Cambodge: foule en liesse pour le retour du chef de l'opposition

  • Le chef de l'opposition Sam Rainsy (c) et Kem Sokha (g) dans les rues de Phnom Penh devant des milliers de partisans, le 19 juillet 2013
    Le chef de l'opposition Sam Rainsy (c) et Kem Sokha (g) dans les rues de Phnom Penh devant des milliers de partisans, le 19 juillet 2013 AFP - Tang Chhin Sothy
  • Le chef de l'opposition Sam Rainsy à Phnom Penh, le 19 juillet 2013 Le chef de l'opposition Sam Rainsy à Phnom Penh, le 19 juillet 2013
    Le chef de l'opposition Sam Rainsy à Phnom Penh, le 19 juillet 2013 AFP - Tang Chhin Sothy
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AFP

Des dizaines de milliers de partisans ont salué vendredi le retour d'exil du chef de l'opposition cambodgienne Sam Rainsy, gracié par le roi alors que son parti espère mettre fin à près de trente années de pouvoir du Premier ministre.

"Je suis très heureux. Je suis revenu pour sauver la nation, avec vous tous", a déclaré Rainsy à son arrivée, embrassant le sol à l'aéroport.

A une semaine des législatives du 28 juillet, une foule en liesse s'est rassemblée sur les bords des routes pour accueillir celui qui est considéré comme le principal opposant au Premier ministre Hun Sen, en criant "changement, changement".

"Je suis ravie de voir le leader de la démocratie rentrer au pays", a commenté Sok Kan, 64 ans, portant T-shirt et casquette à l'effigie du Parti du sauvetage national du Cambodge (CNRP).

Le chef du CNRP, 64 ans, qui a également la nationalité française, avait fui le Cambodge en 2009 et vivait en France pour échapper à des condamnations que ses partisans jugeaient politiques.

Mais l'ancien banquier a été gracié par le roi Norodom Sihamoni vendredi dernier à la demande de Hun Sen.

Rainsy va ainsi participer à la dernière semaine de campagne de son parti avant les élections dont le Premier ministre était jusqu'alors donné grand gagnant après 28 ans à son poste.

"Sa présence va galvaniser les militants et les électeurs", a parié un porte-parole du CNRP, Yim Sovann, alors que Rainsy doit s'adresser à la foule dans la journée.

Certains analystes estiment également que son retour pourrait donner un coup de pouce à l'opposition dans cette campagne. Mais Hun Sen a lui récemment indiqué qu'il ne quitterait le pouvoir que dans plus de dix ans.

Vendredi, Rainsy avait qualifié sa grâce de "petite victoire pour la démocratie", tout en notant qu'il restait "beaucoup à faire".

Il a en effet été retiré des listes électorales et ne peut de ce fait être candidat aux élections du 28 juillet, à moins que le parlement n'amende la loi.

Le CNRP va toutefois discuter de possibles moyens d'enregistrer sa candidature, a noté Sovann.

L'ONU avait appelé lundi le Cambodge à laisser Rainsy jouer "un rôle à part entière" en politique.

Né dans une famille de la haute société cambodgienne, Rainsy avait quitté son pays pour Paris à 16 ans après la disparition de son père, probablement tué, selon les historiens, par des hommes du futur dictateur Lon Nol.

Formé en France, il avait travaillé dans diverses banques dont Paribas, avant de créer un cabinet d'expertise comptable.

Rentré en 1992, il avait brièvement occupé le poste de ministre des Finances dans un Cambodge qui tentait d'émerger de décennies de guerre civile.

Il avait fui en France en 2005 pour échapper à des poursuites pour diffamation engagées par Hun Sen, qui lui avaient valu une condamnation à 18 mois de prison, avant d'être gracié l'année suivante.

L'opposant avait une nouvelle fois pris le chemin de l'exil en 2009 et avait été condamné en son absence dans trois affaires à un total de 11 années de prison, notamment pour avoir publié une carte jugée fausse des frontières avec le Vietnam.

Le Parti du peuple cambodgien du Premier ministre avait largement remporté les deux dernières élections, sur fond d'accusations de fraude et d'irrégularités. Et son gouvernement est régulièrement accusé de réprimer les droits de la population et de réduire les militants au silence.

Dans l'espoir de battre enfin Hun Sen, Rainsy s'est allié l'an dernier avec un autre opposant, Kem Sokha, pour créer le CNRP.

Mais si les électeurs, surtout les plus pauvres, ont peut-être de l'admiration pour Rainsy, ils ont du mal à s'identifier à l'homme en raison de son parcours, a noté l'analyste indépendante Chea Vannath.

Contrairement à Hun Sen, il n'a pas vécu le régime des Khmers rouges et ses quelque deux millions de morts entre 1975 et 1979, ni participé à la libération du pays, a-t-elle ajouté.

"Rainsy a eu de meilleures opportunités pour poursuivre son éducation alors que Hun Sen à arrêté ses études pour rejoindre le mouvement de libération dans les années 1970".

Source : AFP

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