Japon: polémiques autour du 68e anniversaire de la capitulation

  • Yoshitaka Shindo, ministre des Affaires intérieures (c), quitte le sanctuaire controversé de Yasukuni, le 15 août 2013
    Yoshitaka Shindo, ministre des Affaires intérieures (c), quitte le sanctuaire controversé de Yasukuni, le 15 août 2013 AFP - Yoshikazu Tsuno
  • Le Premier ministre japonais Shinzo Abe dépose une gerbe au cimetière militaire de Tokyo, le 15 août 2013
    Le Premier ministre japonais Shinzo Abe dépose une gerbe au cimetière militaire de Tokyo, le 15 août 2013 Jiji Press/AFP
  • L'empereur japonais Akihito (d) et l'impératrice Michiko se recueillent en mémoire des victimes de la Seconde Guerre mondiale, le 15 août 2013 à Tokyo
    L'empereur japonais Akihito (d) et l'impératrice Michiko se recueillent en mémoire des victimes de la Seconde Guerre mondiale, le 15 août 2013 à Tokyo AFP - Toru Yamanaka
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AFP

Rompant avec la tradition, le Premier ministre Shinzo Abe n'a exprimé jeudi aucun regret envers l'Asie pour les souffrances infligées par le Japon pendant la Seconde Guerre mondiale, lors d'un discours à l'occasion du 68e anniversaire de la capitulation nippone.

Dans un bref discours prononcé à Tokyo lors d'une cérémonie en présence de l'empereur Akihito et de l'impératrice Michiko, M. Abe s'est contenté de rendre hommage aux victimes du conflit et de souhaiter que la paix dure.

"Je n'oublierai jamais le fait que la paix et la prospérité dont nous jouissons actuellement découlent du sacrifice de vos vies", a déclaré M. Abe à l'adresse des Japonais disparus pendant la guerre du Pacifique. Et de simplement conclure: "nous allons faire de notre mieux pour apporter notre contribution à la paix dans le monde".

Depuis une vingtaine d'années, et M. Abe l'avait lui-même fait lors de son premier passage à la Primature en 2006-2007, les Premiers ministres profitaient de cette cérémonie de commémoration pour exprimer des remords pour les exactions commises à l'égard des populations voisines d'Asie.

Jeudi, juste avant cette allocution, des ministres de son gouvernement de droite s'étaient rendus dans un sanctuaire considéré par les voisins du Japon comme le symbole de son passé militariste.

Yoshitaka Shindo, ministre des Affaires intérieures, et Keiji Furuya, président de la commission nationale de sécurité publique avec rang de ministre, ont prié au Yasukuni.

"La consolation des âmes des victimes de guerre est une affaire purement nationale. Les autres pays ne doivent pas critiquer ou faire interférence", a déclaré M. Furuya en sortant, faisant référence aux habituelles critiques chinoises et coréennes sur ce genre de visite.

Quelque 90 parlementaires se sont aussi inclinés devant l'autel du sanctuaire.

M. Abe ne s'est pas rendu lui-même au Yasukuni, mais a fait déposer une branche d'un arbre sacré par un collaborateur.

Situé au coeur de Tokyo, le sanctuaire Yasukuni rend hommage aux quelque 2,5 millions de soldats tombés pour le Japon lors des guerres modernes. Sa réputation sulfureuse vient de l'ajout des noms de 14 criminels de guerre, condamnés par les Alliés après le Deuxième conflit mondial, noms qui ont été inscrits en 1978 en plus des autres âmes honorées.

Parmi ceux-ci figure celui du général Hideki Tojo, Premier ministre du Japon lors de l'attaque sur Pearl Harbor le 7 décembre 1941 qui précipita l'entrée en guerre des Etats-Unis.

Protégé par des centaines de policiers, le lieu de culte a aussi vu défiler des militants d'extrême droite qui arboraient des drapeaux appelant la population à rendre hommage.

Mais les Japonais sont aussi venus en famille, notamment des descendants de soldats tués pendant la Seconde guerre mondiale, dont la plupart se disaient pacifistes.

"Je suis absolument contre les guerres. Je suis venue pour consoler l'âme de mon père", a simplement dit Sumiko Iida, 69 ans, venue prier en tenue de deuil pour son parent, un docteur de l'armée mort sur l'île de Bornéo (Indonésie) pendant le conflit.

Masaaki Momose, 82 ans, a lui aussi prié pour son père et s'est dit opposé aux guerres. "Mais je pense que le Japon doit discuter de sa sécurité en détail, les Américains pourraient ne pas toujours nous protéger", a-t-il toutefois ajouté.

Depuis son retour au pouvoir en décembre, le "faucon" M. Abe a fait augmenter le budget militaire du Japon et a prévenu qu'il voulait amender la constitution pacifiste imposée au pays par l’occupant américain après la capitulation nippone de 1945, ce qui suscite des craintes dans la région.

Les relations du Japon avec ses voisins restent marquées par le souvenir des atrocités commises par les troupes impériales pendant la colonisation de la péninsule coréenne (1910-1945) et lors de l'occupation partielle de la Chine (1931-1945).

L'anniversaire de la capitulation nippone intervient cette année dans un contexte sino-japonais tendu depuis que le Japon a nationalisé, en septembre dernier, une partie des îles Senkaku en mer de Chine orientale.

Ces îlots inhabités administrés par Tokyo sont revendiqués par Pékin sous le nom de Diaoyu. Des navires gouvernementaux chinois croisent régulièrement dans la zone, non loin de ceux des garde-côtes japonais, ce qui fait craindre aux observateurs un éventuel incident armé entre les deux puissances asiatiques.

Source : AFP

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