A La Provence, Bernard Tapie attendu de pied ferme

  • Des journalistes à l'entrée du quotidien La Provence le 20 décembre 2012 à Marseille
    Des journalistes à l'entrée du quotidien La Provence le 20 décembre 2012 à Marseille AFP/Archives - Anne-Christine Poujoulat
  • Bernard Tapie à son arrivée le 10 juillet 2013 à iTélé à Paris
    Bernard Tapie à son arrivée le 10 juillet 2013 à iTélé à Paris AFP/Archives - Fred Dufour
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AFP

Les salariés de La Provence devraient en apprendre un peu plus mardi sur les projets de Bernard Tapie pour leur journal, à l’issue d’un CE extraordinaire en présence de l’homme d’affaires.

Les questions sont nombreuses dans une rédaction plongée dans l'incertitude. Elles portent d'abord sur le développement du titre, car sept mois après son acquisition par M. Tapie de concert avec la famille Hersant, les journalistes déplorent un certain immobilisme.

Certes, les têtes ont changé, avec l'arrivée début avril comme directeur de rédaction d'Olivier Mazerolle, ancien directeur de l'information à RTL et France 2 et ex éditorialiste à BFM.

Mais dans les faits, "nous ne voyons rien de concret", regrette le Syndicat national des journalistes. Début juillet, le SNJ avait ainsi accusé d'"inertie coupable" la direction du groupe, qui aurait repoussé "à la rentrée" les projets (refonte du journal, investissement portage, commercial, régie publicitaire, site internet valorisé et payant).

Bernard Tapie étant désormais seul à la barre, puisqu'il doit devenir "actionnaire à 100% de La Provence", après sa séparation d'avec le Groupe Hersant Médias (GHM), la donne va-t-elle changer? Quid de l'investissement promis fin 2012 de 50 millions d'euros, dans le numérique et l'événementiel?, s'interrogent les syndicats.

Autre point crucial, qui sera abordé à l'occasion du CE à 15H, avant la tenue d'un conseil d'administration à 16H15 et d'un comité de groupe à 16H30: l'ouverture d'une clause de cession, qui apparaît inévitable dès lors que l'ancien député et ministre monte à plus de 50% du capital.

Dans une rédaction plutôt jeune et un contexte économique difficile, le nombre de départs ne devrait pas être élevé, avancent certains.

Démêlés judiciaires

Les démêlés judiciaires de Bernard Tapie seront aussi, immanquablement, au centre des discussions: sa mise en examen dans l'enquête sur l'arbitrage controversé de son litige avec le Crédit lyonnais, et surtout la saisie d'une partie de ses biens ordonnée par les juges.

Ce rebondissement avait aussitôt suscité l'inquiétude de M. Mazerolle. "Nous souhaitons que l'actionnaire ne soit pas empêché de fournir à La Provence les subsides dont elle a besoin pour son développement", avait-il écrit dans le journal.

Du côté éditorial, la Société des journalistes (SDJ) souligne qu'elle restera vigilante, même si elle n'a pas détecté à ce jour de "problèmes majeurs".

"Il reste très préoccupant qu'un homme qui occupe autant le champ politique et médiatique soit propriétaire du journal, cela ne peut que nuire à l'indépendance de la rédaction", confie toutefois un journaliste, sous couvert d'anonymat.

"Ce n'est pas un actionnaire comme un autre, c'est quelqu'un de très envahissant", ajoute-t-il, tout en s'inquiétant de ses possibles ambitions pour les municipales de 2014.

En annonçant le rachat d'une partie de La Provence, Bernard Tapie avait relancé fin 2012 les spéculations sur son retour en politique dans la ville phocéenne. Le 10 juillet, il a assuré qu'il ne se présenterait plus aux élections, mais dans le même temps il s'est dit prêt à s'impliquer, aux côtés des radicaux, dans des réunions publiques à Marseille, sa ville de coeur, pour faire baisser le Front national.

"Rien n'exclut qu'il se présente en sauveur contre le FN", souffle un membre de la rédaction.

La Provence et ses filiales, qui sont bénéficiaires, emploient 800 collaborateurs, dont 200 journalistes. Ses douze éditions sont diffusées à 115.000 exemplaires, à Marseille, mais aussi dans l'ensemble des Bouches-du-Rhône, le Vaucluse et les Alpes de Haute-Provence.

Mercredi, c'est l'avenir de Nice-Matin qui sera évoqué à son tour lors d'un CE, le quotidien azuréen restant lui dans le giron de GHM, tandis que Corse-Matin reste détenu à 50/50 par La Provence et Nice-Matin.

Source : AFP

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