-sur-Orge a des conséquences sur le trafic. Certains tronçons du RER C, emprunté en moyenne par 540.000 Franciliens par jour, vont être perturbés plusieurs jours. Samedi, la gare d'Austerlitz était toujours partiellement paralysée en pleine période de départs en vacances.

Une minute de silence a été observée à midi dans l'ensemble des gares de France.

Source : AFP

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