Syrie: avant la rentrée, les parents appréhendent des frappes

  • Des enfants chrétiens syriens essaient des uniformes dans une école catholique de Damas, le 8 septembre 2013
    Des enfants chrétiens syriens essaient des uniformes dans une école catholique de Damas, le 8 septembre 2013 AFP - -
  • Un jeune syrien choisit un sac d'école dans une boutique de Damas, le 8 septembre 2013
    Un jeune syrien choisit un sac d'école dans une boutique de Damas, le 8 septembre 2013 AFP - -
  • Des Syriens achètent des fournitures scolaires dans une école catholique de Damas, le 8 septembre 2013
    Des Syriens achètent des fournitures scolaires dans une école catholique de Damas, le 8 septembre 2013 AFP Photo - -
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AFP

"Les écoles ouvriront-elles"? A une semaine de la rentrée scolaire en Syrie déjà fortement perturbée par la guerre, Mouaffaq, père de deux enfants, s'alarme d'un possible report des classes face à la menace de frappe américaine.

Dans un pays où, selon l'Unicef, près de 40% des jeunes entre 6 et 15 ans ne vont plus à l'école, les établissements de la capitale restent relativement épargnés, même si beaucoup ont été transformées en abris pour les déplacés venus des banlieues théâtre d'affrontements.

Comme beaucoup de familles avant la rentrée le 15 septembre, Mouaffaq est venu avec son épouse, son fils et sa fille acheter les fournitures scolaires dans le célèbre souk populaire de Hamidiyé, au cœur de Damas.

"Avec la menace de guerre venue des Etats-Unis, Dieu sait ce qui adviendra, les écoles peuvent très bien fermer", déplore-t-il.

Le Congrès américain doit débattre la semaine prochaine d'une éventuelle intervention militaire, soutenue par le président Barack Obama qui accuse le régime d'une attaque à l'arme chimique le 21 août près de Damas ayant fait des centaines de morts.

"On s'inquiète bien sûr pour les écoles", confirme Nouhad, voile blanc, la trentaine et mère de trois enfants. "Cela dépend des régions, nous par exemple, nous habitons près d'une cible potentielle à Damas, donc ce n'est pas très rassurant", ajoute-t-elle, sans plus de détails.

Dans l'une des ruelles de Hamidiyé, véritable dédale d'échoppes d'articles en tout genre, les familles se pressent devant les petites boutiques à la recherche de prix abordables, cette année étant marquée par une hausse des prix généralisée.

"Beaucoup de parents sont dans l'expectative d'une frappe, d'autres disent déjà qu'ils ne vont pas envoyer leurs enfants à l'école si les choses empirent", indique Ahmad, un des vendeurs de la rue Meskiyé, en arrangeant des paquets de feutres sur son comptoir.

Depuis que la guerre s'est installée dans la région et les quartiers périphériques de la capitale, des Damascènes affirment avoir inscrit leurs enfants dans des établissements plus proches de leur lieu de résidence.

"Cela fait deux ans que Damas côtoie la guerre, mais la peur est que la guerre ne s'étende et que les écoles ne s'arrêtent", admet Mahmoud Sobhiyé, qui vient d'acheter à son garçon un paquet de crayons mine.

Selon l'Unicef, plus de 3.000 écoles (2.000 selon les autorités syriennes) ont été détruites ou endommagées depuis le début du conflit en mars 2011, et environ 900 sont occupées par des familles déplacées qui ont fui les violences.

"Dans ma classe, on se met désormais à trois sur un banc au lieu de deux", affirme Lamis, une élève de 7 ans venue acheter trousse et crayons à Hamidiyé.

"Et les maîtresses qui viennent de loin sont parfois en retard", ajoute la fillette d'un air espiègle.

Interrogé par l'AFP, l'adjoint du ministre de l'Education, Farah al-Motlaq, a affirmé que des instructions avaient été données pour "accueillir tout enfant déplacé dans les écoles de Damas".

Soulignant la nécessité d'"éloigner l'éducation de la crise", il a indiqué qu'aucune mesure spéciale n'avait été prise en raison de la menace de frappe.

Flambée des prix

Le ministère a revanche demandé aux écoles de ne pas être trop strictes en termes de fournitures et d'habits scolaires, en raison de la flambée des prix, qui, parallèlement à la perspective d'une intervention militaire, angoisse les parents.

"Je n'ai encore rien acheté à ma fille, je regarde seulement, c'est hors de prix", s'écrie Salma, en jetant un regard noir à un vendeur au visage impassible.

"Ce n'est pas de notre faute", rétorque ce dernier. "C'est du vol", lance un autre acheteur.

"Les prix ont quadruplé", affirme Ahmad, le commerçant. "Il y a la dévaluation de la livre syrienne par rapport au dollar, mais c'est aussi parce que des usines où sont fabriqués les cahiers ont été détruites en province".

"Les routes étant dangereuses entre Damas et sa région, le conducteur transportant la marchandise demande le quintuple du tarif d'avant", explique-t-il, en précisant avoir constaté une baisse de 20% du nombre d'acheteurs par rapport à 2012.

Beaucoup de parents affirment en effet ne vouloir acheter que le nécessaire. "Avant, j'achetais les cahiers par douzaine, maintenant, je vais attendre la demande du professeur", déclare Farah, femme au foyer et mère de deux garçons.

Mais Maha, également femme au foyer, est déterminée à choyer ses enfants: "Ils entendent les bombardements et on ne sort plus comme avant, je ne peux rien leur refuser".

Source : AFP

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