Réforme pénale: après le clash, Manuel Valls affiche l'unité

  • Ayrault a assuré qu'il n'y avait qu'une ligne au gouvernement
    Ayrault a assuré qu'il n'y avait qu'une ligne au gouvernement POOL/AFP - OP
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AFP

Sur "une seule ligne" et "main dans la main" avec Christiane Taubira, Manuel Valls a tenté mercredi d'éteindre le feu allumé la veille par la révélation de ses désaccords avec la ministre de la Justice sur une réforme pénale qui, selon le Premier ministre, sera bien présentée en septembre au Conseil des ministres.

"Il y a une seule ligne, celle définie par le président de la République. Nous allons continuer à travailler avec Christiane Taubira main dans la main", a affirmé le ministre de l'Intérieur à Marseille, où il était venu évoquer la lutte contre le trafic de drogue.

"Elle et moi nous voulons éviter de retomber dans l'opposition classique entre garde des Sceaux et ministre de l'Intérieur", a-t-il ajouté devant la presse, précisant avoir eu la veille au soir une conversation téléphonique avec Christiane Taubira.

En début de matinée sur RTL, il avait jugé "normal" qu'il y ait sur ce sujet d'importance un "débat", lequel n'avait certes pas vocation à se retrouver sur la place publique.

"Nous sommes dans un processus de discussion qui est normal", avait insisté M. Valls, affirmant qu'il n'était pas à l'origine de la fuite, la veille dans Le Monde, d'une note très critique où il réclame l'arbitrage de François Hollande.

Le ministre de l'Intérieur y tacle l'avant-projet de réforme tant sur la forme que sur le fond, notamment la suppression des peines-planchers pour les récidivistes et l'aménagement automatique de certaines peines de prison.

"La Justice et l'Intérieur doivent travailler ensemble au service des Français pour être efficaces", a-t-il martelé,excluant toute démission, tant de sa part que de celle de la ministre de la Justice.

"Qu'il y ait débat c'est normal (...) ce qui est important c'est que les Français aient confiance dans les décisions que nous prendrons", a également redit devant la presse à Matignon Jean-Marc Ayrault.

"Ce qui sera présenté au Conseil des ministres en septembre, ça sera un projet de loi qui répondra à cette exigence d'efficacité de la justice", a assuré le Premier ministre, alors que nombre d'acteurs de la justice ne s'attendent plus guère à voir adopter avant les municipales de l'an prochain une réforme d'ampleur, déjà retardée.

Ce projet verra-t-il le jour? "Je l'espère, parce que sinon cela serait considérer que la situation que nous connaissons aujourd'hui est satisfaisante", a commenté sur France Inter le président PS de la commission des Lois de l'Assemblée nationale, Jean-Jacques Urvoas, en déplorant l'encombrement des juridictions et la surpopulation des prisons.

"Je pense qu'il n'y pas deux lignes, il n'y en a qu'une", a lui aussi assuré le Premier ministre.

"Force est de constater qu'aujourd'hui (...) 80% des personnes détenues en prison sortent sans accompagnement, sans mesure de suivi et nous avons constaté depuis dix ans une augmentation de la récidive", a expliqué M. Ayrault. Pour lui, "ce n'est pas la sévérité qui est en cause, elle doit être là la sévérité, mais ce qui compte, c'est l'efficacité".

L'opposition de droite a quant à elle continué de persiffler sur les désaccords médiatisés entre les deux ministres.

"François Hollande doit choisir: la sécurité des Français mérite mieux qu'un compromis boiteux", a estimé l'ancien ministre UMP Luc Chatel.

Michèle Alliot-Marie (UMP), qui fut ministre de l'Intérieur et de la Justice, a elle critiqué "la méthode" de Manuel Valls et Christiane Taubira et ironisé sur "l’inexistence du Premier ministre".

Source : AFP

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